Réunion régionale à Mayotte : débats et remise de prix font l'événement
Le 21 décembre dernier, Cap’Com organisait une réunion régionale dans un territoire de l’outre-mer, à Mamoudzou, capitale économique du département de Mayotte. Les vingt-cinq participants ont généré un débat intéressant et constructif, souhaitant même se retrouver à nouveau en créant un réseau local de la communication publique.
En fin de matinée, les participants se sont retrouvés à l’invitation de Cap’Com dans une salle de l’hôtel du département de Mayotte, qui accueillait cette réunion.
L’ordre du jour prévoyait bien entendu un tour d’horizon de l’actualité de la compublique, mais aussi une présentation du Baromètre Epiceum Harris interactive de la communication locale : une belle occasion pour les communicants présents de participer à une rencontre avec le réseau national sans avoir à partir en métropole.
Les contenus de cette étude ont suscité de nombreuses réflexions, notamment sur la sophistication des outils et les moyens engagés par les collectivités locales. Car la situation diffère à Mayotte. « Nous vivons des situations bien différentes et les exemples que donne le réseau sont souvent des actions idéales, loin de nos réalités », entendait-on.
Quelles sont-elles, justement, les réalités de ce territoire ? Venant de villes moyennes comme Chiroungui dans le sud ou de Mamoudzou même, des agences de développement, de tourisme, du centre hospitalier ou de l’université, des directions départementales du livre et de la lecture publique ou de directions chargées des affaires européennes, les professionnels présents ont débattu et fait ressortir plusieurs préoccupations.
Adapter les canaux de com aux publics
En premier lieu, ce qui est apparu, c’est le besoin d’adapter les communications en fonctions des publics. Certains ont même précisé qu’ils devaient mettre en œuvre autant de canaux qu’ils avaient de cible : ce qui commence par le bouche-à-oreille et finit par les réseaux sociaux. En ce sens, on peut dire que Mayotte est source d’innovation dans la combinaison de tous ces supports, du plus archaïque au plus sophistiqué. Un point qui d’ailleurs avait été repéré dans l’attribution du Grand Prix Cap'Com de la catégorie communication culturelle 2022 à la ville de Mamoudzou. Les communicants mahorais ont à l’évidence développé une véritable agilité face à des publics qui parlent des langues différentes (français, mahorais, bushi et arabe) et qui ont un rapport à la lecture différent, avec de vraies difficultés.
Trophée remis à Mamoudzou
Dans le prolongement de cette réunion régionale, le délégué général de Cap’Com a changé de collectivité pour être reçu officiellement à midi trente à l’Hôtel de Ville de Mamoudzou où l’attendait Dhoul Mahamoud Mohamed, premier adjoint en charge de la culture, et de nombreux membres de services concernés, ainsi que les sponsorts de l’action récompensée, afin de célébrer la remise du Grand Prix Cap’Com 2022 à cette ville dans la catégorie Com culturelle pour le festival Sanaa. Sur place, des journalistes insulaires ont posé de nombreuses questions sur les qualités du dossier présenté qui lui ont permis d’être distingué. Sans surprise, le représentant du réseau a pu redire que le jury avait souhaité récompenser l’efficacité, le pragmatisme et l’innovation de cette campagne, qui avait notamment su encadrer la mise à contribution d’influenceurs du web.
Cette inventivité et ce pragmatisme vont loin : « Nous souhaitons interroger la population mahoraise sur la manière dont elle aimerait être informée » (Cap’Com a naturellement demandé à connaître le résultat de cette consultation). Mais ils se heurtent également à une quasi absence de stratégie de communication « sauf depuis les dernières élections où nous avons enfin vu quelques ambitions apparaître ». Ce deuxième point a fait l’objet de nombreux échanges, convergents.
Un troisième point a également été repris par plusieurs intervenants : celui de la fiabilité des données, des informations. Car, curieusement, à Mayotte, la question de la lutte contre les infox pourrait bien concerner plus l’Insee que les réseaux sociaux. Dans ce territoire en pleine explosion démographique, un des sujets de mécontentement au sein des collectivités est le décalage entre les chiffres publiés, qui dirigent les politiques publiques, et la réalité apparemment sous-estimée.
Pour conclure, un quatrième sujet a fait débat : celui du rapport entre tradition et modernité, moyens de com vernaculaires et outils contemporains, usages anciens et changement. Comment par exemple prévenir efficacement une personne isolée dans la mangrove sur un risque naturel ? À Chirougui par exemple, le dircom n’a pas hésité à collecter directement les numéros de portables, souvent détenus par des jeunes habitants, à qui il envoie des infos directement et qui pourront les répéter à leurs aînés isolés. Anaïs Alihamidi, du département de Mayotte, a bien résumé cette dernière série d’interventions : « Nous innovons à partir de nos traditions et pouvons même offrir de nouveaux modèles ».
Les participants ont apprécié ces deux heures de rencontre et d’échanges entre professionnels de la compublique à Mayotte, au point que plusieurs d’entre eux ont convenu de créer localement un réseau pro afin de pouvoir renouveler cette expérience enrichissante.
Au final, et curieusement, ce ne sont pas les dernières actualités sur les violences dans l’île qui ont fait sujet lors de cette rencontre, ni les questions de départementalisation ou de lutte contre l’immigration clandestine, mais bien des thématiques métier en compublique. Les communicants publics mahorais sont soumis à rude épreuve, mais ils n’en perdent pas de vue leurs objectif.