Budget 2025 : la com des collectivités vent debout contre les restrictions annoncées
Alors que les débats sur le projet de loi de finances (PLF) 2025, qui prévoit de réduire de cinq milliards d'euros les recettes des collectivités locales, battent leur plein, les départements et les villes interpellent le gouvernement et leurs habitants sur les impacts de ces restrictions annoncées. Zoom sur quelques campagnes de com qui saisissent l'opportunité de (re)faire de la pédagogie sur les budgets des collectivités, et qui rappellent aussi que la frontière entre com publique et com politique est parfois très fine.
Les communicants de la Loire-Atlantique utilisent leur savoir-faire sur les réseaux
« La communication publique départementale joue son rôle à fond ! » Dominique Robin, dircom de la Loire-Atlantique, résume bien le travail de son équipe numérique. À l’instar des communicants numériques du réseau, elle s’appuie sur sa maîtrise des codes des réseaux sociaux pour communiquer sur les conséquences du PLF tout en faisant de la pédagogie sur le budget départemental. Dans une courte vidéo postée par le département mi-novembre, Clémentine Jolion-Macé, social media manager, et Mathieu Moch, réalisateur vidéo & richmedia / chef de projet vidéo, expliquent eux-mêmes la situation budgétaire inédite du département : les dépenses, les recettes et les restrictions demandées par l’État… « Si on vous dit tout, c’est parce que ça vous concerne directement. » Ils s’adressent aux administrés dans un langage simple et accompagné de gifs décalés. Ils misent également sur la viralité en incitant les internautes à liker et partager la vidéo pour soutenir leur département. Pari gagné : la vidéo comptabilisait déjà plus de 50 000 vues avec un taux d’engagement élevé une semaine après sa mise en ligne.
Les élus du département de la Nièvre « à Poil »
« Budget 2025 : l’État met le département “à Poil”. » Pour porter ce message, les élus du conseil départemental de la Nièvre se sont littéralement mis à poil… à « Poil ». Réunis dans cette commune du département, le 21 novembre, ils ont enlevé quelques vêtements, mais gardé leur écharpe tricolore, pour brandir une banderole et plusieurs messages rappelant ce que permet le département : « Réussir dans mon collège », « Être secouru 7j/7», etc. « Il est essentiel de soutenir les services publics de proximité », a rappelé le président du conseil départemental dans une vidéo relatant cette action. « Il faut aujourd’hui se déshabiller, c’est quand même quelque chose, pour obtenir des moyens pour permettre à notre département de se développer et de vivre mieux. »
Le Lot-et-Garonne tire un trait
« Le gouvernement devra rendre des comptes aux Lot-et-Garonnais. » Dans une campagne d’affichage lancée mi-novembre, le département du Lot-et-Garonne décline son message sur l'impact des restrictions budgétaires dans six de ses domaines de compétences. Sur chaque visuel composé autour d'une photo sobre et figurative dans une tonalité chromatique spécifique, chaque action départementale que la baisse des recettes annoncée de « – 16 millions d'euros » empêchera de réaliser est tout simplement barrée. Une animation vidéo sur « la goutte d'eau gouvernementale qui fait déborder le vase lot-et-garonnais » complète la campagne d’affichage et son slogan : « Ensemble résistons. »
Montreuil dénonce et explique
« Le gouvernement nous fait les poches. » Avec ce message sans ambiguïté, le maire de Montreuil invite ses habitants à une réunion publique pour « dire NON à ce véritable racket et défendre les services publics qui font notre quotidien ». Une lettre de l’édile qui explique à ses administrés « pourquoi nous en sommes là » introduit un document de quatre pages qui mêle un ton et un propos résolument politiques (page d’avis des groupes politiques de la majorité au conseil municipal) à une pédagogie du budget de la ville (chiffres et impacts concrets, témoignages d’acteurs locaux). Ce même mélange entre com publique et com politique se retrouve dans une double page « Événement » du magazine municipal.
Bordeaux interpelle par l’absurde
« Vous préférez priver tous les élèves de cantine ou supprimer la police municipale ? Vous trouvez ça absurde ? Nous aussi. » La formule, qui reprend un slogan publicitaire d’un organisme de crédit, était affichée en grand sur le fronton de la mairie de Bordeaux le 4 novembre, veille de la reprise de l’examen du budget 2025 de l’État à l’Assemblée, et de celui de la mairie au conseil municipal. Une deuxième banderole déployée sur la façade interroge : « On les prend où ? » La ville a relayé les photos du fronton ainsi habillé sur ses réseaux sociaux, précisant vouloir « interpeller sur l’absurdité des choix qu’elle pourrait théoriquement faire. Même si, bien sûr, il n’est pas question de fermer ni les cantines, ni la police municipale ». L’action a en tout cas interpellé l’opposition dénonçant « l’utilisation de la façade de la mairie à des fins de propagande ».