Mi-mandat 2023 : un nouveau départ
La communication mi-mandat est un « marronnier » bien connu des collectivités. On connaît les vertus de cet exercice, souvent mené par le cabinet du maire et exécuté par la direction de la communication : faire le bilan, donner à voir les perspectives de la seconde partie du mandat et – pour le dire sans détour – se projeter vers les prochaines élections. Mais cette mi-mandat n’est pas comme les autres…
Par Christian de La Guéronnière, membre du Comité de pilotage de Cap’Com, directeur de l’agence de communication Epiceum et sa filiale dédiée à la concertation La suite dans les idées.
Le mandat municipal a démarré en 2020 dans un contexte dégradé. Quasi interrompue par la crise sanitaire, la campagne électorale n’a pas ou peu permis d’aller à la rencontre des populations. Après un premier tour maintenu en mars, le second a été reporté en juin 2020, entraînant un taux d’abstention record.
Côté habitants, cette séquence s’est traduite par une campagne perçue comme hachée et peu audible. Perturbée par de légitimes préoccupations personnelles, leur attention s’est davantage orientée vers la santé de leurs proches, le maintien de leur emploi, la garde de leurs enfants. Côté élus, la crise Covid a supprimé ce qui fait l’essence même d’une campagne, à savoir la possibilité d’organiser des rassemblements populaires pour créer du lien et se retrouver sur le terrain.
Les 18 premiers mois de mandat ont subi les mêmes contraintes. Les majorités municipales sorties des urnes, souvent recomposées entre les deux tours, n’ont pas pu impulser la cohésion d’équipe nécessaire à l’action politique. Elles ont encore moins pu mettre en place les synergies de travail avec les agents des services de la ville ou de l’intercommunalité chargés de la mise en œuvre de leurs engagements. Quant aux politiques, elles ont été réorientées vers la priorité numéro un : protéger les habitants, et notamment les plus fragiles, déployer massivement des centres de dépistage et de vaccination, mettre en place un service public d’urgence pour continuer à répondre aux besoins des usagers. En interne, ce fut le branle-bas de combat pour transformer les outils de travail et s’adapter à la nouvelle norme du « distanciel » ; pour réinventer tous les supports de communication, privilégier les canaux digitaux et l’information en temps réel.
Ce contexte chahuté, auquel la plupart des services communication ont fait face de façon exemplaire, n’a pas permis de rendre lisibles les priorités du mandat.
Une mi-mandat 2023 stratégique pour les villes et les intercos
La séquence suivante n’a rien arrangé. En effet, si la fin de l’année 2022 a relégué au second plan la menace du Covid, entre-temps, le coup de massue de la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en a découlé ont, à leur tour, occupé tous les esprits. Sur fond de paupérisation et d’éco-anxiété accentuée par la sécheresse de l’été dernier, les équipes municipales et intercommunales doivent désormais répondre aux nouvelles attentes de leurs publics.
2023, plus qu’une autre année de mi-mandat, est donc stratégique pour les villes et les intercos. Elle apparaît comme une opportunité de resserrer le lien distendu avec les habitants, d’aller enfin à la rencontre des publics. Et pour se reconnecter aux citoyens, les élus et leurs communicants ne doivent-ils pas ajuster leur discours, se mettre au diapason des nouvelles attentes et donc sentir de nouveau le pouls de leurs territoires ?
La réécriture du programme pour lequel ont voté les habitants, en priorisant et en actualisant les engagements, mais aussi en ajoutant de nouveaux projets, est aujourd’hui incontournable. Cette démarche doit être menée par et avec les élus de la collectivité, dans une approche participative, positive et inspirante, qui permettra de consolider l’esprit d’équipe et de partager la vision politique.
Cette fenêtre de tir – du printemps à l’automne 2023 – est le bon moment pour solder les avatars de la première moitié de mandat tout en valorisant les actions réalisées derrière l’agitation des crises à répétition. C’est un temps de communication et de concertation précieux pour reconstruire la confiance avec l’ensemble des parties prenantes du territoire ainsi qu’avec les élus et les agents de la collectivité. Il doit permettre aux édiles de prendre l’initiative en réaffirmant le cap de leur action et en donnant le sens de la seconde moitié de leur mandat. Et au passage, ce moment offre aux communicants l’occasion de prendre l'initiative sur un sujet à haute valeur ajoutée stratégique, propre à les placer au cœur du jeu dans leur collectivité.
Communiquer pour rendre lisible l’action locale jusqu’en 2026
On l’aura compris : « cette » mi-mandat n’est pas une mi-mandat comme les autres. Elle doit être appréhendée comme un temps fort de la vie démocratique locale et pourra donc devenir un moment clé pour :
- animer une réflexion au sein du conseil municipal ou intercommunal, et articuler le projet d’administration autour des nouveaux objectifs politiques formulés ;
- redonner du sens au travail des agents dans les projets qu’ils mènent au quotidien, en partageant une vision politique forte et fédératrice en interne ;
- communiquer auprès des publics sur le bilan des trois années écoulées – engagements tenus, réussites – ainsi que sur les priorités d’ici la fin du mandat ;
- susciter l’échange avec les populations : réunions publiques, dispositifs de concertation, rencontres sous des formats originaux et surprenants sur des thématiques clés et pour faire émerger des attentes, des constats mais aussi des solutions profondément ancrées dans le quotidien des ménages ;
- proposer des temps conviviaux, hors de la vie politique, prétextes à célébrer le chemin parcouru et à se retrouver dans un contexte festif.
Réussir la mi-mandat, c’est aussi définir les grands messages et concevoir la ligne de communication (en interne comme à l’externe) qui accompagnera et rendra lisible l’action locale jusqu’en 2026. Alors, prêts pour ce nouveau départ ?