
À Rouen, le réseau parle sans détour
Mardi 4 mars, les communicants publics de Normandie avaient rendez-vous avec le réseau Cap’Com pour la première réunion régionale de l’année. Un débat y a fait apparaître des préoccupations liées à la proximité des échéances politiques, où plusieurs points de vue ont pu être exprimés.
Cette réunion des communicants publics normands a eu lieu à l’hôtel du département de Seine-Maritime à l’invitation de Nicolas Robine, directeur de la communication, de l’information et de l’événementiel, et de Vincent Lalire, responsable de la communication interne et membre du Comité de pilotage de Cap’Com. Ils ont pu, en ouverture, parler de certains nouveaux outils (site internet notamment) récemment adaptés pour être plus adaptés à leurs publics. Le programme se poursuivait avec l’intervention du délégué général, sur l’actualité du réseau, depuis le bilan du Forum de Lille jusqu’aux prochains événements et études.
Une présentation commentée de certains aspects du Baromètre de la communication locale a permis des échanges avec la cinquantaine de communicants publics présents, notamment sur l’opportunité de quitter le réseau social X (des avis très partagés ont été exprimés, certains l’ayant quitté, d’autres non).
Un dialogue s’est installé ensuite, autour des préoccupations des participants, qui, très vite, ont montré une envie de partage autour des questions de positionnement de la compublique vis-à-vis de la compolitique. Un professionnel en agence s’exprimait ainsi : « Lorsque des collectivités me commandent certains travaux, je me demande toujours si elles souhaitent communiquer sur l’institution ou la ou le président. » Avec, en filigrane, la question morale de savoir si son travail allait profiter à un futur candidat, plutôt qu’à son institution. En réponse, plusieurs collègues ont parlé de « méthodologie de travail à revoir avec la DGS et le dircab » ; « Cela pose la question de l’utilisation strictement interdite des moyens publics par de possibles candidats » à rappelé un communicant avisé !
Des communicants entre le marteau et l’enclume
Une intervenante parlait sans détour du « lien très étroit de nos métiers avec la sphère politique » ; et de sa volonté d’être transparente sur le sujet. Mais une autre divergeait : « Notre mission n’est pas tant de servir les élus que les politiques publiques. Les textes disent ce que sont nos missions. Il faut faire de la pédagogie auprès de nos élus. » Cependant, justement, il n’est pas certain que les textes soient si clairs. Peut-être faudrait-il les renforcer sur ce plan.
Une communicante d’une petite communauté de communes poursuivait : « Je me suis positionnée en disant d’entrée de jeu “Je fais de la communication publique”, et cela a été compris. » Le débat a continué, mettant en avant les ambiguïtés qui perdurent aussi bien dans l’administration que dans les cabinets, montrant des communicants seuls face au problème : « On est entre le marteau et l’enclume ! » lance un participant avant de continuer, « Il y a cette question de l’incarnation. De ces élus qui disent “Je suis la ville”. Derrière cela les communicants sont obligés de “subir” leurs desiderata. Des astuces ? Des solutions ? »
D’autres sujets émergèrent, comme la question financière : « Il y a eu tant d’incertitudes avec le projet de loi de finances que nous avons un décalage de l’adoption du budget municipal. » En Normandie, comme ailleurs, les restrictions produisent des effets en cascade : « Un certain nombre de budgets sont gelés, alors quid du plan de com ? » Une personne ajoute : « Comment fait-on quand il n’y a plus ou quand il y a moins ? », posant la double question de la frugalité des moyens de communication et du tarissement de l’action publique dans le territoire. Ce qui n’est pas le cas général : « Notre budget ne bouge pas, contrairement à ceux de nos collègues [des autres services] », a-t-on entendu.
On fait tous les métiers alors que notre profession, c’est communicant.
Les communicants publics du réseau en Normandie sont également revenus sur les questions de reconnaissance et de polyvalence. « On fait tous les métiers alors que notre profession, c’est communicant », soulignait une participante, donnant des exemples précis de la multiplication des compétences qu’on lui demande. À ce sujet, l’irruption de l’intelligence artificielle dans la compublique a généré un autre débat, qu’il faudra reprendre en d’autres occasions, notamment « sous l’angle de l’uniformisation, de la généralisation de clichés communs à un courant dominant ».
Merci à toutes et à tous pour la richesse de ces échanges, prouvant à nouveau que nos métiers, s’ils sont épanouissants à bien des égards, sont aussi stressants et porteurs de servitudes délicates, raisons pour lesquelles il ne faut pas rester isolé. D’où des réunions régionales, dont les prochaines sont :
- le mardi 25 mars à Angers (chapelle des Ursules à 17 h 30) ;
- et le mercredi 2 avril à Albi (hôtel de ville à 17 h 30).
