L’art hors les murs, les musées ont pris la parole dans l’espace public
La période de fermeture imposée aux musées les a conduits à ouvrir le champ de leurs propositions muséales. L’art hors les murs a pris une place dans la ville. Cette présence et cette prise de parole dans l’espace public, qui sont appelées à se pérenniser, viennent s’articuler avec la communication de la ville.
Rendre l’art accessible alors que le musée est fermé, c’était là le défi à relever. La première réponse fut numérique. Sur la toile, les musées se sont ouverts au monde bien au-delà de leur territoire habituel. Aujourd’hui le numérique et les réseaux sociaux apparaissent comme des auxiliaires indispensables pour les rendre visibles. Mais les musées post-confinement ne seront pas que davantage numériques. Ils seront aussi hors les murs.
À Nîmes, les œuvres du Carré d'Art – musée d'Art contemporain, sont venues au-devant des publics les plus touchés par la pandémie. Le musée d’Ethnographie de Neuchâtel a monté un jeu de piste à l’échelle de la ville. Le musée des Beaux-Arts de Quimper a co-produit des œuvres de street art sur les murs du quartier Penhars. La Maison de la culture d’Amiens a investi durablement son parvis.
Le Muséum de Bordeaux a inventé un dispositif itinérant « Le Muséum chez vous » qui se poursuivra au-delà de sa réouverture. Le cabinet de curiosités itinérant du musée de Picardie poursuivra aussi ses pérégrinations dans les établissements scolaires et hospitaliers du territoire.
Les musées de La Rochelle organisent des ateliers « hors les murs » pour les enfants. À Lyon, les musées ont exposé leurs œuvres sur le réseau de transport public. Vandœuvre a mis en lumière l’art contemporain dans une exposition inédite dans les rues de la ville. À Troyes, les musées ont organisé un parcours muséal urbain en 25 stations. À Montpellier, les habitants du quartier Celleneuve deviennent les médiateurs d’une exposition de street art organisée avec le Frac.
Ce qui marque cette année muséographique, c’est la présence de l’art dans l’espace public. Cette richesse des initiatives hors les murs invite à une réflexion plus large sur les rapports entre le musée et la ville. Car lorsque le musée investit des espaces extérieurs pour y assurer sa visibilité et y rencontrer le public, il vient participer d’autant plus à l’animation et à la communication du territoire. « Ce qui est en jeu dans le hors les murs est moins le fait de sortir le musée à l’extérieur que de trouver la bonne distance de l’institution à son territoire et aux individus qui le composent. » Les liens qui se sont tissés entre les musées et leur ville, entre leurs communicants, sont donc certainement appelés à se renforcer.