Pages de com : « Dictionnaire du numérique » sous la direction de Marie Cauli, Laurence Favier et Jean-Yves Jeannas

Disons-le simplement, l’incroyable évolution numérique provoque des changements si larges et si puissants que nous ne pouvons pas encore les mesurer. On n’en saisit pas l’impact profond. Nous avons déjà évoqué ici des essais qui mettent en lumière ses aspects culturels ou psychosociaux, des ouvrages portant sur l’utilisation des outils numériques, des publications pratiques sur l’optimisation de tel ou tel réseau social. Mais il fallait sans doute prendre plus de hauteur, avec un regard pluridisciplinaire, transversal, sociétal, pour essayer d’embrasser d’un coup la portée de cette mutation que nous vivons tous, mais au ras des tablettes, smartphones et autres terminaux. Il fallait également de la modestie, l’envie de faire une synthèse tout en sachant qu’elle devrait rester vivante. Le choix du format « dictionnaire » est d’ailleurs à la fois une façon de rendre accessible mais aussi une structure un peu figée. C’est pour cela que les auteurs l’ont imaginé évolutif, parce qu’il faut bien poser des bases, cartographier, inventorier… et commencer quelque part.

Marie Cauli, de l’université d’Artois, a mis toute son énergie à faire converger dans ces pages l’expertise de ses collègues : « En mobilisant un réseau de conférenciers sur toute la France (et au-delà) sur des disciplines très différentes, des praticiens, des professeurs reconnus, c’est un large panel de compétences complémentaires et utiles », nous déclare-t-elle. Elle poursuit : « C’est une première vue des domaines impactés. Moi-même, en travaillant sur le dictionnaire, j’ai découvert des choses, par exemple dans le domaine militaire. » Pour Point commun, elle revient sur ses motivations : « On observe une montée en puissance : depuis une trentaine d’années il y a des transformations radicales de la société, mais qu’on perçoit mal dans notre quotidien, comme les démarches administratives sur internet. » Avec ses co-auteurs, elle s’est attelée à cette tâche difficile de devoir penser globalement tous ces sujets que nous imaginons connaître, maîtriser, alors qu’il est très difficile d’en mesurer l’effet à long terme, sur les relations notamment, relations interpersonnelles, relations avec les organismes, relations avec notre environnement. Nos cerveaux sont déjà en reconfiguration alors qu’ils ont du mal à penser ce changement même !