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La communication gouvernementale covid, objet d’un débat grand public

Publié le : 26 novembre 2020 à 11:03
Dernière mise à jour : 26 novembre 2020 à 15:26
Par Bernard Deljarrie

« Il faut révolutionner la communication publique (...) pour construire une meilleure implication et adhésion des citoyens », « Le temps est venu de repenser la réorganisation, le positionnement et le fonctionnement de la communication au sein des appareils étatiques et gouvernementaux ». Le plaidoyer percutant, publié dans Le Journal du Dimanche, illustre l’entrée de la communication gouvernementale dans le débat public portée par la parole présidentielle sur la crise sanitaire.

La critique de la communication gouvernementale en cette période de pandémie est sans appel dans la tribune publiée le 21 novembre par le JDD, hebdomadaire grand public. Arnaud Benedetti, professeur associé à l'université Sorbonne-Paris IV, Arnaud Dupui-Castérès et Jacky Isabello, directeurs d’agence de communication, y dénoncent « une communication d'un autre temps, une communication de défiance, une communication de forteresse assiégée, une communication bien plus a-démocratique que responsable et rationnelle ».

Cette communication gouvernementale, selon les auteurs, a suscité d'abord l'impression d'un pouvoir cherchant plutôt à se protéger des humeurs de l'opinion qu'à créer un lien de confiance argumenté et mature avec les Français. Dès lors, la communication est pour partie responsable d’avoir « surinfecté le déficit de confiance déjà existant entre gouvernants et gouvernés, administrations et administrés, souverain et peuple ».

Déni, défaut de transparence, dépréciation de la citoyenneté

Trois erreurs ont vicié l'expression politique : le déni, le défaut de transparence, la dépréciation de la citoyenneté, expliquent les auteurs. Un rappel utile des errements possibles de toute communication publique.

Le déni, qui conduit à s'accrocher à un statut d'infaillibilité du pouvoir, et le défaut de transparence, qui oublie que l’offre médiatique permet au citoyen de décrypter les discours, « traduisent enfin une vision dégradée de la citoyenneté comme si le libre arbitre, l'esprit critique, l'aptitude au discernement étaient des notions réservées prioritairement à ceux qui sont habilités à diriger. Cette “infantilisation”, maintes fois dénoncée, dont l'attestation de circulation signe en pratique la persistance, concourt à une dissonance inefficace et inopérante sur le plan communicationnel mais désapparie toujours plus le lien du citoyen aux institutions ».

Faisons nôtre la conclusion de ce plaidoyer : « L'acceptabilité ne s'impose pas, elle se négocie et se co-produit. C'est l'éthique de la démocratie qui l'exige et ce faisant, cela devrait être celle de la communication si celle-ci était enfin prise au sérieux. »