La parole publique face aux discours populistes
En cette période électoralement agitée, avant les élections présidentielles, après les surprises du Brexit, des élections américaines et des dernières primaires et alors que le président de la République est contraint au mandat unique, osons une réflexion personnelle.
Intercention de Bernard Deljarrie, délégué général de Cap'Com, en ouverture du 28e Forum de la communication publique de Marseille, le 7 décembre 2016
En France, en Europe, et même au-delà, je crois que les communicants publics ne peuvent pas rester indifférents à la prééminence de discours populistes.
Ces discours renforcent la crise de confiance dans tous les systèmes de représentation, dans les institutions et les corps intermédiaires ; les institutions, c’est ce qu’ils représentent. Ces discours populistes portent un discrédit facile qui frappe les élites, les politiques, les journalistes ; c’est bien ce que sont les communicants publics, un peu tout à la fois. La montée des discours populistes s’accompagne aussi d’une critique systématique de la parole publique, qu'elle soit institutionnelle ou scientifique ; cette parole, c’est là leur métier.
La situation actuelle a ses raisons, politiques, économiques et sociales que Michel Maffesoli, dans la conférence d’ouverture du Forum de la communication publique analyse. Les communicants publics ont aussi, je crois, leur part de responsabilité que Michel Maffesoli rappelle fort justement.
Mais ce qui doit sous-tendre l’action des communicants publics et ce qui sous-tend mon engagement au sein du réseau, c’est la certitude que la France a besoin, plus que jamais, d’une parole publique audible.
Notre démocratie a besoin de la parole des communicants publics. Une parole qui porte des sujets complexes, une parole qui aide à la gouvernance, une parole qui contribue à la participation, une parole qui s’adresse à tous et qui favorise le vivre ensemble.
Les institutions publiques doivent savoir se faire entendre dans ce monde médiatique bourdonnant où les rumeurs, les contre-vérités scientifiques, les théories complotistes, les propagandes extrémistes circulent plus vite que nos beaux discours. Un monde médiatique où la parole publique est soit noyée, soit forcée d’adopter des codes qui ne sont pas les siens.
Dans ce contexte, ne baissons pas les bras, cherchons au contraire à relever le débat public.
Notre démocratie a besoin de la parole des communicants publics.
Bernard Deljarrie Délégué général de Cap’Com Intervention en ouverture du 28e Forum de la communication publique de Marseille, le 7 décembre 2016
Renforcer notre métier et continuer à penser ensemble notre rôle dans la société
Pour cela, il nous faut encore renforcer le métier. Cela commence par la formation de chacun pour mieux comprendre et s’adapter. L’année dernière, j’avais lancé une mobilisation pour la formation continue des communicants publics. Cette année, j’en mesure les résultats : près de 2500 communicants publics se sont formés au sein du réseau, soit près d’un communicant public sur dix.
Dans le contexte actuel, je crois aussi qu’il nous faut continuer à penser ensemble notre rôle dans la société. C’est pourquoi je salue tous ceux qui s’engagent ainsi dans cette réflexion collective sur notre métier. Réunions, groupes de travail, interventions, articles et débats… plus de 250 communicants publics sont venus cette année échanger et réfléchir au sein du réseau. Sans exclusivité, sans hiérarchie, sans partie pris.
Agir au-delà de la profession pour faire mieux reconnaître notre mission
Enfin je crois qu’il faut aussi agir au-delà de la profession pour faire mieux comprendre et faire mieux reconnaître le métier. C’est là une mission essentielle que Cap’Com conduit au nom des communicants publics. Ainsi, l’association tisse des relations continues avec des associations d’élus, de directeurs, de dircabs et avec de nombreuses institutions. Elle conduit aussi beaucoup d’études et d’enquêtes pour étayer le métier d’un regard plus expert. Elle intervient souvent et répond aux sollicitations des médias pour faire part de ses actions, pour expliquer les missions ou plus simplement pour justifier les dépenses de communication. Articles, interventions, interviews se succèdent comme par exemple la participation, en avril dernier, à une heure d’une grande émission sur France Inter sur le nom des nouvelles régions.
Aujourd’hui la force des communicants publics est de partager une mission de service public et une éthique professionnelle affirmées dans la charte de la profession adoptée il y a 15 ans, lors du 14e Forum Cap’Com de Marseille. Leur force est aussi de disposer d’un réseau collectif dans lequel règne la confiance. Un réseau ouvert à tous et porté par tous. Une association qui a comme seul intérêt cette mission de service public et qui a comme seule finalité ce métier de communicant public. Je tiens, très sincèrement, à remercier tous les communicants publics de la confiance qu’ils lui accordent. Et je suis fier que Cap’Com porte ainsi haut et fort le métier.