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Vite, trop vite ? Ralentissons

Publié le : 15 janvier 2018 à 15:21
Dernière mise à jour : 7 mars 2018 à 17:15
Par Marc Cervennansky

Et si nous commencions l’année plus lentement ? Toi, elle, lui, moi… Nous sommes tous pris dans la spirale du “toujours plus vite”. Parce que les outils nous le permettent… ou nous l’imposent. Et si nous reprenions le contrôle ?

Par Marc Cervennansky

Une info chasse l’autre, un nouveau produit remplace un modèle devenu soudain obsolète alors qu’il était génial il y a peu encore - iphone 7, 8 9 dans mon panier neuf … - Nous sommes encouragés, incités à aller plus vite, consommer plus vite, jeter plus vite.

Depuis quelques temps, des plateformes d’e-commerce incitent à payer un peu plus cher pour recevoir ses produits en 24 heures. Livrer plus vite pour encourager à consommer plus.

Imaginons un produit qui peut être envoyé dans un délai de 3 semaines. Cela donne le temps de réfléchir. En ai-je vraiment besoin ? En ai-je besoin tout de suite ? La livraison en 24 heures évite de se poser ces questions. La tentation de l’obtenir très vite, de répondre à un stimuli immédiat ….

Recevoir un produit de plus en plus rapidement me fait penser à un enfant qui piaille pour avoir un jouet tout de suite, et qui fait une crise s’il n’obtient pas satisfaction. Le commerce encourage ces caprices : ne réfléchissez pas, achetez tout de suite pour être livré tout de suite.

Une incitation à l'impatience

À peine la frénésie des achats de Noël terminée voici que se profile la période des soldes. Et c’est reparti pour les affaires à saisir le plus vite possible.

Nous sommes incités à devenir impatients, à consommer de manière immédiate et effrénée. Nous n’allons plus dans notre agence bancaire : nous effectuons des démarches immédiatement en ligne sur le site web de la banque. Tant pis pour les relations humaines et l’échange. Ok, le banquier n’est peut-être pas le meilleur exemple.

Le service public n’est pas épargné non plus. Des démarches sont de plus en plus dématérialisées. Tant mieux. Nous nous affranchissons plus vite de procédures parfois fastidieuses et ce plus facilement et à n’importe quelle heure. Tant pis en tout cas pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les outils numériques ou qui n’ont pas les moyens de le faire. Tant pis également pour l’oreille attentive qui aurait pu peut-être démêler un problème difficilement traduisible via un formulaire en ligne.

Décollons le nez de nos écrans

Vous lisez la prose d’un responsable de communication numérique qui prône moins de numérique. Paradoxal, non ? Pas sûr. La course à la vitesse concerne la consommation, les services et aussi, depuis un moment déjà, l’information. Pris dans la spirale de la digitalisation des services et de l’information - la fameuse transformation numérique dont on nous rabâche les oreilles - nous devons faire face à l’infobésité qui dévore nos concitoyens pour tenter de capter quelques minutes de cerveau disponible.

D’où la pression pour publier souvent, fréquemment, notamment sur les réseaux sociaux. Il s’agit de se glisser dans des interstices d’attention. Ou comment intéresser en seulement 15 secondes l’habitant de ma commune sur un projet urbain, entre un post facebook de chaton, une super promo de vente privée en ligne et le dernier bad buzz d’une star de télé réalité. Sans parler de la tentation de publier aussi des contenus légers et anodins pour flatter l’égo de nos concitoyens : ho la belle photo de coucher de soleil prise par un habitant de la commune.

Et si en 2018 nous décollions un moment le nez de nos écrans ? La limitation de vitesse vient de passer à 80 km/h sur les routes secondaires : pourquoi ne pas ralentir aussi sur les autoroutes de l’information, pour prendre le temps de voir plus loin et donner davantage de sens et de pertinence à nos actions ?

Marc Cervennansky
@Cervasky