Dijon sous tension : témoignage de dircom
Lorsqu'une ville est victime de violences urbaines, c'est toute la profession qui retient son souffle. Nous avons contacté le dircom de Dijon et de Dijon Métropole, pour un retour sur son vécu à chaud et ses premières actions. Merci à Marc Farré d'avoir pris le temps de nous répondre.
Comment avez-vous été informé des événements qui se déroulaient dans l’agglomération dijonnaise ?
Marc Farré : Les premiers événements sont intervenus dans la soirée de vendredi à samedi. C’est via le poste central OnDijon que j’ai été alerté, par l’intermédiaire de plusieurs sms (OnDijon constitue le cœur opérationnel du projet de smart cities développé par la métropole).
J’ai ensuite suivi les événements par l'intermédiaire des réseaux sociaux et de la presse locale.
Quels ont été les enjeux immédiats ?
M. F. : Les forces de l’ordre tardant à intervenir, ces incidents ont pris de l’ampleur tout au long du week-end jusqu’aux images impressionnantes largement diffusées et relayées. Les médias nationaux puis internationaux se sont alors intéressés à l’histoire.
Comment a été organisée la communication de crise ?
M. F. : Nous avons mis en place une veille active des réseaux de communication de la ville pour éviter notamment tout dérapage dans les commentaires. Nous avons également revisité l’ensemble des actions de communication prévues pour ne pas produire et mettre en œuvre des campagnes qui, de par l’actualité, auraient pu se retourner contre la collectivité.
En parallèle, un travail très intense de relations presse s’est organisé autour d’un seul interlocuteur pour les journalistes et d’un seul intervenant pour les prises de parole. Nous avons très rapidement pris la décision de répondre au plus grand nombre de sollicitations. Il s’agissait pour nous de limiter au maximum la diffusion de fausses informations en rappelant systématiquement les faits et uniquement les faits.
La communication de crise s’est organisée autour du maire et de son cabinet avec plusieurs réunions dans la journée pour faire le point sur l’évolution de la situation, adapter les éléments de langage et organiser la présence des services sur le terrain.
Qu’est-ce qui s’est avéré être le plus délicat à gérer ?
M. F. : Pour la direction de la communication, le plus difficile est sans doute de gérer ces événements en pleine période préélectorale, à moins de quinze jours du second tour des élections municipales. Les contraintes en matière de communication et les récupérations de tous ordres sont autant d’obstacles à une gestion sereine et efficiente de la communication. Cette situation complexifie fortement la prise de parole de l’institution.
Avez-vous des objectifs pour la période post-crise ?
M. F. : Quoi qu’il se passe par la suite, des événements comme ceux que nous venons de vivre sont malheureusement assez destructeurs pour l’image du territoire. Même s'il est encore trop tôt pour anticiper la suite, j’ai souhaité mobiliser dès maintenant une partie de l’équipe pour commencer à réfléchir à la stratégie et aux actions de communication à envisager pour redonner une image positive de Dijon dans les meilleurs délais. C’est aussi une façon de se projeter dans l’avenir de façon confiante.