Les communicants numériques en phase avec les réalités du métier
C’est sous la bannière « Bienvenue dans le monde réel » que plus de 150 experts du web, des réseaux sociaux et de la communication publique se sont retrouvés lors des 15es Rencontres nationales de la communication numérique. Plongés dans une actualité effervescente, les participants se sont confrontés aux réalités du métier.
Être en phase avec les réalités du métier : c’est ce dont il a été question tout au long des Rencontres nationales de la communication numérique qui se sont déroulées les 21 et 22 septembre au centre de conférences Microsoft d’Issy-les-Moulineaux. Des réalités éthiques et technologiques, avec les enjeux posés par les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle, les transitions socio-environnementales ou encore les risques de cyberattaques. Réalités également d’un métier aux fondamentaux exigeants tels que la définition des cibles, l’expérience utilisateur, la qualité des messages et des créations, l'évaluation et les outils statistiques.
Dans un monde où la réalité – certes questionnée – passe par l’usage des outils numériques pour une majeure partie des publics, ces deux journées étaient l’occasion de prendre du recul pour faire le point, ensemble. Une parenthèse nécessaire pour discuter avec des experts et échanger sur les grands enjeux du moment, pour partager les expériences et renforcer sa maîtrise des outils, pour réfléchir au rôle du communicant numérique au service de tous les publics.
L’intelligence artificielle s’invite dans les pratiques, non sans poser de questions éthiques
Dans toutes les têtes, l’intelligence artificielle et ses impacts sur la communication publique étaient au cœur des réflexions. Des nombreux échanges qui se sont tenus lors de la conférence d’ouverture dédiée aux conséquences de l’intelligence artificielle sur le métier et de l’atelier sur les usages de l’IA pour améliorer son community management, une conclusion principale se dégage : l’intelligence artificielle ne remplacera pas la profession. Les avancées rapides en la matière ouvrent même des perspectives intéressantes aux communicants publics. À eux d’en tester les usages et de pratiquer avec raison pour s’en faire un allié.
Résumés de documents techniques, recherche de champs lexicaux, création d’images, assistants personnels, etc. : de nombreux participants ont admis se saisir des outils de l’IA pour gagner du temps et améliorer certaines tâches. Pour Estelle Dumout, « c’est sur les tâches du quotidien que l’IA apportera de la valeur ajoutée et une meilleure qualité du rendu ».
Attention à ne pas lui donner les clés du camion. Utilisez l’intelligence artificielle comme un outil !
Estelle Dumout
Pour autant, et comme le précise Patrice Razet, consultant en communication numérique publique, dans son bilan des Rencontres publié sur LinkedIn : « Les questions éthiques (comme celles des droits d’auteur, de la sécurité des données, de la fiabilité des informations ou encore de la prolifération des contenus à l’heure de la nécessaire sobriété) et celles liées aux moyens (détérioration des conditions de travail, intelligence artificielle comme alternative au recrutement) ont confirmé la nécessité de poser des règles préalables à une utilisation officielle. » Réfléchir à sa stratégie, définir quand et pourquoi utiliser les outils de l’intelligence artificielle dans le cadre d’une charte partagée en équipe par exemple : c’est l’une des conclusions auxquelles en sont arrivés les participants lors de l’atelier sur l’intelligence artificielle et le community management.
Les réseaux sociaux : un devoir pour la parole publique, à manier avec savoir-faire et stratégie
Autre sujet d’importance dans les pourparlers : les réseaux sociaux. Lesquels investir ? Selon quels codes ? Et surtout : faut-il y rester compte tenu des dérives possibles ? À cette dernière question, était dédiée la conférence de clôture durant laquelle Virginie Cuisinier, responsable communication online et marketing de recrutement à l’Agence du service civique, a réaffirmé l’utilité des réseaux sociaux pour toucher les cibles jeunes.
En complément, Romain Pigenel, directeur du développement des publics et de la communication d'Universcience (Cité des sciences et de l'industrie – Palais de la découverte), appelle les communicants publics à prendre la parole sur les médias sociaux pour remplir leur mission : toucher le plus grand nombre de citoyens. Selon lui, « sur les réseaux sociaux, il y a des communautés vraiment importantes avec des millions d’abonnés. Si les collectivités territoriales, les agences de l’État, les universités, les institutions scientifiques et médicales n’occupent pas le terrain, les sujets qu’elles doivent aborder seront traités par d’autres ».
La réalité, c’est que le public et les citoyens sont sur ces plateformes. Si demain ils s’en vont, il faudra les suivre.
Romain Pigenel
Et cette vision a été confirmée par les résultats de l’étude sur la présence des collectivités territoriales françaises sur les réseaux sociaux. Présentée par Franck Confino – fondateur de l’Observatoire de la #compublique numérique – et Jonathan Noble – CEO de Swello –, cette étude barométrique montre une augmentation non négligeable du nombre de collectivités présentes sur au moins un réseau social, entre 2018 et 2023. Après avoir détaillé les évolutions et stratégies – réseau social par réseau social –, les principaux enseignements sont les suivants :
- il faut toujours se demander pourquoi les citoyens vont sur tel ou tel réseau, et adapter la stratégie éditoriale idoine ;
- il importe d’animer les réseaux sociaux, avec différents axes de communication certes, mais il faut les animer pour partager avec les membres des communautés ;
- suivre une tendance ne suffit pas : il faut se donner les moyens de respecter et de bien utiliser les codes du réseau social en question.
Autant de recommandations et de bonnes pratiques qui ont été illustrées et mises à l’honneur lors de la cérémonie de remise des Hashtags 2023, qui récompensait cette année les meilleurs comptes Twitter des collectivités ainsi que les meilleures actions des collectivités locales sur les réseaux sociaux. Un temps de benchmark très utile pour les communicants numériques, comme le précise Delphine Diard, responsable de la communication à l’Agence bretonne de la biodiversité lors de son évaluation des Rencontres : « La cérémonie de remise des Hashtags est une vraie source d’inspiration. Il est très intéressant de voir que la communication publique a pleinement intégré les codes des réseaux sociaux, même lorsqu’il s’agit de rendre accessible une série de délibérations ou bien de valoriser les agents. »
Des Rencontres qui se nourrissent des échanges et contributions de toutes et tous
Que ce soit lors des débats et réflexions qui ont suivi les conférences stratégiques ou lors des ateliers méthodologiques dédiés aux outils et enjeux du moment (cybersécurité, éco-conception des sites web, méthodes du design thinking ou encore attractivité numérique des territoires), l’une des richesses de ces Rencontres réside bel et bien dans les échanges entre participants et intervenants. Les nombreux témoignages ont en effet apporté des contenus complémentaires aux différentes présentations. Partager trucs et astuces, réfléchir ensemble et échanger sur les pratiques métier, telle est la vocation de l’événement, comme le souligne un participant dans le questionnaire d’évaluation qui a été envoyé au lendemain de ces journées : « Des échanges concrets qui permettent de voir ce que les autres font et de noter des idées pour améliorer notre communication. » Des partages d’expérience et de bonnes pratiques qui ont permis aux communicants numériques d’affiner leurs feuilles de route pour les mois à venir : « De la théorie et de la pratique lors de ces Rencontres qui m'ont fait changer de point de vue sur certains sujets sur lesquels je vais sérieusement me pencher prochainement. »