Demain tous influenceurs cheveux ?
Parfois sur les réseaux sociaux entre deux sujets politiques sérieux surgit un OMNI (objet média non identifié). Ainsi en janvier sur Instagram, une chevelure ondoyante nous prit au dépourvu. Détournée, moquée, critiquée, elle devint l’ultime sujet de conversation tendance, balayant en quelques heures toutes nos angoisses vaccinales. La twittosphère entière devenait spécialiste du lissage brésilien.
Un sujet capillotracté par Cécile Staroz, chargée de communication au département du Finistère.
@_falbala
Marlène Schiappa n’en étant pas à sa première gaffe en communication, j’avoue que cette minipolémique sur un potentiel placement de produit me fit plutôt sourire en cette période morose.
Et puis je me souvins que, peu de temps avant, Nicolas Hulot avec sa coupe au bol s’était vu traité de Playmobil et que récemment, lors de sa dernière allocution télévisée, les commentaires sur la coupe et la mèche du président Macron allaient bon train.
Coiffure et communication, je tenais un sujet pour la prochaine newsletter !
La chevelure, un marqueur social depuis toujours
En Grèce antique déjà les femmes des classes aisées portaient souvent des coiffures longues et compliquées. Plus la coiffure était complexe, plus la femme était de haut rang. Quant aux jeunes guerriers lacédémoniens, ils gardaient les cheveux longs pour paraître plus grands et plus nobles.
Sortir « en cheveux », donc sans coiffe ou chapeau, pour les femmes en France était considéré comme dégradant jusqu’au milieu du XXe siècle.
Et encore aujourd’hui la royauté britannique n’est pas en reste, toujours soumise à un protocole très strict, chacune des femmes de la famille royale possède son beauty look bien défini, une couleur de cheveux et une manière de se coiffer bien précises afin qu’en un clin d’œil, on puisse les reconnaître. La marque royale.
Une image forte du pouvoir
Ainsi tout comme la cravate, la couleur du costume ou la hauteur des talons, la coiffure de chaque homme ou femme de pouvoir fait partie d’une image politique très travaillée depuis longtemps.
Louis XIV portait de lourdes perruques à la cour et sur tous les tableaux, elles jouaient un rôle essentiel dans son image, montrant sa grandeur et sa puissance au monde à travers d’abondantes boucles noires.
Plus près de nous, Donald Trump, avec plus de 70 000 dollars annuels pour entretenir ses vrais cheveux, avait fait de sa coiffure un symbole de sa puissance présidentielle et de sa virilité. « Je suis comme Samson, ma chevelure est la preuve de ma vigueur », disait-il, se moquant ostensiblement de tous ceux qui, comme Biden, n’en avaient plus guère.
Une coiffure pour lutter contre le racisme
À l’époque où elle était porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, critiquée pour sa coupe afro et ses cheveux non lissés, a tenu bon, revendiquant ainsi, comme l’avait fait Christiane Taubira avant elle, de porter l’expression de sa liberté et de sa fierté d’être noire.
Même en dehors du monde politique, les cheveux dépassent leur seule dimension esthétique.
Souvenez-vous de Mai 68 et de ces hippies revendiquant leur liberté à coup de longues chevelures emmêlées. Les fameuses « natty dreadlocks » de Bob Marley ont joué un rôle-clé dans son succès ; cauchemar de l’establishment, les locks sont au cœur de la lutte rasta.
Aujourd’hui, à travers des artistes engagés comme Solange ou Lady Gaga, ils transgressent encore les normes sociales et posent des questions politiques et identitaires au quotidien.
Avec le masque, ce que l’on voit en premier
En ces temps de crise sanitaire, et avec le port du masque, la chevelure est souvent la première chose que l’on reconnaît chez nos amis et nos collègues quand on les croise.
Souvenez-vous, après le premier confinement, de notre ruée chez le coiffeur, ne supportant plus sur Zoom de se voir, le cheveu trop long pour les uns ou les racines apparentes pour les autres.
Toujours cette image de nous-mêmes que nous portons chaque fois que l’on se regarde masqué dans un miroir ou que l’on se présente à l’autre.
Alors faisons un rêve… Et si, à la faveur de cette crise qui nous bouscule, on en profitait pour libérer nos cheveux de leur carcan ? Qu’importe qu’ils soient lissés, sauvages ou absents ? Si on les laissait vivre leur vie, au moins eux ?
#FreeHair !!