La solidité de la com publique réside dans son utilité concrète
« Quelles sont les informations que mes habitants vont rechercher cette année dans les supports que ma collectivité locale va leur adresser ? » Voilà bien une question que se posent tous les communicants publics en ce début d’année 2023. Les résultats de la 7e édition du Baromètre de la communication locale nous permettent d’y répondre et d’imaginer comment conduire les habitants à s’intéresser et à participer à la vie locale.
« Dans mon prochain magazine territorial, je vais publier un dossier sur l’histoire locale avec des interviews d’habitants. » Nombreux sont les rédacteurs de supports territoriaux qui ont eu cette idée en supposant qu’ils avaient là un excellent sujet. Et pourtant, ce n’est pas l’avis des Français !
Selon le Baromètre de la communication locale, les informations sur l’histoire et les habitants du territoire intéressent nettement moins que l’actualité de la vie associative, sportive et culturelle de leur collectivité. Si l’on pouvait hiérarchiser les contenus qui intéressent plus particulièrement les Français à la lecture des journaux territoriaux, des sites internet ou des réseaux sociaux de leurs collectivités locales, le classement serait le suivant :
Une attente d’infos pratiques
Pas de doute, les habitants attendent de la communication de leurs collectivités des informations utiles à leur vie quotidienne sur le territoire. Un souhait que confirment bien les verbatim tirés du Baromètre : « Des informations pratiques pour m'aider dans mon quotidien », « Tout ce qui est côté pratique », « Tout ce qui peut être aide et accompagnement ». « La solidité de la communication publique réside dans son utilité concrète », concluait Cap’Com lors de la conférence de lancement du Baromètre, le 7 décembre dernier.
D’une certaine façon, cette attente est aujourd’hui relativement satisfaite. L’information émise par les collectivités locales dans leurs magazines, leurs sites ou leurs réseaux sociaux est largement jugée utile par les habitants. C’est particulièrement vrai dans les communes, où plus de deux tiers des Français jugent que l’information qui leur est donnée par leur mairie est utile.
Le Baromètre Epiceum & Harris Interactive de la communication locale
Le Baromètre Epiceum & Harris Interactive de la communication locale a rendu publique sa 7e édition réalisée en septembre 2022. Ce sondage grand public, réalisé tous les deux ans par l’institut Harris Interactive, l’agence Epiceum en partenariat avec Cap’Com et le groupe La Poste, offre un regard pertinent sur la perception qu’ont les Français de la communication de leurs collectivités locales. Il mesure l’usage que les Français font des différents supports mis à leur disposition pour s’informer au plan local et évalue ainsi l’efficacité de la communication territoriale. Il révèle aussi les attentes des habitants au regard des sujets abordés par la communication territoriale. La conférence de lancement de l’édition 2022 s’est tenue le lundi 7 novembre 2022 à l'Association des maires de France, et le Forum Cap’Com de Strasbourg a été l’occasion d’une analyse de certains résultats. Cap’Com est partenaire du Baromètre depuis la première édition de 2009.
Découvrez les analyses réalisées par Cap’Com.
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Des sujets locaux encore insuffisamment traités
Mais sur certains sujets les Français en attendent davantage. Observons la liste des items se rapportant à la vie locale. Pour chacun, il a été demandé aux Français interrogés par le Baromètre s’ils disposent d’une information tout à fait suffisante, plutôt suffisante, plutôt insuffisante, tout à fait insuffisante par rapport à leurs besoins d’information.
Il est des thèmes qui, pour plus d’un tiers des habitants, ne sont pas suffisamment traités par la communication territoriale. Et ces sujets ne sont pas des moindres. L’action sociale, la solidarité, la santé, la vie économique, l’environnement, la sécurité, autant de sujets qui figurent parmi les priorités des Français, selon toutes les études d’opinion, et qui s’avèrent insuffisamment couverts par la communication territoriale, selon le Baromètre.
Une communication publique qui couvre mieux les attentes des Français
Il est intéressant d’analyser si la communication territoriale répond mieux aujourd’hui à ce besoin d’information sur ces sujets essentiels. Les résultats du Baromètre sur dix années peuvent nous rassurer. Sur bien des sujets, l’information donnée est mieux jugée aujourd’hui qu’il y a dix ans. L’action sociale, la solidarité, la santé gagnent 10 points. La sécurité, la prévention, 8 points. Le prix des services publics, sujet sensible en cette période d’inflation et de contraintes budgétaires, gagne plus de 15 points même si ce sujet reste encore insuffisamment abordé pour près d’un habitant sur deux.
Focus : l’information locale sur l’environnement encore insuffisante
Plus d’un tiers des Français ne s’estiment pas suffisamment informés sur les actions locales en faveur de l’environnement. C’est pourtant un sujet majeur que le dérèglement climatique de l’année 2022 a imposé. Depuis dix ans, cette attente d’une information plus complète, plus directement utile, reste particulièrement forte alors même que les collectivités locales sont devenues des acteurs majeurs de la transition écologique. Sur certains sujets liés à l’environnement, la communication semble toutefois suffisante : 70 % des Français interviewés par le Baromètre de la communication locale s’estiment bien informés sur la réduction et le tri des déchets. Sur d’autres sujets, il n’en est pas de même : près de 50 % des Français se sentent mal informés par leurs collectivités sur les conséquences pour eux du dérèglement climatique. 40 % déplorent le manque d’informations sur les solutions de transports alternatifs locaux.
La pédagogie de la participation citoyenne doit progresser
« Après une séquence électorale marquée par des taux d’abstention records, nous avons souhaité, expliquent les auteurs du Baromètre, questionner les Français sur leur perception des dispositifs de participation citoyenne, souvent présentés comme des remèdes aux maux de la démocratie représentative. Grand débat national, Convention citoyenne pour le climat et désormais Conseil national de la refondation, l’objectif était de mesurer les impacts que ces dispositifs ont pu laisser dans l’opinion des Français, sans oublier les innombrables formes de concertation également proposées dans les territoires. C’est le grand paradoxe de cette enquête : si, pour une écrasante majorité de Français (90 %), ces dispositifs sont perçus comme une bonne chose, seuls 55 % des répondants déclarent en avoir entendu parler au cours des douze derniers mois, soit 8 points de moins qu’en 2020 ! »
Un paradoxe qui fut débattu lors d’un grand débat du Forum de la communication publique à Strasbourg le 15 novembre 2022 avec Syamak Agha Babaei, premier vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg et premier adjoint de la ville de Strasbourg, Dominique Djian, directrice de la communication de la Métropole de Lyon, Christian de la Guéronnière, directeur de l’agence Epiceum, Erwan Lecœur, sociologue, et Jean-Daniel Lévy, directeur de l'institut Harris Interactive. En effet, pour 29 % des Français les dispositifs de participation sont une très bonne chose et pour 61 % d’entre eux c’est une bonne chose. 20 % souhaitent leur développement, entre un quart et un tiers des habitants sont disposés à y participer. Mais ils sont peu nombreux à se sentir bien informés sur les concertations citoyennes organisées.
43 % des Français n’ont pas entendu parler de dispositifs de participation citoyenne. 31 %, s’ils en ont entendu parler, ne savent pas vraiment ce dont il s’agit. Les Français se déclarent particulièrement mal informés, pour près des deux tiers, sur les détails de ces dispositifs, les thèmes de la concertation, les modalités de participation proposées, les résultats de ces concertations et leur prise en compte par les décideurs publics.
La faute à la com ? Ces résultats ne peuvent laisser insensibles les communicants publics. Les dispositifs de participation citoyenne se développent, à la demande des élus, mais, pour qu’ils trouvent leur public et donc leur utilité, ils doivent gagner en qualité et en représentativité. « Une communication plus adaptée et mieux ciblée permettrait d’atteindre cet objectif », constate le Baromètre. Au risque qu’une participation citoyenne mal connue, mal conduite, mène à accroître la défiance envers les élus et les institutions.