Continuons à tracer le chemin de notre profession
En ouverture de ce 31e Forum et devant cette assemblée de plus d’un millier de communicants publics, je voudrais vous raconter ce lien entre nous tous qui bâtit et renforce notre profession. L’actualité en ce jour de mouvement social nous rappelle aussi que la nécessaire transition sociétale va conduire la communication publique à jouer un nouveau rôle.
Par Bernard Deljarrie, délégué général de Cap’Com.
Intervention d’ouverture du 31e Forum de la communication publique de Bordeaux, le 4 décembre 2019.
Le Forum : un millier de participants venus débattre de l’actualité
Commençons par nous promener au milieu des 40 conférences et ateliers de ce Forum. Et au passage, remarquons que nous devons ce programme au Comité de pilotage de Cap’Com.
Ce sont eux, vos collègues du Comité, qui élaborent le programme, qui préparent les interventions, qui animent les débats. Et avec eux, plus d’une centaine d’intervenants sont mobilisés.
Je souhaite les remercier tous pour leur participation, pour l’expertise qu’ils nous apportent et qu’ils partagent avec nous.
Croyez-moi, le Forum est un intense et captivant travail collectif. Le Forum est aussi une coopération avec l’ensemble des partenaires de notre réseau. Partenaires professionnels, institutions, entreprises, associations, médias, ils accompagnent le réseau toute l’année et ils contribuent, sous des formes variées, à construire l’événement.
À leurs côtés, chaque année, de nombreuses collectivités locales et institutions publiques inscrivent le Forum dans son territoire d’accueil.
Notre Forum se construit pendant toute une année en tenant compte de l’actualité, une actualité qui, avec le mouvement social actuel, vient parfois fortement perturber l’événement. Ce mouvement social nous a fait au moins découvrir une chose : l’attachement extraordinaire que vous portez au Forum. Beaucoup d’entre vous se sont organisés pour être présents malgré les difficultés de transport. Avec le covoiturage, plusieurs dizaines de voitures vont traverser la France remplis de cap’comiens.
La coopérative Cap’Com : une étape dans le renforcement du réseau professionnel
Continuons notre cheminement et attardons-nous quelques instants sur Cap’Com, votre réseau qui a fêté l’année dernière son 30e Forum.
Cet anniversaire fut l’occasion d’un voyage dans l’histoire de notre profession et dans l’histoire de Cap’Com. Un regard qui a révélé la pérennité et la vigueur du réseau professionnel, capable d’organiser chaque année un Forum, capable d’accompagner chacun de nous dans les évolutions du métier, capable de fédérer les communicants publics et de valoriser notre métier avec des activités et des services qui ont toujours été ouverts à vous tous, à tous les communicants publics et pas seulement à des adhérents.
Le Forum est né d’une association puis s’est structuré et renforcé, et Cap’Com est devenu une petite entreprise de 10 salariés. Une équipe qui conduit le développement du réseau et met en œuvre toutes les actions. À la tête de cette structure depuis bientôt dix ans, j’ai souhaité lui donner un nouveau souffle et mieux assurer son avenir. C’est pourquoi le réseau de la communication publique et territoriale devient votre coopérative.
Faire profession, voilà l’ambition du réseau. Cap’Com se met entièrement au service des 25 000 communicants publics.
Une coopérative d’intérêt collectif pour renforcer sa mission à votre service et pour garantir nos valeurs d'utilité publique. Une coopérative pour assurer l’indépendance et la pérennité du réseau, et consolider sa gouvernance collective. Une coopérative qui sera la propriété collective de tous ceux qui souhaiteront s’y associer.
Ainsi les communicants publics innovent et dotent leur réseau professionnel d’une structure originale, solide et durable.
Cette nouvelle étape s’inscrit dans le droit-fil de l’histoire du réseau. Cap’Com reste fidèle à son histoire et à ses valeurs. Faire profession, voilà l’ambition du réseau. Cette nouvelle force, Cap’Com la met à votre disposition, pour mieux vous servir, servir les 25 000 communicants publics, les accompagner dans un futur qui s’annonce tout aussi passionnant et certainement pas moins complexe que les périodes passées.
Continuons à tracer le chemin de notre profession
Récemment, j’étais l’invité d’un colloque sur les médias locaux d’information. Le ton était à l’accusation de la com publique que certains voulaient encadrer, limiter, voire contrôler.
Je me suis dit : « Il y a encore beaucoup d’ignorance quant à notre mission et notre métier. »
C’est pourquoi notre rôle d’explication et de valorisation reste essentiel.
Ce travail de promotion de la communication publique, nous le menons en renforçant nos liens avec les institutions, les universités, les associations d’élus, les associations professionnelles, les médias.
Je pense, par exemple, à l’étude présentée au Forum et réalisée avec l’AdCF, l’association qui regroupe les élus des intercommunalités. Je pense aussi aux travaux que nous menons avec le CNFPT pour faire reconnaître vos missions et vos compétences.
Je pense encore aux relations que nous tissons au-delà de notre pays. Avec nos amis québécois et belges, présents au Forum. Avec le futur réseau des communicants publics marocains que nous accompagnons sur place. Nos relations aussi avec les instances européennes et les communicants gouvernementaux des pays de l’Union européenne qui nous associent à leurs travaux.
Je pense à notre capacité de nous adresser au grand public dans les médias, notamment au travers du spot radio que nous avons réalisé ce mois-ci en partenariat avec Radio France.
Répondre à la volonté des citoyens d’être davantage intégrés à l’élaboration des décisions publiques
Cette année, le terrain a été occupé par le mouvement des gilets jaunes. On peut y voir la violence de certains comportements. On peut surtout observer que les ronds-points des zones périurbaines se sont transformés en lieux de vie, en places publiques, en nouveaux médias. Des lieux qui ont vu s’inventer des dispositifs d’entraide, aussi généreux qu’innovants, et qui ont vu se tenir des ateliers de formation et d’éducation populaire comme il n’en existe plus.
Le jaune vif des porteurs de gilets a rendu visible un public souvent inaudible et a révélé des pratiques collectives. Le communicant public ne peut pas être insensible devant cette émergence, là où on ne l’attendait pas.
Le jaune vif des porteurs de gilets a rendu visible un public souvent inaudible et a révélé des pratiques collectives.
Les étudiants de première année du master consulting & expertise en communication de l’université Bordeaux-Montaigne viennent de faire, avec nous, un intéressant travail d’observation.
Ils ont analysé, dans les éditos des publications municipales de cette année, le traitement qui a été fait de ce mouvement social. Résultat : une quasi-absence, tout au long des éditos, des mots gilets jaunes. Et une très grande difficulté à simplement évoquer la situation sociale qui, pourtant, agitait leur territoire.
Majoritairement, les éditos des maires valorisent l’action publique dans son simple rôle d’aménageur et de gestionnaire d’équipements et de services publics sur un territoire trop souvent idéalisé. Sincèrement, je crois que notre métier est plus que cela.
Nous avons interrogé, le mois dernier, une centaine de dircoms de grandes villes et d’intercommunalités. Je peux vous dire qu’ils nous apportent la preuve que les communicants publics sont à l’écoute des citoyens et entendent leur volonté d’être davantage intégrés dans l’élaboration des décisions publiques.
Répondons à l’exigence de démocratie participative
En participant aux jurys du Grand Prix, dont nous dévoilerons les lauréats demain, j’ai aussi remarqué que la communication publique cherche plus que jamais à être en phase avec notre société, avec une société en demande de démocratie et de considération, en demande d’échanges et de débat, en demande de solidarité et d’accompagnements face aux transitions qui s’annoncent.
Nous savons parfaitement qu’il faut répondre à cette exigence bien que la démocratie participative à toutes les échelles rencontre souvent des difficultés alors même qu’une diversité d’outils existe.
Nous savons aussi que la participation citoyenne est un fondement de la démocratie et une mission première de notre métier. C’est pour cela que nous devons nous mettre à son service.
Gilets jaunes, grand débat, mobilisation environnementale, action pour l’égalité hommes/femmes, mouvements sociaux et bientôt élections locales… les citoyens prennent la parole.
Alors, ne cheminons pas en aveugles d’une société qui nous interpelle. Soyons politiques, là aussi est notre métier. Osons la communication publique qui doit plus que jamais entendre les citoyens, se faire entendre dans la société et contribuer à faire société.