Le temps des récoltes pour la compublique au Québec
Le colloque annuel de l’association des communicateurs municipaux du Québec s’est tenu fin mai à Saint-Hyacinthe près de Montréal. Un moment fort pour un réseau vivant et innovant. L’occasion pour nos homologues de partager les bonnes pratiques, de suivre des conférences ou de célébrer les lauréats des « Plumes d’excellence ». Cap’Com était naturellement représenté et impliqué.
Il y a beaucoup de convergences entre ces deux réseaux, ACMQ et Cap’Com, et même une ancienneté équivalente (un peu plus côté canadien puisqu’ils fêtaient leurs 40 ans !). Ce colloque annuel, avec plus de 300 participants sur trois jours, est un beau succès et est en croissance nette depuis quelques années, preuve de la dynamique de nos métiers outre-atlantique. Une profession qui semble vivre, à quelques différences près, des évolutions semblables à celles identifiées en Europe. Pour creuser leurs thématiques, les organisateurs ont modifié leur programme en intégrant des temps en ateliers (trois ateliers en parallèle) selon un modèle directement inspiré du Forum Cap’Com, selon Stéphanie Bélisle, la présidente. Mais les influences sont croisées et la délégation française n’a pas manqué, à son tour, de noter plusieurs points que l’on pourrait bien voir importer sur le vieux continent, comme le tirage au sort de son numéro de table au déjeuner (une manière de brasser les publics et de renforcer le réseau) ou l’interaction par les cellulaires sans passer par une appli (pour voter en séance), ou encore le bar à bonbons !
À noter que les communicateurs québécois savent faire vivre la langue française d’une belle manière. C’est beaucoup plus fluide et pratique que ne le croient les défenseurs des anglicismes. Un sujet qui pourrait bien motiver une intervention croisée lors du Forum de Toulouse… Mais les apports lors de ce colloque 2023 furent bien plus fournis et variés, avec, par exemple :
- l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants, sachant que, dans ce cas, il s'agit plutôt de migrants !
- la définition des audiences pour développer le marketing comportemental, avec Michelle Laberge et ses collègues de Laval QC ;
- la signalétique sous toutes ses formes, y compris l’affichage dynamique, l'accompagnement patrimonial, les sentiers d’interprétation, l'aspect expérimental… ;
- ou une gestion innovante des communautés sur les réseaux sociaux.
Régulièrement l’angle des petites communes était abordé, ce qui s’explique parce qu’en réalité une majorité des collectivités québécoises ont moins de 10 000 habitants. Comme la MRC (communauté de communes) des Îles de la Madeleine, heureuse lauréate de la Plume d’or (retrouvez ici la liste des dossiers primés), une distinction attribuée salle debout dans une communion chaleureuse. Cette action de communication publique est effectivement remarquable, déployée pendant un épisode de submersion de ces terres désormais victimes du changement climatique.
Pour apporter notre pierre à l’édifice, le délégué général de Cap’Com et Didier Rigaud-Dubaa, universitaire et formateur, ont présenté les tendances de la presse territoriale française, à quelques jours de la remise du Prix de la presse et de l’information territoriales.
C’est d’ailleurs forts des éditions passées et des très nombreux dossiers remis pour le concours 2023 qu’ils ont partagé avec la salle réunie en plénière les particularités et les astuces de mise en page de cette presse. Un sujet attendu par nos collègues québécois qui apprécient ces bonnes idées et cette approche « magazine ».
L’IA, c’est comme la marée, on ne peut pas l’empêcher de monter, mais on peut la harnacher.
Rémy Trudel
Dans les immenses salles de conférences du centre de congrès municipal de Saint-Hyacinthe, d’autres conférences ont éclairé les participants sur des questions de management ou, plus fondamentales, de rétablissement du lien. Comme avec l’intervention magistrale de Rémy Trudel, ancien ministre. Il a placé l’intelligence artificielle sous un nouveau jour. Pour lui, « l’IA, c’est comme la marée, on ne peut pas l’empêcher de monter, mais on peut la harnacher » (la maîtriser, la canaliser). Fort de sa longue expérience et de ses succès comme de ses échecs, il concluait par ces excellents conseils : « N’allez pas vous priver de l’aide de cet instrument. Cependant si vous produisez un communiqué de presse avec elle et que vous l’avalez comme un café le matin, vous êtes dans l’erreur. Car tous les biais de la pensée, on les retrouve dedans. Mais si vous l’utilisez comme un élément complémentaire, une proposition à réinterpréter, alors cela devient intéressant. La science permet de produire des éléments d’information qui peuvent être utiles. Mettez-vous en doute pour réussir. »