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La communication en soutien aux nouvelles mobilités

Publié le : 16 mai 2024 à 07:28
Dernière mise à jour : 30 mai 2024 à 09:08
Par Bernard Deljarrie

L’enjeu est de faire coexister toutes les mobilités dans l’espace public urbain. Car le développement des nouveaux modes de déplacement appelle à des changements de comportements. Les communicants publics conçoivent aujourd’hui des campagnes qui portent le concept de la rue partagée et des mobilités douces. Le benchmark que nous présentons ici – 13 campagnes à découvrir – illustre cette nouvelle dimension de la communication publique.

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La crise environnementale et la pandémie ont profondément bouleversé la mobilité des urbains. Le vélo a progressé dans les modes de transport. L’exemple de la capitale illustre le phénomène : aujourd’hui 11,2 % des trajets se font à vélo dans Paris (contre 4,3 % en voiture) alors que seulement 3 % des trajets se faisaient à vélo en 2010. C’est toute la communication sur la mobilité qui s’en trouve à revoir car le partage de la rue et des espaces publics entre les différents usagers est devenu un enjeu majeur pour les villes.

Il faut faire cohabiter dans l’espace public des modes de déplacement qui se multiplient, le tout-voiture étant dépassé. Mais il s’agit aussi de renforcer ce mouvement vers de nouvelles mobilités – marche, vélo et engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) –, moins émettrices de gaz à effet de serre.

Les communicants publics ont un rôle à jouer pour accompagner ces changements de comportements. Depuis quelques années, ils conçoivent des campagnes qui ne visent plus seulement la sécurité routière mais portent les concepts de la rue partagée et des mobilités douces. Ces campagnes visent à inciter l’automobiliste à se diriger vers des options alternatives en abandonnant la voiture individuelle pour les trajets urbains. Un changement de comportement important qui demande de faire accepter des limitations d’usage pour les automobilistes.
La communication cherche aussi à améliorer l’information voyageurs, afin de faciliter les comportements nouveaux, de prendre en compte de nouvelles règles de circulation et de sécurité, et de rationaliser les choix de mobilité.
Et enfin, et surtout, la communication tente d’assurer l’adhésion de tous à ces nouvelles mobilités dans un espace public à partager différemment.

Treize campagnes « mobilité » pour repenser notre communication

Les communicants publics ont réalisé ces 13 campagnes de communication portant sur la mobilité urbaine. Elles sont pleines d’idées, créatives, humoristiques ou anxiogènes, souvent graphiquement impactantes. Elles visent de nouveaux publics, comme les cyclistes, et portent des messages qui tentent de faire évoluer les comportements des automobilistes mais aussi de tous les usagers de la rue. Un benchmark inspirant pour repenser notre communication.

Monts du Lyonnais : promouvoir les modes de déplacement durables

La campagne de communication de la communauté de communes des Monts du Lyonnais avait un objectif clairement énoncé : « Sensibiliser aux modes de déplacement durables et réduire l’utilisation de la voiture individuelle ». Comme le recommande l’Ademe, l’exemplarité est efficace pour promouvoir les changements de comportements. D’où cette campagne d’octobre 2021 pour que « les habitant.e.s parlent aux habitant.e.s ». Le message est porté par ceux qui, au quotidien, l’expérimentent. Des femmes et des hommes du territoire, qui se déplacent à pied ou à vélo, qui pratiquent le covoiturage ou qui prennent le bus sont à l’honneur sur les affiches. Affiches et livret de la campagne sont fondés sur l’authenticité, sur l’exemple pour inciter les habitants à se déplacer autrement. Si votre voisin le fait, pourquoi pas vous ? Le témoignage est une arme essentielle pour lever les réticences au changement et donner envie d'essayer un nouveau comportement.

Métropole de Montpellier : partager la rue avec les cyclistes

C’est pour sensibiliser les usagers de la voie publique aux règles de circulation que la métropole de Montpellier a créé cette campagne de communication lancée en mars 2023. Sous l’accroche « Partager la rue », les affiches s’adressent principalement aux cyclistes pour les inviter, face aux changements d’usage, à adapter leurs pratiques et à être davantage vigilants et respectueux des autres.

Lyon : sensibiliser les usagers de l’espace public

La ville de Lyon s’est attachée à repenser la façon dont l’espace public est partagé. Cette évolution a suscité des débats sur la répartition entre les différents modes de déplacement et sur la cohabitation harmonieuse entre les usagers de ces modes, avec comme point de vue la sécurité de chacun et notamment celle des piétons les plus fragiles. En 2023, la ville lance une campagne, en partenariat avec la préfecture et la métropole, pour sensibiliser les usagers de l’espace public au respect des règles de sécurité pour un bon partage de la rue. Les visuels, « d’une tonalité positive, rassembleuse et engageante », déclinent les grands modes de déplacement urbains (la marche, le vélo, la trottinette et la voiture).

Ademe : valoriser les bénéfices des mobilités alternatives

À l’occasion de la Journée nationale de la qualité de l’air de 2023, l’Ademe a promu la campagne « Changeons d’air, changeons de mobilités ». À destination du grand public et des collectivités locales, cette campagne visait à sensibiliser aux bénéfices des mobilités alternatives sur l’amélioration de la qualité de l’air. Cinq messages ont été diffusés en radio, en presse, sur le web et dans les salles d’attente des cabinets médicaux. Un kit de communication à destination des collectivités est disponible, leur permettant de personnaliser les contenus, et de s’approprier et diffuser les messages.

Dieppe : prendre soin des autres

C’est dans le cadre d’une démarche participative que la ville de Dieppe a conçu cette campagne d’affichage sur le partage de l’espace public. Dévoilée en mars 2023, elle a été analysée dans Point commun et dans le cadre du Grand Prix de la communication publique 2023.

Métropole de Lyon : encourager la courtoisie dans la rue

Sur un ton humoristique, la métropole de Lyon affiche le bon partage de la rue. La campagne, lancée en mars 2024, s’attaque aux mauvais comportements des automobilistes et des deux-roues qui mettent en péril les autres usagers. Elle rappelle que dans la rue la courtoisie et la sécurité sont la priorité.

Annecy : bien circuler en ville

Sensibilisation sur les règles pour bien circuler en ville, telle a été l’ambition de la communication de la ville d’Annecy. Cette campagne sur les règles pour bien circuler en ville est apparue sur les réseaux sociaux de la ville en octobre 2023. Elle s’est accompagnée d’un dossier « Mobilité, l’heure du changement » dans Annecy mag.

Île de Ré : rappeler aux cyclistes les règles de prudence

Le vélo est le mode de déplacement le plus fréquent sur l’île de Ré, surtout pendant les vacances d’été. Les vélos y sont très nombreux sur les itinéraires cyclables. L’objectif de la communication de la communauté de communes de l’Île de Ré, réalisée en juin 2023, fut de rappeler aux cyclistes quelques règles de prudence. Se rendre visible de tous, trouver sa place au sein de la circulation, tenir compte des autres usagers... Le guide « Sécu-Rétais » a complété la communication par des conseils pratiques et les règles de sécurité qui permettent de pédaler en toute sérénité ! 

BPA (Suisse) : prévenir les accidents de deux-roues

Le Bureau de prévention des accidents de la Confédération helvétique a comme mission, depuis 1938, de faire baisser le nombre d’accidents graves en Suisse. En 2022, il cible pour la première fois les utilisateurs de vélo électrique. La campagne « Après un accident d’e-bike, tout est sens dessus dessous » a pour but d’instaurer quatre comportements à adopter au guidon : se rendre visible, être prêt à freiner, mettre un casque et être équipé d’un ABS. Pour ce faire, chaque comportement est associé à une vidéo et une affiche. Sans montrer l’accident, le visuel dramatise la situation car c’est le spectateur qui est au sol observé par une personne (ou un animal) qui semble arriver trop tard pour sauver la victime. Comme beaucoup de campagnes de prévention liées aux accidents de la circulation, celle-ci joue sur les émotions négatives qu’elle génère, et qui, dans certains cas, peuvent être une méthode de persuasion efficace.

Laval (Québec) : rouler plus doux dans les rues

La ville de Laval, située dans la banlieue de Montréal et forte de plus de 400 000 habitants, a signé en août 2023 une campagne préventive visant à sensibiliser les habitants au respect des limites de vitesse dans les rues. Le spot s’adresse aux automobilistes, invités à rouler « tout doux » dans la ville, avec l’idée d’assurer un meilleur partage de la rue entre toutes les personnes qui l’utilisent. Plutôt qu’une campagne « choc » portant sur les risques et conséquences de la vitesse au volant, la ville a misé sur une vidéo aux accents pop et à l’ambiance déjantée. Face à trop d’indifférence et une certaine fatigue publicitaire, la campagne est portée par de l’affichage, jusque sur les sacs de compost, et un important volet numérique.

Lorient : respecter le code de la rue

C’est sous une même accroche « Partageons la rue » mais accompagnée de la notion de Fair Play et d'un traitement graphique inspiré du célèbre jeu Monopoly que la ville de Lorient a diffusé en 2022 et 2023 un volet autour du respect et du partage de l’espace public entre tous les usagers. Deux des visuels de sa campagne « Lorient Poli, le jeu du mieux vivre ensemble » sont consacrés à la cohabitation entre les moyens de transport, y compris la trottinette : l'un avec des personnages en vélo, trottinette et voiture en guise de pions sur le plateau de jeu, l'autre façon "carte chance" pour rappeller de réduire sa vitesse. Une déclinaison en motion design a également été diffusée sur TikTok.

@villedelorient #Lorient #LorientPoli #trottinette ♬ son original - villedelorient

Un « code de la rue » pour faciliter et sécuriser les déplacements de tous les usagers

Il est né d’une lente évolution des mentalités, passant du tout-automobile dans les années 1980-1990 à une prise en compte de tous les usagers de la rue, piétons et cyclistes notamment. Soutenu par l’association Rue de l’avenir et le GART, le code de la rue vise à mieux organiser le partage de l’espace public. Souvent élaboré en concertation avec les usagers, il repense l’aménagement des espaces urbains et construit une démarche pour accompagner les changements de comportements nécessaires.

Plusieurs villes se sont dotées d’un tel document, comme le code de la rue de Paris, en vigueur depuis juin 2023, ou celui, édité en mai 2024, de Toulouse.

Miramas : bien se conduire

Dans sa campagne contre les incivilités routières, la ville de Miramas n’en oublie pas les trottinettes. Vitesse excessive, stationnements gênants, non-respect de la zone bleue, rodéos urbains… et utilisation de trottinettes sur les trottoirs, les nuisances sont légion. La campagne de communication « Bien se conduire », de novembre 2023, les réunit dans une série de messages centrés sur la verbalisation. Une approche traditionnelle que l’on rencontre souvent pour les incivilités du quotidien. Du civisme de chacun, explique la ville, dépend le respect de la tranquillité de chacun. Les visuels sont déclinés sur différents supports, affiches et réseaux sociaux…

Pau : lutter contre le stationnement gênant

Cette campagne vise à rappeler les règles en matière de sécurité routière et de stationnement car, constatait la mairie de Pau, « certains comportements s'étaient ancrés ». Priorité a été donnée à la lutte contre les stationnements inappropriés sur les trottoirs, les passages piétons, les emplacements PMR, les pistes cyclables ou les voies partagées. La ville de Pau a engagé plusieurs actions pour accompagner le passage à des modes de transport propres et pour donner toute leur place aux circulations douces.