Les agents municipaux, héros de cinéma…

Les municipaux étaient déjà les « héros » malgré eux des sketchs et de la série télé des Chevaliers du Fiel. Ils sont désormais les stars de leur film. Le long-métrage rassemble tous les ingrédients de la caricature du monde municipal : une ville suréquipée à la structure surdimensionnée (588 employés municipaux pour 4 200 habitants) au bord de la faillite, un maire par très net obligé d’embaucher un nouvel agent pour masquer un accident, un syndicaliste chevronné et des agents tire-au-flanc pour l’intégrer, et même une grève suite à l’arrivée d’un énarque venu redresser la situation…

Une fiction en tout point ou presque : « La balayeuse qui tombe à l’eau, c’est vraiment arrivé », nous confie Jean-Francois Camrrubi, chargé de communication de Port-Vendres. C’est dans cette (vraie) ville portuaire d’Occitanie – dont le maire est un ami d’Eric Carrière, l’un des deux membres des Chevaliers du Fiel - que se déroule l’action du film. « Nous avons cohabité pendant deux mois avec l’équipe de tournage. Les services techniques étaient très impliqués », explique le chargé de com. « Nous avons bousculé l’organisation des services pour les accueillir pendant une semaine lors du tournage dans les locaux de la mairie » La municipalité et ses agents ont joué le jeu jusqu’au bout avec un vrai sens de l’autodérision, notamment quand les rues sont recouvertes d’ordures pour simuler une grève des agents de collecte. « On le prend au deuxième voire au quatrième degré. Des agents ont tourné dans le film dont un "gilet jaune" qui a joué 10 jours pendant ses congés. Même un élu a participé », précise Jean-Francois Camrrubi qui apparaît lui aussi à l’écran en tant que figurant. « Même s’il les égratigne, ce sont les agents les héros du film. » ajoute-t-il en soulignant l’humour bienveillant du film.

À l’approche de la saison touristique, le film est une aubaine pour cette ville côtière. « Grâce aux Chevaliers du Fiel on a pu atteindre des médias nationaux ». Aux côtés de la presse locale, la presse nationale s’est déplacée pour les projections en avant-première et une émission tournée dans la ville a été diffusée en prime-time sur C8 le samedi 21 avril. Support de promotion du film, le gilet jaune floqué du nom de Port-Vendres visible sur l’affiche s’est même retrouvé sur le dos de Michel Drucker. « Le film donne une très belle image de la ville. Plus de gens vont venir, ça nous a placé sur la carte. Avant on disait que Port-Vendres était à côté de Collioure. Maintenant on va dire que Collioure est à côté de Port-Vendres. »

A l’ère du fonctionnaire bashing, le film prend le parti d’en rire. Une autodérision revendiquée par certains des premiers concernés, comme les agents de Port-Vendres et d’autres communes d’Occitanie invités aux projections en avant-première dans la région « J’espère que cette caricature rend les municipaux sympathiques et nous rapprochera encore plus des habitants », explique une employée municipale de Labège à La Dépêche. L’intention affichée est effectivement empreinte de bienveillance avec l’idée que ces travers attribués aux fonctionnaires (optimisation des RTT, employés tire-au-flanc, etc.) sont aussi ceux de l’ensemble de la société.

Jouer avec les clichés, est-ce vraiment une bonne idée ? En tout cas, ça en donne, des idées, aux communicants qui œuvrent à l’interne et à l’externe pour redorer l’image des agents et du service public. La ville occitane de Fonsorbes mène par exemple depuis mi-avril une campagne d’affichage valorisant ses agents municipaux, pied de nez amical au film des Chevaliers du Fiel. La ville normande de Gisors a elle choisi de parodier le film en lançant une campagne intitulée « Merci les municipaux ! ».