Avec la com’vivencia, le Forum de Toulouse délie les langues
C’est un mot occitan, « convivencia », qui pourrait se traduire par « vivre ensemble ». Il était facile de jouer avec la com et de faire le lien avec nos métiers. Communiquer, c’est construire ce lien social indispensable et c’est notre profession qui cultive l’échange et l’art de négocier pour se comprendre. Le rendez-vous annuel des communicants publics, les 5, 6 et 7 décembre prochains, se devait de célébrer cette première étape toulousaine par un programme tourné vers l’humain et le collectif mais aussi vers les dernières technologies, à l’image de ce territoire.
Il y a des signes, des évolutions, des préoccupations, des mots-clés. Et ce n’est pas un hasard si c’est un mot d’origine espagnole qui vient en farandole sur l’affiche de cette 35e édition du Forum Cap’Com. La convivencia plonge son origine dans le Moyen Âge, vers le 11e siècle. Entre Castille et Andalousie, les villes, conquises et reconquises au gré des conquêtes religieuses et des luttes de pouvoir, formaient un espace troublé. Il était nécessaire de trouver des modalités permettant de vivre ensemble. C’était le règne de l’incommunication, telle qu’elle est définie par Dominique Wolton : « C’est parce que nous ne nous comprenons pas que nous cherchons constamment à communiquer, avec plus ou moins de succès. » Un personnage illustre cette période, le Cid (1), allant d’un camp à l’autre, nouant des relations partout. Comment vivre ensemble dans un territoire lorsque les cultures se heurtent ? Cette convivencia, établissant des règles pragmatiques, semble bien d’actualité, dans notre espace morcelé, tiraillé par la défiance, déstabilisé par les transitions qui s’imposent et les effets des crises.
La com’vivencia, c’est un concept vivant fait de tons vifs et de franches accolades.
C’est cette matière brute que le communicant public modèle au quotidien et par tous les médias, des plus directs ou artisanaux aux plus technologiques. Qu’importe, tant que le lien s’anime.
C’est aussi un territoire et un patrimoine qui ouvre grand ses portes : de la Garonne au dôme de la chapelle de la Grave à Toulouse, de la Cité de l’espace aux jalonnements de la croix occitane.
Négocier
Quel cadeau de la part de ce territoire occitan que de nous offrir ce mot en partage, après l’avoir intégré, chargé de sens ! Comme une main tendue de la langue d’oc à la langue d’oïl. Cap’Com le livre à son tour, légèrement habillé de com, pour ouvrir nos débats sur l’importance du lien et la puissance des relations humaines. Car ce sont bien là les compétences où nous sommes attendus. Les parties prenantes de la relation citoyenne sont hypersensibles, demandeuses, mais aussi dubitatives et critiques. Allô ! Y a-t-il un médiateur dans la salle ? Ce que nous pressentions dès 2018 au Forum de Lyon est advenu : nous négocions.
Les métiers de la communication sont des métiers de l’intelligence sociale et humaine, et ils ont un grand avenir.
Dominique Wolton
Nous négocions pour le compte de la démocratie contributive (voir interview du maire de Clermont-Ferrand), autour des défis des transitions socio-environnementales, pour maintenir le lien, épauler les représentants et contribuer à l’intérêt général. Dominique Wolton, qui interviendra en plénière d’ouverture, nous l’a dit récemment : « Les métiers de la communication sont des métiers de l’intelligence sociale et humaine, et ils ont un grand avenir. » Ce Forum sera l’occasion d’en explorer les différentes formes, en traitant d’accessibilité, de sobriété, d’inclusion, de simplicité, de confiance, de fidélisation, de responsabilité, d’intelligence collective ou d’engagement. Nous le ferons avec une grande variété de formats : ateliers et tables rondes, conférences hop, ateliers de développement personnel, tapis de paroles, conseils à la coque et même, c’est une première, un fablab qui ouvrira ses portes à trois reprises et qui mettra de l’expérimentation collective dans notre bouquet toulousain.
Discerner
Après le soin, mis en avant au Forum de Strasbourg, cette année sera celle du conseil. Pour aider à discerner le vrai du faux dans l’immense brouhaha médiatique. Même si les mutations numériques apparaissent sous un jour éminemment froid et technique, leurs implications sont bien humaines. Les questions qui se posent aujourd’hui et qui seront traitées au programme du Forum convergent vers les citoyens et la façon dont ils pourront faire preuve de discernement. Pour évoluer de façon autonome, il faut être lucide. Pour Kant, les « lumières » désignent la sortie de l’homme de son état de minorité (dépendance intellectuelle). On peut transposer cette réflexion dans le paysage médiatico-numérique, confronté aux hypertrucages, aux cyberattaques, aux intoxications de masse, aux propagandes étatiques. Et pour aider au discernement, la communication publique a un rôle primordial à jouer. Les communicants voient leurs missions changer, ils vont devoir utiliser l’intelligence artificielle, en gardant le contrôle, parce que l’humain doit avoir le dernier mot. Nous allons pouvoir interroger des intervenants au fait de ces questions afin de régler nos pratiques et nos méthodes, de nous adapter à un monde à cheval entre le virtuel et le réel. Que prescrire ? Que proscrire ?
La ville rose s’ouvre à nous
Notre œuvre de service public repose donc sur les épaules d’une profession qui a besoin de vivre ce Forum ensemble, en toute « com’vivencia ». Elle le fera les 5, 6 et 7 décembre 2023 à Toulouse, dans un territoire qui a prévu de déployer ses ailes roses pour accueillir au mieux son millier de participants, avec un nombre record de visites professionnelles. Parce qu’il y a beaucoup d’exemples de bonnes pratiques ici. Et comme cela fait trente-cinq ans que Cap’Com attendait d’y organiser le Forum, les sujets sont légion et l’envie est grande. Dès le mardi et jusqu’au jeudi, cette édition promet d’être dense et vivante. Communiquer, c’est aussi animer, donner vie, mettre en mouvement, alors passons aux travaux pratiques !
(1) Le Cid : un chevalier qui fut au service du premier roi de Castille, Sanche II, comme de l’émir de Saragosse, Yusuf al-Mutaman, avant d’être roi de Valence. Selon le tragédien Corneille, il alterne joutes et diplomatie, mais, à l’inverse d’un communicant, il ferraille, il recherche la gloire, il clive. En revanche, comme lui, il travaille l’image, il se positionne, il veut convaincre. Il est humain.
Les inscriptions sont ouvertes
Donnez-vous dès maintenant la chance de profiter du Forum Cap’Com de Toulouse. C'est simple et rapide : complétez votre demande en ligne. Au préalable, choisissez votre visite pro du mardi et définissez vos temps de présence (déjeuners et soirée). Vous recevrez votre convention de formation à nous retourner signée, accompagnée d'un bon de commande.
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