Vaccination : aller à la rencontre des personnes précaires
Déjà fragilisés par les confinements successifs, les personnes précaires et les migrants sans papiers sont peu touchés par la campagne de vaccination. Avec les associations humanitaires, les collectivités vont sur le terrain à leur rencontre.
La campagne de vaccination a été engagée il y a tout juste dix mois et pas moins de 50 millions de personnes ont reçu au moins une injection d’un vaccin anticovid. Mais les populations précaires restent encore peu concernées. Selon la Fondation Abbé Pierre, 300 000 personnes sans abri ne sont pas vaccinées. « Nous parlons surtout des sans domicile fixe, mais également des personnes en situation irrégulière, celles qui n’ont pas de sécurité sociale, qui sont éloignées de la société ou encore qui ne parlent ni français ni anglais », explique une responsable des activités covid de Médecins sans frontières. « Nous allons auprès des personnes qui ne l’auraient jamais fait autrement. »
Il s'agit que toute personne qui veut se faire vacciner puisse le faire
La ville de Bègles a bien compris le message : il faut aller à la rencontre de ces populations, là où elles sont, pour leur donner la possibilité de se faire vacciner.
C’est en s’appuyant sur la Banque alimentaire que la ville, en lien avec Bordeaux Métropole, a actionné son dispositif Covid Mobilité auprès des populations précaires. Lors des distributions estivales de la Banque alimentaire, l'équipe du CCAS a renseigné les bénéficiaires sur la vaccination et, sur place, la Croix-Rouge ou la Protection civile ont pu vacciner les personnes volontaires. Cet été, lors de quatre distributions, 600 personnes ont reçu des dons alimentaires et 150 d’entre elles ont été vaccinées.
Toucher des personnes en situation précaire, souvent éloignées des directives de santé publique, c'est l'objectif de la municipalité, comme l’expliquait sur France 3 Nouvelle-Aquitaine l’élue à la solidarité de la ville de Bègles. « La stratégie vaccinale a beaucoup reposé sur la prise de rendez-vous en ligne. Or, beaucoup n'ont pas accès au numérique. Il s'agissait que toutes les personnes qui veulent le faire puissent avoir la possibilité réelle de le faire. »
En juin dernier, l’Académie nationale de médecine a invité les pouvoirs publics à « porter une attention particulière aux plus démunis et aux moins visibles. De par leur situation particulière, ces populations ne sont pas facilement bénéficiaires des services préventifs et curatifs du système de santé français ».
Une démarche « d’aller vers »
Depuis, les associations caritatives ont été sollicitées par le ministère de la Santé et les ARS pour aller, en coordination avec les collectivités locales, sur le terrain à la rencontre des publics précaires. Les associations permettent ainsi aux équipes d’information et aux équipes médicales d’être présentes lors des distributions alimentaires et dans les lieux d’accueil où les personnes sans domicile ont l’habitude de venir pour se reposer, avoir accès à l’hygiène ou sortir de leur isolement, comme le fait la Fondation Abbé Pierre. Elles donnent aussi la possibilité d’intervenir auprès des populations migrantes dans les foyers de travailleurs, comme l’organise Médecins sans frontières. Ou encore, comme en Alsace avec une association protestante, elles portent la communication auprès des femmes isolées prises en charge dans des hébergements d’urgence. La communication publique autour de la vaccination descend donc sur le terrain, en s’appuyant sur les associations. Elle est ainsi présente dans les lieux où elle est en situation d’y rencontrer les populations qui restent encore éloignées de la vaccination. Elle s’adapte à ces publics dans une démarche « d’aller vers » qui vise la sensibilisation, via des équipes mobiles, et qui offre la possibilité d’une vaccination sans prise de rendez-vous.