Vers des relations de presse sobres mais efficaces
Mettre en lumière tout en restant économe de ses moyens, c'est le défi actuel des relations de presse des collectivités. Mais comment assurer la même visibilité auprès des médias territoriaux tout en répondant aux enjeux d'une stratégie d’écoresponsabilité numérique ?
Article rédigé à partir des travaux de la Journée d'actualité sur les relations de presse organisée par Cap'Com en février dernier, et des contributions de Shanedy Wong Tong et Nathan Servignat, étudiants en master 2 communication politique et publique des territoires de l’université Rennes 2.
C’est le genre de question qui revenait souvent dans les échanges entre les agents des relations presse du secteur public lors de la journée du 2 février à la Maison de la conversation à Paris : « Comment intégrer la sobriété dans ses pratiques lorsque son travail consiste à spammer des groupes de presse avec des courriels à longueur de journée ? » Cela résume le décalage entre certaines pratiques inefficaces ou anciennes et les objectifs d'une relation de presse vertueuse et respectueuse de l'environnement. Lors de certains ateliers, ce questionnement est revenu sous plusieurs formes, permettant de recenser une série d'actions et de principes assez faciles à mettre en œuvre !
À l’ère de la transition écologique des territoires, la sobriété s’impose comme un impératif dans toute campagne de communication publique. Il ne s’agit plus uniquement d’une préoccupation limitée à « une parcimonie économique ou énergétique » dans ses bureaux. Aujourd’hui, dans les administrations locales, on enjoint à tout un chacun de réduire son impact environnemental en adoptant des pratiques plus consciencieuses lors de l’utilisation des outils informatiques et de communication. Les communicants internes ont une longueur d’avance sur ce sujet (voir Monsieur e-mail !). Et ont déjà fléché des gestes utiles pour réduire l’impact environnemental des pratiques numériques, dont les relations de presse pourraient largement s’inspirer. Mais il n’est pas facile de sortir des usages en la matière et « mon élu ne comprendrait pas qu’on ne mette pas le paquet pour avoir des retombées car, pour lui, la fin justifie les moyens », avoue une attachée de presse.
Les relations de presse, rappelons-le, vivent une transformation profonde, allant de :
- l’élargissement de leur objet (plus seulement le communiqué et l’article en retour) ;
- à la complexification de leurs outils et des canaux à gérer ;
- en passant par la multiplication des cibles (les influenceurs et l’augmentation du nombre de médias) ;
- et les effets globaux de la digitalisation et de l’apparition de l’IA.
Nos petits gestes pour une communication plus efficiente et sobre
Dans ce contexte, plusieurs intervenants ont noté qu’il n’était « plus l’heure de bombarder les rédactions, mais de mieux cibler et de privilégier la qualité des relations de presse », ce qui converge avec un besoin de sobriété. Cependant le message doit d’abord passer en interne !
Shanedy Wong Tong et Nathan Servignat, étudiants en master 2 communication politique et publique des territoires de l’université Rennes 2, présents à cette journée, ont fait la remarque qu'« alors que la sobriété numérique est bien ancrée dans les cursus universitaires de communication territoriale et intégrée par les nouveaux communicants, la vision de cet enjeu se heurte à la réalité opérationnelle ». Pour eux les relations de presse témoignent justement de leur difficulté à repenser leur modus operandi. Le changement, inéluctable, est même perçu comme un processus pénible et radical. Pour eux, enfin, bien au contraire, des pratiques vertueuses peuvent être intégrées progressivement, à l’image de ces sept conseils qu’ils ont glanés au cours de la journée.
- Cibler ses destinataires : contacter uniquement ceux concernés par l’information.
- S’acculturer aux publications : connaître la ligne éditoriale des médias et les journalistes auxquels on s’adresse afin d’éviter l’envoi de mails qui ne leur sont d’aucun intérêt.
- Appeler le média/journaliste en cas de doute sur ses besoins ou sujets qu’il couvre afin d’instaurer de meilleures relations.
- Rédiger des mails clairs et concis, avec des coordonnées pour être recontacté par un journaliste si le sujet l’intéresse.
- Éviter les démultiplications de mails et relances inutiles.
- Limiter, voire éviter, l’envoi de pièces jointes et/ou de visuels. Le journaliste reviendra vers vous en cas de besoin.
- Trier et effacer ses mails.