Un jeune sur deux ne demande pas les aides publiques auxquelles il aurait droit
Un jeune sur deux n’a pas recours à des prestations publiques, des droits ou des services auxquels il pourrait prétendre. Explications : le manque d’information sur le contenu et les conditions d’accès, mais aussi un manque de communication pour sensibiliser les jeunes au fait de les demander.
La communication en direction des jeunes est une question régulièrement abordée par les communicants publics. Source de nombreux articles (25 articles sous cette rubrique sur le site de Cap’Com), la thématique est systématiquement abordée lors des Forums annuels de la communication publique. Lors d’un récent Comité de pilotage du réseau Cap’Com, le débat a de nouveau porté sur cette question et notamment sur l’accès des jeunes aux services publics et aux prestations.
Un rapport de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), datant de 2018, avait fait ce constat amer, malheureusement toujours d’actualité. Dans le domaine de l’insertion, sociale et professionnelle, de la santé, du logement, plus de 50 % des jeunes ne profitent pas des prestations faites pour eux. Le non-recours des jeunes à l’aide publique est analysé dans ce rapport selon quatre registres :
- la non-connaissance : l’offre sociale n’est pas connue ;
- la non-demande : l’offre sociale est connue, mais n’est pas demandée ;
- la non-proposition : l’offre sociale n’est pas proposée ou n’est pas activée ;
- la non-réception : l’offre sociale est connue, demandée, mais n’est pas reçue.
Les jeunes manquent d’information sur les aides et droits, mais surtout ils ne sont pas sensibilisés au fait de les demander
Ce constat s’adresse aux communicants publics, car il les invite à « renforcer la diffusion de campagnes d’information et de communication destinée à améliorer la notoriété de ces dispositifs auprès des jeunes ». Il les prévient aussi que, pour une partie des jeunes, le manque d’information ne constitue pas véritablement un problème dans la mesure où la connaissance des droits sociaux et des institutions publiques n’est pas identifiée comme un enjeu important. Le manque d’information alimente ainsi une absence de demande vis-à-vis des institutions que renforcent les représentations que les jeunes construisent sur l’aide sociale et sur les services publics.
Pour pallier la méconnaissance de l’offre, le gouvernement a ouvert en 2021 le site « @1jeune1solution » qui annonce « Évaluez vos droits à 445 aides en moins de 5 minutes ». Mais le questionnaire à remplir préalablement comporte pas moins de 50 questions ! Pas sûr que la solution soit là pour pousser les jeunes à demander leurs droits.
Benjamin Vial, participant de l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore), dispositif de recherche du laboratoire de sciences sociales PACTE, du CNRS, vient récemment de rappeler que « les jeunes manquent d’information sur les aides et droits, mais ils ne sont surtout pas sensibilisés au fait de les demander ».
« Ce manque de communication participe à la diffusion de représentations négatives sur les institutions publiques », explique-t-il. « Ce manque de communication induit également un rapport entre les jeunes et les institutions qui complique encore davantage les démarches des jeunes, qui ne se sentent pas capables ou pas légitimes de recourir à l’aide publique. »