Le Haut Conseil à l’égalité sensible à la montée du masculinisme sur les réseaux sociaux
Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes accompagne la publication de son 6e état des lieux annuel du sexisme en France d’une nouvelle campagne « Faisons du sexisme de l’histoire ancienne ! », qui illustre le rôle du numérique dans la persistance des réflexes sexistes.
« Vous pensez que les temps ont changé ? » questionne le spot de la campagne entre des images d’hommes répondant à un micro-trottoir sur les violences conjugales dans les années 1970 et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux en 2023. Cette mise en regard des archives de l’INA et des publications TikTok ou Instagram montre que, cinquante ans après, les discours sexistes des années 1970 banalisant les violences sexuelles et conjugales sont toujours présents, avec le numérique pour caisse de résonance, en particulier auprès des jeunes. « Parmi les hommes de moins de 35 ans, on observe un ancrage plus important des clichés “masculinistes” et une plus grande affirmation d’une “masculinité hégémonique” qu’ils semblent percevoir comme une valorisation de leur genre », souligne le 6e rapport du HCEFH, chiffres à l’appui. « 23 % des 25-34 ans considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter (contre 11 % en moyenne) », selon le Baromètre sexisme Viavoice/HCE de janvier 2024.
Un décalage entre prise de conscience et persistance des réflexes sexistes
Pourtant « 88 % des Françaises et Français sont révoltés qu’un homme gifle sa conjointe », rapporte l’étude. « Paradoxalement, la population est de plus en plus consciente et tolère de moins en moins les violences sexistes et sexuelles. » Le rapport montre bien le décalage entre cette prise de conscience et le maintien des stéréotypes qui continuent de forger les mentalités et les comportements. Face à ce constat, le HCEFH appelle à agir sur trois leviers : la famille, l'école et le numérique, et formule trois recommandations : éduquer, réguler, sanctionner.
La compublique du département des Côtes-d’Armor donne l’exemple.
Quelques jours après la publication du rapport du HCEFH, le département des Côtes-d’Armor a signé une charte d’engagement pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Cette signature marque sa volonté de suivre les recommandations du guide pratique du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes actualisé en 2022. Un engagement concrétisé le jour même par la dispense d'une formation pour une communication plus inclusive auprès des élues et élus du conseil départemental et également proposée au personnel de la collectivité.
Lancée dans le cadre de la première Journée nationale officielle de lutte contre le sexisme du 25 janvier, la campagne « Faisons du sexisme de l’histoire ancienne ! » a été déployée en 30 secondes à la télévision, en digital en 40 secondes, et à la radio avec un spot de 30 secondes qui reprend l’audio des vidéos. « Conçue par l’agence BETC et diffusée gracieusement par France Télévisions, TF1, Radio France et RTL, très largement reprise sur les réseaux sociaux (plus d’1 million de vues sur Instagram), elle a eu un impact considérable », explique le HCEFH. « Ces images chocs soulignent à quel point le sexisme n’est pas de l’histoire ancienne comme nous le souhaiterions ! »