30 ans de com publique vus par Florence Peleau-Labigne
Florence Peleau-Labigne, directrice générale des services de la Communauté d’agglomération de La Rochelle, partage avec nous sa vision de l'évolution du métier de communicant public à l'occasion des 30 ans du Forum Cap'Com. Pour elle, la communication publique fait désormais totalement partie du processus de décision, et la concertation est devenue un enjeu majeur que les professionnels de la communication doivent accompagner et amplifier.
Florence Peleau-Labigne est titulaire d’une licence de Droit, d’une maîtrise de Sciences politiques et d’un DESS de communication politique et sociale. Elle est administrateur territorial hors classe. Après avoir commencé sa carrière à Sotteville-lès-Rouen, elle a multiplié les expériences de directrice de la communication et de directrice générale des services au conseil Départemental de l’Hérault, au conseil Départemental de Seine-et-Marne, à la Communauté d’agglomération de Sénart (Ville nouvelle) et à la Communauté d’agglomération de La Rochelle où elle exerce aujourd’hui. Florence a aussi enseigné le marketing territorial et les relations presse à Paris 12 pendant 5 ans. Elle a été présidente du jury 2016 du concours d’administrateur territorial.
Cette interview est issue d'une série d'entretiens de communicants publics "30 ans de com publique vus par..." menés à l'occasion de la 30e édition du Forum Cap'Com par Pierre Geistel, ancien chargé de communication, et par Philippe Lancelle, directeur du tourisme de la région Bourgogne Franche-Comté, tous deux membres du comité de pilotage de Cap'Com.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans la communication publique ? Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
J’ai commencé à travailler dans la communication publique… il y a bientôt 30 ans ! Par envie d’accompagner la décision et l’action politique, par envie de contribuer à l’exercice démocratique qu’est la communication publique : expliquer, donner du sens, partager l’horizon et les choix, être le relais entre les élus et les citoyens, entre les élus et les agents, entre les élus et les acteurs publics et privés. J’ai depuis plusieurs années quitté l’univers strict de la communication pour des fonctions de DGA puis de DGS, mais la « posture » communication accompagne encore aujourd’hui mes réflexions et décisions.
La communication publique a beaucoup évolué depuis 30 ans. Quels sont les principaux changements qui, pour vous, ont marqué le métier au cours de ces années ?
Les changements résident bien sûr dans les outils et les multiples possibilités que procure le numérique. En corollaire, les sources d’émission se sont multipliées : tout citoyen, tout acteur public ou privé est désormais émetteur d’un point de vue ou d’une proposition…
La place de la communication publique a changé et fait désormais totalement partie du processus de décision.
Au-delà, je crois que c’est la place de la communication publique qui a changé et qui fait désormais totalement partie, me semble-t-il, du processus de décision, et avec elle la concertation. Il ne viendrait plus à l’idée de personne de décider sans concerter en amont et sans faire œuvre de pédagogie dans la décision. Il appartient donc aux professionnels de la communication d’accompagner et d’amplifier ces phénomènes et non de les subir.
Dans les 10 prochaines années, quels sont pour vous les défis auxquels la communication publique risque d'être confrontée ?
Le principal défi me semble être celui du dépassement des frontières. Il nous faut dépasser « la démocratie du sommeil » qui consiste à ne s’adresser qu’à ceux qui résident sur nos territoires, pour développer une démocratie plurielle qui s’adresse à ceux qui résident, ceux qui travaillent, ceux qui pratiquent des loisirs sur nos territoires. Plus que jamais, les modes de vie dépassent les frontières de nos territoires.
Il nous faut dépasser "la démocratie du sommeil" pour développer une démocratie plurielle.
Dans l’exercice de vos fonctions dans le domaine de la communication publique, quel est votre meilleur souvenir professionnel ?
Quand les oppositions disent que l’institution communique trop, c’est en général qu’elle communique bien et qu’elle est pertinente. Quand les critiques cessent… il faut s’interroger…
Et le moins bon ?
Les quelques fois où la décision a privilégié la forme au détriment du fond…
Si vous aviez à conseiller un étudiant qui veut se lancer dans la com publique, que lui recommanderiez-vous et pourquoi ?
Je lui conseillerais de faire ses armes auprès de professionnels et d’élus qui savent ce qu’est la communication et ce qu’elle n’est pas.
Pour pouvoir exister en tant que professionnel de la communication, il faut maîtriser parfaitement son métier.
La communication est un métier, elle ne s’improvise pas, mais encore trop souvent on est confronté à des décideurs qui veulent faire à la place de. Pour pouvoir exister en tant que professionnel de la communication, il faut maîtriser parfaitement son métier. Alors la communication prend toute sa place dans la décision et au sein de la collectivité.