Quand le gouvernement belge organise sa communication de crise
La Belgique a dû prendre à bras-le-corps des situations de crise que nous connaissons tous. À quelques semaines du Forum Cap’Com 2024 et de la visite pro du Centre de crise national belge, à Bruxelles, Yves Stevens, son porte-parole, nous présente la structure qui a été mise en place pour faire face et organiser la communication publique de crise.
Yves Stevens est porte-parole du Centre de crise national (NCCN) du gouvernement belge, co-responsable de la communication sur les risques et les crises. Il interviendra lors de la visite pro (VP5) du mardi 10 décembre 2024 (visite du Centre de crise national à Bruxelles), lors du Forum Cap’Com de Lille. Cet entretien a été réalisé lors de la réunion plénière du Club de Venise à Dublin, les 20 et 21 juin 2024.
Point commun : Pourquoi et comment la Belgique s’est-elle dotée d’un centre de crise ?
Yves Stevens : Le Centre de crise national (NCCN) a été fondé le 18 avril 1988 suite à plusieurs situations de crise qui ont permis de comprendre la nécessité de disposer d'un service gouvernemental permanent ou d'une infrastructure de gestion de crise. Au départ, il s’agissait uniquement d’une permanence téléphonique qui permettait de centraliser les besoins. Au fur et à mesure, le Centre de crise national n’a cessé de grandir, de se développer et de se doter de nouvelles structures permettant de faire face aux nouveaux risques.
Aujourd’hui le NCCN, une organisation multidisciplinaire, interdépartementale, interfédérale et à vocation internationale, bénéficie d’une position centrale pour répondre aux défis sociétaux, offrir un soutien stratégique à tous ses partenaires, en synergie avec les acteurs de la sécurité, et disposer d'une infrastructure performante et appropriée pour faire face aux crises, quelles que soient leur nature et leur importance.
Point commun : Comment êtes-vous organisés et quels sont vos objectifs opérationnels ?
Y. S. : Le NCCN est une des cinq directions générales du Service public fédéral des Affaires intérieures. Il est un partenaire fiable et neutre pour les autorités, les services de sécurité, les disciplines et les administrations. En temps de crise, cela lui permet de rassembler autour d’une même table tous les partenaires impliqués, afin de pouvoir offrir une réponse uniforme et rapide à la situation.
Son objectif principal est le renforcement de la sécurité et de la résilience de notre pays, à travers les missions suivantes.
- Favoriser la résilience : le NCCN développe une stratégie globale d’amélioration de la résilience. Cette stratégie se fonde sur plusieurs éléments : le développement d'une méthodologie d'analyse des risques nationaux et opérationnels, le lancement de campagnes d'information préventives sur les risques en Belgique, la coordination de la sécurité et la protection des infrastructures critiques, la contribution à la sécurité maritime, la cybersécurité, etc.
- Organiser la planification d’urgence et la gestion de crise au niveau national : à cette fin, le NCCN dispose d'une infrastructure adaptée, du personnel suffisant et des procédures adéquates. Le NCCN coopère également avec des partenaires internationaux et des organisations partenaires (UE, Otan, ONU, etc.).
- Assurer une vigilance active : en tant que point de contact national et international pour les alertes, le NCCN recueille et analyse 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 tous les rapports pouvant avoir un impact sur la sécurité de notre pays. Il diffuse ces informations aux autorités compétentes. Le NCCN coordonne également la sécurité des grands événements, et la protection des personnes et des institutions en Belgique.
- Traiter les données des passagers (NTTC) : l'Unité d’information des passagers du NCCN collecte, traite et stocke, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité grave et organisée, les données des passagers voyageant par transport international.
Point commun : De quelle manière travaillez-vous la communication publique ? (En amont des crises, pendant les crises et après.)
Y. S. : Qu’il s’agisse de planification d’urgence ou de gestion de crise, le NCCN organise son travail selon les six étapes du cycle du risque. Il en va de même pour tout ce qui concerne la communication.
- Identifier, analyser et communiquer sur les risques.
- Améliorer la résilience nationale à travers des plans et des campagnes de communication spécifiques.
- Réaliser des plans et des procédures d'urgence et les tester régulièrement.
- Gérer le mieux possible la communication autour d’une situation d'urgence et la maintenir sous contrôle, en collaboration avec tous les partenaires concernés.
- Accompagner le retour à une situation normale.
- Formuler des points d'amélioration et prendre les mesures nécessaires pour améliorer la gestion de futures situations d'urgence.
Point commun : Comment organisez-vous les relations avec les communicants publics locaux, dans les villes ?
Y. S. : Le NCCN est en contact quotidien avec les Services fédéraux du gouverneur (SFG) des différentes provinces, qui agissent ensuite comme relais avec les autorités locales de leurs territoires respectifs (administrations, services de secours, etc.). Les SFG sont intégrés dans des groupes de travail au sein du NCCN et sont étroitement impliqués dans le développement des matières de communication de crise et de planification d’urgence. Ils relaient également les besoins et les demandes du terrain vers le NCCN, permettant ainsi de faire évoluer les outils de manière adaptée.
Point commun : Vous participez à des rencontres internationales en communication publique, comme ici à Dublin avec le Club de Venise, quels bénéfices en tirez-vous ?
Y. S. : Les rencontres internationales présentent trois avantages majeurs :
- échanges de bonnes pratiques : les différents pays sont très souvent confrontés aux mêmes problématiques, et une réflexion commune permet donc de gagner du temps et d’avancer plus efficacement vers une solution optimale ;
- gain de temps en situation de crise : connaître ses interlocuteurs est un avantage non négligeable lorsqu’une crise survient. Rencontrer ses homologues en amont permet ainsi de gagner du temps et de faciliter les contacts ;
- ouverture d’esprit : les rencontres internationales permettent de prendre connaissance des dernières évolutions et innovations dans notre matière.