Le PDG et les braves petits soldats
« Un sentiment d’injustice règne » à Radio France, en raison de l’éviction de Mathieu Gallet de la présidence. Le Monde décrit ainsi l’ambiance à la Maison ronde. « Injustice » ?
Par Alain Doudiès, consultant et ancien dircom
Ce dirigeant d’une entreprise publique s’asseyait sur le Code des marchés publics. Ce brillant sujet, membre de plusieurs cabinets ministériels, puis PDG de l’INA, qui n’a d’une PME ni la taille, ni le statut, ignorait les règles de la commande publique. Cet ardeur défenseur du service public oubliait les textes qui ordonnent la mise en concurrence pour l’usage de l’argent public.
Quant aux personnels de Radio France, ils suscitent aussi l’étonnement. « Aujourd’hui sans capitaine, le navire Radio France, qui pourtant affiche des résultats d’audience exceptionnels, n’a plus ni gouvernail, ni boussole », pleure le Syndicat National des Journalistes. Que leur patron ait été condamné pour favoritisme peu lui chaut. Les journalistes de France Inter et des autres chaînes du groupe, dès qu’ils en ont l’occasion, scrutent - à juste raison - les filous et les coquins. Mais ils semblent fort peu regardants sur les pratiques de leur patron. Où est « l’intérêt général », puisque c’est en son nom que le CSA dit avoir pris sa décision ?
Équipes des services de communication publique, agences et consultants, nous nous astreignons au respect du code des marchés publics. Quoi qu’en pensent certains, presque toujours, y compris, parfois, à revers de la demande de certains élus. Et aussi en luttant contre notre penchant naturel pour la simplicité et contre notre impératif besoin de rapidité. Alors, nous nous cognons les procédures, pas dans l’allégresse et la jouissance, mais parce que c’est un des volets de notre métier.
D’un côté, l’élégant, sémillant… et fautif PDG de la Maison ronde, de l’autre, les braves et scrupuleux petits soldats de la communication publique.