Changement du nom d’un lieu : les précautions à prendre
Les modifications inutiles de noms géographiques doivent être évitées et, en cas de création ou de changement de noms de lieux, certains critères doivent être respectés, prévient la Commission nationale de toponymie.
Le petit hameau de Moscou ne porte plus le nom de la capitale éternelle de la Russie. Le voilà rebaptisé en hameau de Kiev, le temps du conflit russo-ukrainien. Les habitants sont loin d’avoir apprécié ce changement, qui a suscité une pétition contre cette décision de leur municipalité de Tôtes, commune de 1 500 habitants, non loin de Dieppe. Mais les nouveaux panneaux, signalant le changement de nom du hameau, ont été installés.
La Commission nationale de toponymie, prenant exemple sur cette péripétie, en profite pour rappeler aux collectivités locales que les changements de noms doivent être autant que possible « consensuels », afin d’éviter une « instabilité dommageable ».
Voilà une instance publique dont on entend peu parler. Pourtant, la Commission nationale de toponymie a pour mission de contribuer à la conservation et au développement cohérent du patrimoine toponymique de la France. Elle siège auprès du Conseil national de l’information géographique, qui, lui, placé auprès du ministre chargé du Développement durable, conseille le gouvernement dans le domaine de l’information géographique.
Les noms de lieux ont principalement une utilité pratique, indépendamment des circonstances de toute autre nature
La Commission nationale de toponymie vient donc de rappeler que les noms de lieux ont principalement une utilité pratique pour désigner des lieux (territoires, sites, agglomérations, voies, places, monuments, etc.), indépendamment des circonstances de toute autre nature. L’usage vise à leur accorder une grande pérennité et une valeur patrimoniale.
Avant tout changement de nom d’un lieu ou recherche d’un nom pour un nouveau lieu, la commission recommande une démarche en fonction de plusieurs critères.
- Il faut en effet prendre en compte l’ancienneté du nom, sa résilience, indiquée par la durée de son usage continu, et sa rareté.
- Mais il faut aussi mesurer la capacité du nom à témoigner d’une réalité culturelle, géographique, historique, sociale ou autre qui est propre au lieu et qui joue un rôle important dans l’identité locale, régionale ou nationale.
- L’attractivité du nom est un élément à prendre en compte dans la mesure où elle correspond à l’intensité du sentiment d’appartenance lié à ce nom et au lieu qu’il désigne, et parce qu’il exprime la capacité du nom à inspirer à ses utilisateurs des idées ou des images fortes sans qu’elles se réfèrent nécessairement à des moments de l’histoire.
Il convient donc, en cas de création ou de changement de noms de lieux, de prendre toutes les précautions propres à prévenir des changements ultérieurs. Pour cela, selon les experts de la Commission, il est indispensable d’associer toutes les parties intéressées au processus de décision, et en premier lieu les citoyens concernés, en vue de recueillir le plus large consensus possible.