Com publique : ce que l’on ne voudrait plus entendre en 2017
Janvier, période des vœux et des résolutions. Bonnes si possible. Cela vaut à titre personnel (tabac, sport, régime, lecture, adultère, etc …) mais cela vaut également à titre professionnel. Pour autant, ce ne sont pas des résolutions à proprement parler que je vous propose de partager ici, mais plutôt des rêves, des envies, des espérances. Voici donc quelques phrases que nous aimerions ne plus entendre en 2017, pour bien marquer que puisque l’époque change, nos pratiques professionnelles également. Et en mieux si possible …
Par Marc Thébault
« Penser à la place des gens ». Vous direz plutôt « Penser comme les gens ». En effet, si l’on attend de nous un minimum d’empathie, d’analyse et de compréhension de ce qui est attendu par nos populations, en revanche, on ne nous demande pas de penser pour eux (et de croire que l’on en serait capable). Surtout lorsqu’il s’agit, au pire, de procès d’intention ou, au mieux, de projections personnelles permettant, c’est si rassurant, de voir le monde comme on voudrait qu’il soit.
« Les gens, ils pensent que … ». Tentez « Notre dernier sondage montre que … » (ou, comme le préfère à juste titre Franck C. qui se reconnaîtra « Notre dernière analyse big data révèle … »), histoire de voir ce que cela donne quand vous utilisez de vraies mesures de l’opinion plutôt que votre doigt, même bien humecté, ou plutôt que l’incontournable courrier de Mme Michu (en plus, elle s’est mise au courriel !).
« Les gens ». On préférera un vocable un tant soit peu plus précis, par type d’utilisateurs de vos services ou de vos équipements, par catégories socio-professionnelles, par âges, par quartiers … Enfin ce que vous voulez tant qu’on arrête de laisser croire qu’une seule parole (cf. « Mme Michu », voir ci-dessus) vaut avis général.
« J’ai tweeté ». On dira plus volontiers « J’ai RT » car, et il serait temps d’en prendre conscience en 2017, les réseaux sociaux ne sont pas que votre haut-parleur privatif. Ils seraient plutôt tournés vers le collaboratif, la coproduction et seraient tellement plus pertinents comme vitrine de votre territoire - et des nombreuses initiatives qui y voient le jour - que comme celle de votre seule institution.
« Ma collectivité est sur les réseaux sociaux ». Précision, en 2017, théoriquement, c’est fait. Donc plus la peine de la préciser. Rappelez-vous régulièrement que vous avez des ordinateurs, un site web et des publications papier ? Je ne crois pas.
« Nous avons réalisé une campagne décalée ». Essayez « Nous avons réalisé une campagne qui répond parfaitement à nos objectifs », juste pour prouver que votre but n’est définitivement pas la recherche du gag (ou « buzz », ou « originalité », …) pour le gag (ou « buzz », ou « originalité », …), mais bien la recherche de la réponse la plus pertinente vis-à-vis de vos objectifs et de vos cibles.
« Notre communication est citoyenne et responsable ». Dites, si vous vous croyez obligés de le préciser, c’est pour vous démarquer de celles et ceux qui seraient du côté obscur de la Force ou c’est juste, à la manière de « Ici, on vend de belles oranges pas chères ! » (merci Fernand Raynaud), un positionnement marketing ? Attention, dans deux secondes vous allez parler « d’anti-comm ». De quoi nous rappeler les pensées du philosophe Alain Etchegoyen qui aimait à nous alerter ainsi : « Il faut donc se méfier du discours éthique. Certes on peut comprendre qu’une entreprise ait à définir ses principes pour l’action. Mais quand elle le fait, elle le fait dans son intimité, elle ne le fait pas pour sa communication. Car dès que l’éthique devient un enjeu pour la communication, elle dérive vers le leurre et le simulacre ».
« Je gère mon budget avec la plus grande rigueur ». En réalité, vous devriez dire « je me débrouille avec ce qui me reste ». En effet, ce coup-là, c’est certain, on attaque l’os, comme disent les financiers et certains charcutiers. Évidence : notre mission ne s’apparente plus à une gestion dite « raisonnable », mais à l’art d’accommoder les restes. Mais réjouissons-nous, nous allons mourir guéris !
« Moi, je ne fais pas de politique ». Bien sûr. Oui, oui. Et on a le droit d’y croire. Toutefois, au regard des enjeux des prochaines échéances électorales, vous devriez en faire un minimum … Enfin, je dis ça … Mais tout le monde n’a pas la vocation d’être un colibri.
« Faites comme-ci, faites comme ça ». Hé ! Oh ! On fait comme on veut ! En tous les cas comme on peut. Surtout on s’adapte à notre réalité. Et, tenez, on serait même capable d’utiliser quand même - voire en le faisant exprès - les phrases ci-dessus histoire de bien montrer aux moralistes notre indépendance d’esprit !
En revanche, ce que l’on a encore le droit d’entendre – en tous les cas ce qui fait toujours plaisir – ce sont les vœux de nos pairs. Alors, à chacune et à chacun, que 2017 soit la plus belle des années, pour vous et pour vos proches.
Illustration : J. KLAMAR/AFP