30 ans de com publique vus par Agnès Broquet
La communication publique, en externe et en interne, c’est déjà vingt ans et quelques mois de la vie professionnelle d’Agnès Broquet. À l'occasion des 30 ans du Forum, elle partage avec nous sa vision de l'évolution du métier et des défis qui restent à relever.
Agnès Broquet a passé la première moitié de sa carrière dans des villes aux noms évocateurs du bien vivre et de prestige : La Roche-sur-Yon, Blois et Paris. La deuxième moitié, au service du département de la Loire Atlantique. En 2014, elle change d’orientation et a désormais en charge la direction Attractivité et Economie du Tourisme à l’Agence de Développement de Loire Atlantique. La communication reste une part importante de ce nouveau métier qui décline toutes les caractéristiques et originalités de l’attractivité du territoire.
Cette interview est issue d'une série d'entretiens de communicants publics "30 ans de com publique vus par..." menés à l'occasion de la 30e édition du Forum Cap'Com par Pierre Geistel, ancien chargé de communication, et par Philippe Lancelle, directeur du tourisme de la région Bourgogne Franche-Comté, tous deux membres du comité de pilotage de Cap'Com.
La com publique a beaucoup évolué depuis 30 ans. Quels sont les changements qui ont marqué le métier depuis ces années ?
Incontestablement, le développement du web et le déploiement des réseaux sociaux. Ils ont révolutionné la communication publique, à la fois dans ses pratiques et dans ses contenus. Ce fut, c’est et ce sera encore pour quelques temps, une évolution et une remise en cause pour nous tous.
Cette évolution me paraît ainsi une bonne chose, notamment parce qu’elle nous oblige à revoir nos façon de faire, ce qui est toujours utile quand le vrai problème (vrai enjeu ?) des communicants reste encore et toujours le dialogue et la compréhension.
La maîtrise de ces outils technologiques, qui évoluent eux aussi en quasi permanence, est intéressante et passionnante en ce qu’elle nous permet de mieux appréhender et comprendre les publics auxquels on s’adresse et avec lesquels on échange désormais plus facilement.
Ce qui n’est pas sans rappeler le philosophe et sociologue Marshall Mac Luhan qui, en 1967 déjà, imaginait que la mondialisation naissante et la révolution technologique des médias nous feraient vivre dans un « village global ».
De façon plus terre à terre, le numérique rend beaucoup plus facile l’évaluation, ce qui, jusqu’à présent, a toujours été une affaire complexe et coûteuse. Donc généralement oubliée des plans de COM. Or connaître l’impact réel d’une communication permet d’améliorer le dialogue et la compréhension déjà évoqués.
Grâce à la facilité d’utilisation des outils numériques, tous ceux qui se sentaient déjà capables de faire de la communication, se sentent pousser des ailes d’experts.
Le côté sombre, car il y a en un comme toujours, réside paradoxalement dans cette même facilité d’utilisation des outils numériques. Grâce à elle, tous ceux qui se sentaient déjà capable de faire de la communication, se sentent pousser des ailes d’experts.
On a très longtemps dénigré la communication, et nous l’avons bien vu et vécu à Cap’Com, parce qu’elle n’était pas considérée comme un « vrai » métier. Aujourd’hui encore, cette bataille-là doit être menée.
C’est l’un des défis auxquels la communication publique risque d’être confrontée dans les 10 prochaines années ?
Oui, avec la professionnalisation de la communication et du conseil. Une professionnalisation bien conduite devrait conduire les communicants à anticiper. L’idéal est d’être dans le coup d’après. Il nous faut aussi de la créativité. J’ai bien conscience que ces capacités ne relèvent pas de la formation seule.
Un des défis qui reste à relever est celui de la féminisation.
Un autre défi – qui m’est très cher – reste à relever, celui de la féminisation. Certes les femmes sont nombreuses désormais dans le métier, mais il faut encore casser le plafond de verre qui empêche beaucoup trop souvent les femmes d’accéder aux postes à responsabilités.
Sur un plan plus pratique, il me paraît important et nécessaire de renforcer la complémentarité des outils de communication. Malgré tout ce qu’on a pu imaginer et dire, la digitalisation ne remplace pas tous les supports classiques de communication. Le papier, par exemple, effectue un retour, sinon en force, du moins incontestable.
Dans l’exercice de votre métier, quel est votre meilleur souvenir ?
C’est la question sur laquelle je sèche ! Je ne trouve pas un moment vraiment exceptionnel à raconter. Bien évidemment et heureusement, de nombreux événements sympathiques, émouvants, drôles ou retentissants, ont émaillé mes années au service de la communication publique.
D’une manière générale, l’adrénaline autour des grands événements, par exemple des inaugurations avec des personnalités, le travail en équipe pour les préparatifs, l’excitation et la satisfaction de mener à bien ces actions parfois aléatoires, restent de bons souvenirs.
Et le moins bon ?
Les sempiternels vœux, la carte et les cérémonies assorties ! Et, en général, tous les marronniers. D’où l’importance d’amener régulièrement du sang neuf dans les équipes.
Justement, si vous aviez à conseiller un étudiant qui veut se lancer dans la COM publique, que lui recommanderiez-vous ?
On s’accorde à dire que la communication est un métier à la croisée des chemins. Il me semble donc bon d’en emprunter plusieurs pour y exercer dans les meilleures conditions. Le conseil serait donc de jouer la complémentarité avec une autre spécialité, l’urbanisme, l’environnement, l’histoire… Bref d’avoir plusieurs cordes à son arc.
Un conseil à un étudiant qui veut se lancer en com publique : avoir plusieurs cordes à son arc.
Un double cursus est toujours utile parce que cela ouvre l’esprit et le raisonnement, ce qui d’ailleurs ne s’applique pas qu’aux étudiants en communication.