(Dé)codons la communication
Le Forum Cap’Com de Lille, en décembre prochain, nous donne rendez-vous avec les racines de nos métiers, nourries par l’IA, pour décoder ensemble les défis actuels de la communication publique. Dans un espace de l’information/communication hypertrophié, bousculé et miné, dans un espace citoyen recomposé dans la douleur, les communicants publics chercheront, lors de ce congrès réunissant la profession, à apprivoiser les nouveaux codes numériques autant qu'humains.
Nous vivons une nouvelle crise et cette fois-ci dans l'urgence démocratique. Alors que les communicants, constament, partout, cherchent à donner plus de sens, à rendre lisible l’action publique, à agir pour les transitions, de façon sobre, à aller vers les citoyens les plus éloignés, par fragilité ou par méfiance, le consensus autour de l’intérêt général est altéré. Le mot est faible. La simplification ou la manipulation, les dissentions alimentées par l'émotion, le mélange entre les faits et les opinions vont en s'amplifiant. Nous mesurons tous, dans nos métiers, l'étendue des dégats si nous devions ignorer certains principes comme la dignité des personnes ou la conformité au réel, dans le respect du bien commun.
Face à la monté du populisme, on peut débattre longtemps et partager entre initiés des constats et des angoisses, on peut rapeller les principes fondateurs de notre démocratie, l'histoire... Mais, de fait, il y a de moins en moins de place pour la complexité et l'explication des subtilités de la chose publique.
Et ce n'est pas tout. Face au monolithe numérique qui s’est posé sur la planète de la relation humaine, on peut également passer du temps à philosopher. On peut le mesurer. On peut le craindre et le fuir, ou le sonder, l’apprécier, le tester… Mais, lui, ne fait pas de sentiments. Pas plus que ceux qui, par technophilie, par malice ou par appât du gain, exploitent déjà ses métaficelles. Le résultat est que l’espace de la communication se brouille, que la relation entre institutions et administrés se complique, que les infox pullulent et que les réseaux sociaux se révèlent victimes de pathologies graves.
Autant dire que le rôle de médiateur du communicant public ne peut être que plus important, que nos métiers relèvent de la santé démocratique, et que ce Forum devrait être largement prescrit !
(Dé)coder la com
La trame est floue, piquée de pixels numériques et des couleurs irisées de l’écran. Parce qu’à travers les écrans et sur le terrain, les communicants relèvent le défi de l’information dans un paysage brouillé : algorithmes, désinformation, infobésité, intelligence artificielle. Ils codent et décodent les messages pour préserver le lien de proximité tissé dans les territoires. Heureusement, c'est un cornet de frites du Nord qu'on distingue rapidement : celles cuites deux fois dans le « blanc de bœuf » et qu'on dégustera en découvrant la terre d'accueil de ce 36e Forum Cap'Com : Lille et les Hauts-de-France !
Décoder les trames numériques autant qu’humaines
Il faut donc décoder les messages et en premier lieu ceux qui montent du terrain. Décoder pour que chacun puisse mieux se comprendre, utiliser des filtres pour s’entendre (comme nous le souhaitions l’an dernier à Toulouse) mais, plus encore, pour passer au travers des grilles qui altèrent les contenus. Les trames idéologiques, clivantes, ne sont d’ailleurs pas les seuls obstacles qui se dressent puissamment dans notre paysage. Il y a le rapport à la lecture, à l’information, dont les usages sont bouleversés.
C’est terrible, mais il devient vain de vouloir dire la même chose à tous.
Il y a également les codes qui changent et qui creusent des fossés entre générations, entre tribus, entre territoires – c’est terrible, mais il devient vain de vouloir dire la même chose à tous, ce vœu égalitaire qui va de pair avec une certaine conception du service public à la française, et qui bute autant sur les zones blanches que sur les zones sensibles. Il y a aussi des trames numériques, une sorte de standardisation qui remanie les messages, subrepticement, et les divise en lots assimilables par le monolithe. Il y a enfin la trame implacable du temps, une grille de secondes, qui distribue l’attention de chacun de façon fractionnée, éclatant les moments de concentration en mille morceaux, au gré des surprises, des émotions, des curiosités…
Se serrer les coudes face aux défis informationnels
Les communicants publics ne sont pas les seuls à se tenir debout dans cette tempête d’infos, surfaites et contrefaites. Les journalistes, les élus, les réalisateurs de contenus sur les réseaux sociaux, les scientifiques et même les citoyens engagés se posent des questions similaires. Parce qu’ils font face à des défis communs. C’est pour cela que ce Forum accueillera notamment des journalistes, et non des moindres. Parce que c’est en se serrant les coudes que nous pourrons garder le fil du débat en proximité, de l’échange à échelle humaine, et, par-delà les spécificités locales, de la construction d’un bien commun sous la forme d’une société d’hommes et de femmes conscients et libres.
Cette ambition est à l’opposé d’une certaine soif d’autorité/autoritarisme, bien décrite par Rémy Lefebvre, universitaire lillois. Elle est également portée avec conviction par ceux qui depuis 100 ans forment les journalistes à l’École supérieure de journalisme de Lille. Cette école prestigieuse est présidée par une personnalité du monde de la presse, à la tête du groupe Le Monde, Louis Dreyfus. Mais c’est également l’ambition de celles et ceux qui œuvrent à l’éducation aux médias, à la confection et à la distribution de la presse territoriale, à l’accompagnement des transitions dans les villes et départements, au renouvellement des outils de la démocratie participative, à la communication en direction des jeunes ou à l’efficacité des politiques locales. Elles et ils seront tous là !
Un Forum qui aura la frite
Plus de 1 000 communicants convergeront, venant des petites collectivités comme des grandes institutions, à l’invitation de Cap’Com et de la ville de Lille, de la métropole de Lille, du département du Nord et de la région Hauts-de-France, pour traiter à fond le sujet et apprendre à coder autant qu’à décoder, à dompter l’IA (1) autant que le Falc (2) dans ce terreau de générosité et d’humanité qu’est ce territoire.
Apprendre à coder autant qu’à décoder, à dompter l’IA autant que le Falc.
Ce territoire qui a pris à bras-le-corps les maux de notre société bien en amont, alors que le reste de la France sirotait encore quelques années glorieuses. Lui qui a pris la culture comme un flambeau, un étendard, pour que, plus de vingt ans plus tard, elle continue de rayonner et de transformer son destin. Lui qui a mis à jour notre boussole de l’attractivité des territoires, la pointant vers le nord. Ici on a la frite, c’est sûr ! Cette édition sera forte par ses contenus, on vient de le dire, mais également par sa forme : son foyer sera une place de la communication publique, bruyante et joyeuse, aux multiples comptoirs, sa terrasse sera transformée en une immense brasserie façon braderie, avec les moules-frites d’usage, et à sa soirée on chantera, c’est certain, Les Corons de Bachelet !
À Lille, au Forum post-JO, on rallumera la flamme, celle d’une communication d’intérêt général qui, à l’image de la flamme olympique, traverse les villes et les campagnes, portées par des hommes et des femmes qui symbolisent l’engagement pour le collectif, la ténacité et la performance : les communicants publics.
(1) IA : intelligence artificielle ; (2) Falc : Facile à lire et à comprendre.
Les inscriptions sont ouvertes
Donnez-vous dès maintenant la chance de profiter du Forum Cap’Com de Lille. C'est simple et rapide : complétez votre demande en ligne. Au préalable, choisissez votre visite pro du mardi et définissez vos temps de présence (déjeuners et soirée). Vous recevrez votre convention de formation à nous retourner signée, accompagnée d'un bon de commande.