Les communicants internes remettent du cœur à l’ouvrage

« Vous êtes formidables ! Aux Rencontres de la com interne il y a un état d’esprit particulier : c’est ce souci de transparence, cette liberté de ton. C’est très plaisant. Quel que soit l’atelier, quelle que soit la plénière, vous êtes toujours participatifs, vous posez des questions. Et il n’y a pas de langue de bois. C’est un vrai plaisir de vous retrouver chaque année et vous pouvez vous applaudir pour cela. » C’est avec ces mots de conclusion que Didier Rigaud-Dubaa – maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne et membre du conseil coopératif de Cap’Com, à l’origine de ces fameuses RCI, comme on les appelle aujourd’hui - a résumé ces Rencontres.

Et pour cause ! L’édition 2024 a bel et bien été marquée par une envie commune de partager en toute transparence, pour progresser ensemble. Les nombreux intervenants qui sont venus témoigner de leurs expertises et expériences l’ont fait dans un seul et même objectif : « faire avancer la cause ». Ils ont été capables de dire « telle action a bien fonctionné, telle action n’a pas du tout marché ». Et – dans la foulée – les échanges avec la salle avaient presque une tonalité d’entraide. Tirer des leçons de manière partagée, trouver ensemble des solutions, trucs et astuces, réfléchir collectivement aux moyens de renforcer les stratégies de com interne au service des agents et – in fine – du public : tel était l’état d’esprit des quelque 220 professionnels présents cette année pour ce rendez-vous désormais incontournable.

Impliquer les agents dans les événements internes ou encore travailler sa communication managériale : de nombreux partages d’expériences ont permis aux participants de s’inspirer, d’affiner leurs pratiques et de renforcer les fondamentaux de leur communication interne. En ce sens, la conférence hop dédiée à la com interne de proximité a par exemple permis de décrypter cinq opérations de terrain innovantes. Parce que le rapport humain, le lien avec les agents, est un enjeu inhérent au métier, ce temps était une occasion de benchmark et de mise en lumière de l’inventivité des communicants internes lorsqu’il s’agit d’aller à la rencontre de leurs collègues, de les informer directement, de les faire participer au projet d’administration comme c’est le cas au département du Val-de-Marne ou encore de les sensibiliser aux enjeux forts comme l’a fait l’agglomération de Mulhouse sur les questions de sexisme au travail. Autant de décryptages de projets et de partages d’exemples concrets qui permettent d’aller à la pêche aux bonnes idées et qui ont jalonné le programme de ces deux journées d’échanges.

Pour autant – et parce que le métier est en constante évolution –, une large place était faite à l’innovation sur des sujets « marronniers », qui concernent tout le monde. Comme le décryptage de la campagne de la ville de Bourgoin-Jallieu, Grand Prix Cap’Com 2023 dans la catégorie communication interne, qui a utilisé l’humour avec habileté et stratégie pour redynamiser l’événement initialement très protocolaire qu’est la cérémonie des vœux du maire aux agents.
D’autres enjeux qui font l’actualité du métier ont également été abordés avec méthode pour fournir des clés d’actions concrètes, tels que la sobriété éditoriale pour diffuser une information claire et accessible, ou encore l’intégration des jeunes générations dans le collectif.

Et si ces témoignages sont venus nourrir les participants en termes d’idées et de bonnes pratiques, toute une partie du programme visait à prendre de la hauteur pour donner du grain à moudre, lancer une réflexion stratégique et intégrer de nouveaux modes de faire.

C’est ainsi que la controverse d’ouverture apportait un regard nouveau sur la marque employeur : artifice cosmétique ou point de départ d’une réflexion salutaire ? Les intervenants de haut vol qui en ont débattu ont bousculé les codes en la matière. Spécialiste du marketing territorial et ancien directeur communication de collectivité, Marc Thébault – également auteur d’articles sur la marque employeur publique – a mis l’accent sur la réalité et la qualité du vécu des agents comme contribution essentielle aux dispositifs de communication employeur : « Le marketing est un contrat de confiance. La réalité doit valider la promesse. » Frédéric Fougerat quant à lui invitait les communicants à prendre toute leur place dans ces dispositifs, en collaboration avec les autres directions : « Les communicants ont un vrai pouvoir, une vraie possibilité de faire bouger les choses. Ils peuvent transformer l’essai et participer aux évolutions. »

D’autres temps de réflexion stratégique, telle que la conférence de clôture qui invitait à s’appuyer sur les sciences comportementales pour accompagner les changements visaient à renforcer l’expertise des communicants internes tout en leur proposant de la matière pour envisager des réponses aux nouveaux enjeux du métier.

Si la professionnalisation du métier n’est plus à démontrer, les séances de thérapie collective notamment ont mis en avant l’impérieuse nécessité – qui n’est pas nouvelle – d’affirmation du positionnement stratégique de la com interne auprès des autres directions et des autres services. Et Didier Rigaud-Dubaa de clore l’événement sur ces mots : « Soyez motivés ! Nous sommes tous persuadés et convaincus de la communication interne, de son intérêt. Mais des fois on est peut-être un peu trop timorés, on n’ose peut-être pas assez s’imposer par rapport à nos collègues cadres ou à la direction générale, face à la démobilisation des agents. Mais, quand vous allez revenir dans vos équipes – voire de façon individuelle dans vos collectivités respectives ou autres structures publiques –, essayez de vous motiver pour, de temps en temps, taper du poing sur la table et dire : on est là, on est utiles et on est importants. »