Faites vos jeux !
L’autre jour, j’ai écouté un intéressant podcast sur la gamification en entreprise (1), autrement dit l’usage du jeu pour aider le management. Je m’étais réjouie, me disant « Chouette, je vais sûrement trouver de nouvelles idées à déployer en interne ! ». Au bout de quelques minutes, j’ai compris que le traitement du sujet n’irait pas dans mon sens...
Par Pauline Moussalli, responsable de la communication interne de la ville de Mulhouse et de Mulhouse Alsace Agglomération.
Les débats dénonçaient l’asservissement des employés en les mettant en compétition forcée, ou encore l’appât des tournois de baby-foot pour engranger des heures supplémentaires… Je me suis alors demandé si je participais, sans le vouloir, à une manipulation à grande échelle, le jeu étant l’arbre cachant la forêt d’une qualité de vie au travail défaillante.
Car j’aime jouer et j’aime faire jouer mes collègues : la médiation du pion permet le petit pas de côté pour enclencher les discussions, les réflexions et les échanges plus profonds. Quand on déballe un jeu de cartes ou de plateau, l’ambiance change : on repère les joueurs, motivés pour gagner, et ceux qui jouent collectif. On voit des timides s’ouvrir et se révéler de fins stratèges, des ronchons devenir enthousiastes, des cris, des yeux qui pétillent, des rires, beaucoup de rires.
Et c’est cet état d’esprit qui permet, en cours de partie et dans le débriefing qui suit, de planter des graines. Libérés du bloc-notes et acteurs de la réflexion, les joueuses et joueurs apprennent et retiennent. Apprendre en jouant : pourquoi cela ne fonctionnerait-il que sur les enfants ? L’important étant l’intention et le sens donné au jeu : sensibilisation, découverte d’un sujet, renforcement de la cohésion et de l’esprit d’équipe… Le jeu peut être de plateau, de cartes, de piste, numérique, physique, sérieux ou moins sérieux : il existe un éventail de possibilités qui, parfois, valent toutes les conférences ou diaporamas.
Alors, est-ce de la manipulation ? J’imagine que cela peut le devenir lorsque le but final est mercantile ou crée une compétition malsaine au sein d’une équipe. Ou peut-être lorsqu’il est rendu obligatoire. Pour ma part, je trouve que les « serious games » ajoutent une nouvelle corde à notre arc de communicants internes. Une occasion supplémentaire de créer de la cohésion, du lien et de l’intelligence collective. À proposer quand il le faut, auprès des bons publics et au bon moment : finalement, un média de plus à inclure dans nos plans de com !
D’ailleurs, il n’y a qu’à voir les boîtes des jeux de société : il est toujours indiqué l’âge de la cible. Pour les adultes, c’est simple, c’est toujours jusqu’à 99 ans ! Alors pourquoi s’en priver ?