5 conseils pour communiquer sur le premier budget de la mandature
Le débat d’orientation budgétaire 2021 ouvre la communication financière de la nouvelle mandature municipale. Une communication qui se doit d’être appropriée à la situation économique et sociale actuelle. Pour le communicant public, une attention particulière doit être portée à cette communication que nous éclairons de nos 5 conseils.
Expliquer les choix de gestion, faire comprendre les contraintes économiques et sociales, rendre compte de la situation financière de la collectivité, c’est pour les nouveaux élus municipaux une obligation et une nécessité. Le volet « communication financière » de la communication de la collectivité est d’autant plus important cette année que le budget 2021 ouvre un nouveau mandat et se construit dans une période de crise sanitaire où les attentes des citoyens sont grandes.
La transparence est devenue une nécessité incontournable en cette période de défiance envers l’autorité publique. Le rappel de quelques conseils élémentaires aux communicants publics peut permettre d’engager une communication financière capable de faire comprendre le projet territorial.
1. Faire du débat d’orientation budgétaire la première étape de sa communication
Le débat d’orientation budgétaire (DOB), préalable au vote du budget, représente une étape essentielle de la communication budgétaire. Obligatoire dans les collectivités de plus de 3 500 habitants, il participe à l’information des élus mais aussi des habitants et peut être un véritable temps de débat sur la situation financière de la collectivité.
Légalement, le DOB doit être mis à la disposition du public en mairie au plus tard 15 jours après son adoption et il doit être mis en ligne sur le site internet de la collectivité dans le mois qui suit le conseil où il a été débattu.
L’intérêt du DOB est qu’il rend compte du contexte économique, des contraintes, et des orientations adoptées par la municipalité. Il peut aussi tracer des perspectives sur plusieurs années et rendre compte de priorités sur le mandat. Pour ce premier budget 2021, dans le contexte très particulier de la pandémie, la capacité à tracer des perspectives est aujourd’hui essentielle.
Destiné aux élus, attendu en interne, le DOB peut donc aussi devenir un document parfaitement lisible par les citoyens et participer à la prise en compte par les habitants des contraintes financières.
2. Ne pas trop accabler les autres
C’est le premier budget de la mandature. Trop facile pour la nouvelle municipalité de mettre sur le dos du passé – et de l’équipe précédente – les difficultés actuelles ou de s’en prendre à l’État. Mais cette stratégie rencontre rapidement ses limites.
Trop accabler le passé renvoie au débat politique de la période électorale et peut décrédibiliser l’action présente. Cela peut aussi donner l’impression de l’impuissance de la nouvelle équipe. De plus, les citoyens ne sont pas dupes et risquent alors de douter de toute l’objectivité du débat.
S’en prendre à la politique gouvernementale, à l’État, est aussi un réflexe classique. D’un côté la municipalité peut dénoncer les baisses des dotations, l’inflation des normes, les ponctions financières. De l’autre, comme viennent de le reconnaître la Cour des comptes et le Sénat, « la situation des collectivités territoriales se dégrade beaucoup moins que ce que nous craignions ». Le satisfecit du gouvernement sur l’état général des finances locales peut entrer en contradiction avec une dénonciation trop virulente de la politique gouvernementale.
L’équipe municipale est attendue non pas dans la dénonciation ou dans la plainte, mais pour sa capacité à rechercher et trouver des solutions.
3. Répondre aux questions que se posent les habitants
La communication financière est là pour répondre aux questions que se posent les habitants. Pourtant, trop souvent, elle reste cantonnée aux experts et semble davantage s’adresser à eux. Les citoyens-électeurs-contribuables-usagers s’intéressent à la gestion locale parce qu’ils recherchent des explications à des questions pratiques, à des situations qu’ils vivent. Comme pour toute communication, il convient d’y porter attention.
Le sujet principal reste les impôts, même si de plus en plus de contribuables locaux en sont dispensés. « Nos impôts augmentent, mais rien n’est fait pour la ville… », « Nos taxes sont supérieures à celles de la commune voisine… ».
Pour l’habitant, l’impôt n’est pas sa seule dépense, le prix des services pèse souvent bien plus lourdement. « On nous dit que les impôts baissent, mais le prix des services publics ne cesse d’augmenter », « Les impôts financent les services à la population, mais, pour en bénéficier, il faut encore payer… ». Depuis plusieurs années, le Baromètre de la communication locale, sondage auprès du grand public, révèle que le prix des services publics est une préoccupation croissante des habitants.
Autre sujet de préoccupation : la dette. « La commune a investi, mais elle n’en a pas les moyens, elle est surendettée ! », « La dette par habitant est de 1 000 euros, comment va-t-on rembourser ? ». Sur cette question, la pédagogie s’impose car la dette pour les collectivités locales ne couvre que les investissements.
Au-delà des données chiffrées, c’est bien la question de la présence des services municipaux et de leur qualité qui préoccupe les habitants. « Dans notre commune, on a moins de services que dans les autres », « Pourquoi ne pas privatiser tous ces services, cela ferait faire des économies ! ». Les Français restent profondément attachés aux services publics et particulièrement à ceux dont ils disposent en proximité. Ils l’ont démontré pendant la crise sanitaire. Mais, selon un sondage Ipsos de 2018, ils s'inquiètent d'une baisse de qualité des prestations des collectivités locales et réclament plus de dépenses tout en refusant des hausses d'impôt.
4. Être pédagogue et donner un sens aux chiffres
Les communicants peuvent faire preuve de pédagogie. À eux de dépasser la présentation comptable du budget pour en faire l’instrument d’une communication efficace. Pour cela, ils ne manquent pas d’outils : sites, journaux, affichage, réseaux sociaux peuvent être mobilisés. Ils ont aussi toutes les possibilités d’être pédagogues en multipliant les graphiques, histogrammes, cartes interactives, motion design, photos et vidéos… L’événementiel ne doit pas être absent de cette communication financière. Réunions de quartiers en ciblant les projets qui modifient le cadre de vie du voisinage, visites de chantiers pourront faire partie de la panoplie quand les contraintes sanitaires seront levées. Le ton a aussi toute son importance, ni trop technique, ni suffisant.
Un budget, ce sont des chiffres. Le budget 2021 de la Métropole de Lyon a été voté à l'occasion du conseil métropolitain du 25 janvier 2021. Que faut-il retenir du budget ? nous indique le site de la Métropole. « Un budget de 3,97 milliards d’euros en hausse de 49 millions ; 838,6 millions d'euros de dépenses sociales ; 625,5 millions d'euros pour les solidarités et l'habitat ; 586,7 millions d’euros pour l'économie, l'insertion, l'éducation, la culture et les sports… » Mais que signifient ces chiffres pour les lecteurs ? Plus importante est la partie où les priorités des cinq grandes politiques publiques sont expliquées. Cet exemple pour rappeler que les chiffres n’ont en soi pas de sens et qu’il appartient aux communicants de leur en donner un.
5. Ne pas oublier l’interne
Les services sont mobilisés lors de toutes les phases de l’élaboration du budget. Et pourtant, si l’on va vers eux pour recenser les besoins et parfois même pour imaginer des arbitrages, ils sont parfois oubliés dans la restitution. Et rendre accessibles sur l’intranet le DOB ou le budget est loin d’être suffisant.
La communication financière interne est un impératif. C’est d’abord respecter le travail des agents qui ont contribué à l’élaboration du budget. C’est aussi donner du sens au travail de tous et impliquer chacun dans un projet collectif que traduit le budget. Sans oublier que les agents sont les premiers concernés car les arbitrages les concernent directement en termes d’effectifs, de budget des services, de conditions de travail.
La communication financière, partie prenante de la stratégie de communication
En conclusion, n’oublions pas que la communication financière est partie prenante de la stratégie de communication de la collectivité. Elle est multi-cibles, s’adressant aux élus, aux agents, aux relais d’opinions (associations, médias, acteurs de la cité), et, évidemment, aux citoyens. Elle doit être claire et explicite, avec une dimension pédagogique, en donnant du sens aux chiffres. Et, en un mot, communiquer sur les budgets, c’est oublier la logique comptable pour privilégier celle du projet et des actions.