Incivilités et propreté : détournement de preuve pour lutter contre les dépôts sauvages
Zoom sur deux campagnes de com qui utilisent avec une pointe d’ironie des photos et vidéos réelles pour traiter le sujet récurrent des ordures et encombrants jetés sur la voie publique.
« Le gagnant du mois » de la ville de Libourne
Fin avril 2024, la ville de Libourne a inauguré une nouvelle publication vidéo mensuelle sur son compte Facebook : « Le gagnant du mois ». Dans cette vidéo présentée par « la police de la propreté », les images montrent une personne floutée déchargeant des ordures d’une camionnette et les entassant sur le trottoir. « 1 300 euros pour notre gagnant du mois », annonce la vidéo qui conclut : « Déchet abandonné, contravention assurée ! », rappelant que les auteurs de dépôts sauvages identifiés risquent une amende administrative.
La ville applique ce dispositif de verbalisation depuis 2023 et veut le faire savoir aux habitants incrédules ou incivils. Les dépôts sauvages de déchets persistent, la ville signe. En ce printemps 2024, elle passe au niveau supérieur en exploitant les images de vidéosurveillance pour sa communication. Une pratique légale, rappelle le maire à RTL : « La loi autorise la vidéo verbalisation pour certaines infractions, dont les dépôts d'ordures sauvages. » L’édile affirme que, depuis le lancement de cette campagne, « les choses vont relativement mieux ».
« Brutea, un catalogue pour un Dénia mieux meublé »
La ville de Dénia en Espagne a elle aussi choisi de fonder sa communication contre les dépôts sauvages sur de vraies images d’incivilités… malicieusement détournées. « À Dénia, il y a des gens qui, lorsqu'ils décorent leur maison, redécorent les rues. Nous avons donc lancé le catalogue Brutea [contraction de brut, « sale » en catalan, et d'Ikea, ndlr], un catalogue pour un Dénia mieux meublé avec de vraies photos prises par les agents de la propreté », explique la ville. Objectif : interpeller les habitants sur le coût pour la collectivité de ces incivilités et l’existence d’un service d’enlèvement gratuit de déchets encombrants à domicile.
#BRUTEA
— Ajuntament de Dénia (@ayto_denia) March 13, 2024
🪑 Si decores casa... tampoc ens 'redecores' la platja! 🏖️
📞 Telefona al servei gratuït de recollida de trastos 👉🏻 96 643 11 54
📷📍 Cadires retirades hui de Punta del Raset pel servei de neteja de platges.@deniaviva pic.twitter.com/GA8B8OuTIX
Lancée en mars 2024, la campagne réalisée par l'agence de publicité Sapristi Décom reprend tous les codes du populaire catalogue Ikea, dont l'impression a cessé en 2020 mais qui reste dans la mémoire des consommateurs. Les meubles abandonnés sur la voie publique se voient attribuer des noms à consonance suédoise, inventés à partir de mots catalans, comme Fästik (fàstic, « dégoût » en catalan), ou Malsön (malson, « cauchemar »), et un prix très élevé correspondant au coût pour la collectivité de ces incivilités. « À chaque fois que vous décorez Dénia avec vos ordures, ça nous coûte cher à tous. Appelez le service gratuit de collecte de meubles à domicile et montrez une meilleure ville », rappellent les affiches.
La campagne, déployée en affichage sur les réseaux sociaux, a gagné le prix Goliad du meilleur graphisme début mai, à Barcelone lors de la 18e édition des Goliads UAO CEU Awards, un festival de communication et de publicité où les étudiants jugent et reconnaissent le travail des professionnels du secteur.
La ville prévoit une nouvelle vague de la campagne « Brutea », avec de nouvelles créations réalisées avec de vraies photos, prises par les agents de nettoyage, de meubles et de vieux déchets laissés dans la rue par la population.