« En Belgique, la communication a démontré sa plus-value dans la gestion de la pandémie »
Impact de la pandémie sur le métier, articulation de la communication sanitaire entre institutions, et grands chantiers à venir. Comment nos homologues belges appréhendent cette période de crise ? Gaël Lecomte, nouvelle présidente de WB Com', le réseau des communicants publics de Wallonie et de Bruxelles, a répondu à nos questions.
Gaël Lecomte est chargée de projet en communication au sein du Service public de Wallonie. Journaliste de formation, elle pratique la communication publique depuis près de dix-huit ans à différents niveaux de pouvoir et institutions. Après avoir été administratrice de Wallonie Bruxelles Communication publique (WB Com’), association des communicants publics belges francophones, elle a pris la relève de Jacques Moisse à la présidence de l'association en décembre 2020.
Entre les réseaux WB Com' et Cap'Com, des liens tissés au fil des années Depuis près d'une vingtaine d'années, les deux réseaux de communicants publics ont tissé des relations étroites. L'association belge est représentée au sein du Comité de pilotage de Cap'Com par la participation de Joëlle Deglin, directrice de la communication du Service public de Wallonie. Les échanges d'expériences sont fréquents entre les communicants et nombreux sont ceux de Belgique qui sont présents chaque année au Forum Cap'Com, comme participants ou comme intervenants.
Cap'Com : Qu'est-ce que la pandémie a changé pour les communicants belges ?
Gaël Lecomte : Vaste question ! Comme pour la majorité d’entre nous, on peut dire que tout a changé depuis le début de la pandémie : les rapports aux médias, les rapports aux publics, l’organisation du travail… mais elle a surtout montré la capacité des communicants à se réinventer, à agir avec agilité et créativité, à être transparents et pédagogues pour atteindre tous les publics ! Il a fallu se réinventer tant en communication externe qu’interne pour d’un côté garder le lien avec les citoyens et de l’autre côté mobiliser les troupes sur les enjeux liés à la situation. La crise a prouvé la réelle nécessité d’une communication institutionnelle forte, professionnelle et coordonnée. Si certains en doutaient encore, le rôle de communicant public a démontré toute sa plus-value dans la gestion de la pandémie.
Cap’Com : Comment la communication sanitaire s'articule-t-elle entre les instances nationales, régionales et locales ?
Gaël Lecomte : Depuis le début de la crise sanitaire, la communication de crise est chapeautée par les instances fédérales qui ont créé directement une cellule « cell-info » rassemblant plus de 70 communicants des différents niveaux de pouvoir (gouvernements fédéral, régionaux, communautaires, et les institutions compétentes pour les différentes matières liées à la covid) afin de coordonner la communication et de ne parler que d’une seule voix sur les choix pris au niveau du Conseil national de sécurité.
Ce lieu de concertation est essentiel car il a mis en place énormément d’outils centralisés : un site web national, un call center, des conférences de presse, des campagnes multilingues (les supports ont été traduits en plus de 30 langues pour des communications les plus inclusives possibles), etc.
Malgré la complexité institutionnelle belge et les différences entre les communautés et régions, le réseau s’est mobilisé pour travailler dans un intérêt commun, pour l’intérêt commun.
Malgré les difficultés traditionnelles liées à la complexité institutionnelle belge et aux différences marquées entre les différentes communautés et régions, le réseau s’est mobilisé pour travailler dans un intérêt commun, pour l’intérêt commun. Le tout va être de poser rapidement les enseignements tant positifs que négatifs de la situation et de maintenir les liens collaboratifs et l’efficacité qui est ressortie de ces échanges.
Cap’Com : Quels sont pour vous les grands chantiers de la compublique pour 2021 ?
Gaël Lecomte : En 2021, plus que jamais, il va être essentiel de maintenir le lien avec les publics fragilisés, travailler à une communication toujours plus inclusive, être à l’écoute des usagers et aussi faire participer les citoyens pour les impliquer davantage dans la construction des projets publics.
La crise a masqué un temps le manque de confiance en les institutions au bénéfice de l’intérêt commun mais on voit déjà, aujourd’hui, que la méfiance revient en force et qu’il va falloir mobiliser de l’énergie pour rétablir cette confiance grâce, notamment, à des communications toujours plus claires, utiles et vraies.
Notre WB Com’ live du 11 juin prochain ouvrira le débat sur ces différentes thématiques essentielles.
Cap’Com : Quels sont les projets de votre réseau de communicants ?
Gaël Lecomte : Outre la continuité de nos rencontres de la communication publique (transposées pour le moment en WB Com’ live mais que nous espérons vite retrouver en présentiel), nous ambitionnons de développer plus largement notre offre de formation et de créer un pôle de consultance pour permettre à des structures publiques à faibles moyens de bénéficier de notre expertise et de nos conseils en communication publique. Et de manière générale, nous aspirons à continuer à échanger largement avec nos membres, avec des associations étrangères comme la vôtre, avec des usagers et des partenaires autour des métiers de la communication publique pour faire évoluer, toujours plus, notre secteur.