La communication intercommunale trace son chemin
En quelques années, la communication des communautés s’est affranchie de celle des communes. Le dernier Baromètre de la communication intercommunale confirme cette tendance qui se traduit autant par le renforcement des services que par l’élargissement des champs d’action de la communication intercommunale.
C’est une petite révolution dans la communication publique. Le nombre des intercommunalités a chuté de moitié en quelques années et parallèlement leur communication s’est renforcée.
Sans grande surprise, la fusion des intercommunalités s’est traduite par la création de services communication dans les nouvelles communautés XXL. Aujourd’hui, une équipe communication est en place dans pratiquement toutes les communautés d’agglomérations. Et dans les communautés de communes, les trois quarts d’entre elles ont une fonction communication identifiée.
Ces responsables ou ces services communication ont consolidé leur place dans les nouvelles collectivités. Il y a encore quatre ans, la communication était largement prise en charge par un élu ou par un directeur qui assurait d’autres fonctions. Aujourd’hui, la communication est assurée par son responsable, rattaché très majoritairement au DGS.
Un acteur visible du territoire
Mais c’est aussi au regard des contenus de la communication intercommunale que l’on mesure la place qu’elle prend peu à peu. Longtemps, la spécificité de la communication intercommunale était de se concentrer sur l’information liée à ses compétences et aux services gérés. Mais pour le prochain mandat, analyse le Baromètre, « le sujet le plus prioritaire est clairement le projet de territoire (70 % des répondants ; + 13 points par rapport à 2015) ou sa traduction à travers “les grands projets à venir” (67 %, + 6 points) ». De même, l’intercommunalité souhaite faire de la promotion du territoire – avec le marketing territorial notamment – l’un de ses principaux enjeux en renforçant prioritairement son attractivité auprès des entreprises et des nouveaux habitants. Ces priorités révèlent la mutation des intercommunalités. Il ne s’agit plus d’un positionnement de gestionnaire de services publics dans un rôle délégué par les communes, mais bien de la revendication d’être un acteur visible du territoire.
Rien d’étonnant donc si parallèlement la mutualisation des communications entre la communauté et ses communes membres bat de l’aile. Seules 26 % des intercommunalités déclarent un effort de coordination entre services de communication communautaire et communication des communes membres, une pratique qui a perdu 12 points depuis 2015.
Il est une autre preuve de l’autonomie que prend la communication intercommunale. La palette de ses outils s’élargit. Pour s’adresser aux habitants du territoire, première des cibles de la communication intercommunale, la communication numérique est vite apparue comme l’outil le plus rapide à mettre en place et le plus efficace. Mais progressivement les intercommunalités se dotent de tous les instruments d’une communication cohérente. Site, réseaux sociaux, magazine, relations presse, événements… les principaux outils sont en place dans les trois quarts des communautés et la communication interne vient progressivement compléter la palette.
Et les budgets vont avec. Les communicants des communautés de communes sont largement positifs quant à l’évolution de leurs moyens. Un sur deux prédit une augmentation de son budget communication dans les deux années à venir. Un chiffre presque aussi positif au sein des agglomérations qui ne sont que 7 % à imaginer une possible baisse de leurs moyens budgétaires.
Il appartient aussi aux candidats aux municipales de porter l’intercommunalité
Mais la communication intercommunale garde certaines particularités. En termes de cible, elle se doit de s’adresser aux élus des communes qu’elle regroupe (cf. encadré). Il reste aussi aux intercommunalités à conduire un important effort de pédagogie. Car l’intercommunalité, si elle n’est pas, a priori, contestée par les citoyens, reste trop peu ou mal appréhendée par les habitants.
À l’approche des élections locales de mars prochain, qui sont aussi les élections communautaires, les communicants publics se donnent comme objectif de contribuer à une meilleure connaissance de l’intercommunalité. Et ils ne manquent pas d’idées. Ils appellent de leurs vœux à « mettre en place une démarche globale de communication à l'échelle nationale » et que « les communes aient un rôle pédagogique sur l'action et les compétences de l'intercommunalité ». Mais ils aimeraient aussi que les candidats portent cette dimension intercommunale. « Les candidats aux municipales ne doivent plus minimiser le rôle des communautés de communes dans leur projet de territoire. Ils doivent à ce titre présenter leur programme municipal et intercommunal aux habitants », « Il faudrait que le thème de l'intercommunalité apparaisse clairement dans les programmes des candidats aux élections municipales et donc que les enjeux/projets intercommunaux soient clairement identifiés… », « Une obligation de mentionner l’intercommunalité dans les programmes des candidats ». Un appel aux candidats et aux futurs élus.
À l’assaut des élus non communautaires
« Les élus municipaux non communautaires ne se sentent pas concernés par l'intercommunalité », « Il n'y a pas assez de canaux d'information qui leur sont destinés, ni suffisamment d'échanges directs », « Il y a parfois un barrage sur l'information communautaire par certains maires ». Pour un tiers des intercommunalités, les élus non communautaires font partie des cibles prioritaires de leur communication. Un chiffre en hausse sur les dernières années qui prouve que ces élus, qui se comptent souvent en centaines dans une intercommunalité, sont considérés comme des relais d’opinion indispensables pour lesquels une communication a été développée. La moitié des communautés disposent d’outils de communication spécifiques destinés à cette cible. Et la diversité des outils, des réunions intercommunales aux publications web ou print, traduit l'effort mené par un grand nombre de communautés.
Le Baromètre de la communication intercommunale
Le Baromètre de la communication intercommunale est une enquête effectuée auprès de ceux qui ont en charge la communication au sein des intercommunalités. Le Baromètre est conduit par l’Association des communautés de France, l’agence Epiceum, l’institut d’études Occurrence et le réseau Cap’Com.
La 5e vague de ce Baromètre a été réalisée par un mailing envoyé aux 1 259 communautés françaises, pour un total de 219 questionnaires exploités, soit un taux de retour de 17,4 %. L’étude a été réalisée entre le 7 juillet et le 30 août 2019. Les quatre éditions précédentes du Baromètre ont été menées en 2008, 2011, 2013 et 2015.