Les communicants publics ne se forment pas qu’au numérique
Ils sont super diplômés mais souhaitent se former davantage. Selon la Radioscopie des communicants publics (1), 50 % des communicants publics ont suivi une longue formation initiale menant au moins au niveau d’un master (bac +5). Raison de plus pour continuer à se former tout au long de sa vie professionnelle. Autant pour rester à la page des nouveaux outils, notamment numériques, que pour progresser et évoluer dans son poste et apprendre ce qui n’est pas toujours enseigné à l’université.
(1) « Radioscopie des communicants publics », étude conduite en octobre 2018 par Cap’Com, le réseau des communicants publics, et l’institut d'études Occurrence, auprès d’un échantillon de 800 communicants publics. Analyse pour cet article des 1 370 formations souhaitées par les communicants publics.
50 % des demandes de formation sont liées au numérique
Bien évidemment, c’est d’abord pour avoir une meilleure compréhension des outils numériques que les communicants publics souhaitent se former. La communication digitale reste à approfondir pour beaucoup d’entre eux. Mais derrière cette demande de formation se dessinent des objectifs un peu différents. Le numérique semble surtout être représenté par les réseaux sociaux. Suivre leurs évolutions, identifier les nouveaux, comprendre leur place dans une stratégie de communication publique, telles sont les ambitions. Mais les sites web ne sont pas vraiment en retrait. Ces dernières années, ils ont largement évolué. Création d’un site, UX design, articulation avec les RS, avec les applis, référencement, autant de domaines de formation souhaités.
Sur le même registre numérique, concevoir et produire des vidéos devient incontournable, selon les répondants à l’enquête « Radioscopie des communicants publics ». L’audiovisuel est à la portée de tous grâce à des outils complexes mais accessibles. Créer des contenus, filmer avec son smartphone, monter les séquences, gérer la diffusion, voire filmer avec un drone : les compétences dans l’audiovisuel sont multiples.
Pas plus étonnante est la demande de formation autour du graphisme et de l’image. Car dans ce domaine aussi le numérique est venu bousculer la pratique. La connaissance des nouveaux outils d’infographie, de PAO, les suites de logiciels de design, nécessite des mises à niveau permanentes. Mais le graphisme ne se résume pas à ces outils. C’est aussi une disposition d’esprit, un art qui doit s’entretenir, qui doit prendre en compte les tendances, les nouveautés. D’où des formations plus classiques en graphisme, qui représentent une bonne part de la demande.
Une demande croissante de connaissance en droit et en gestion
Le domaine de la gestion et du droit de la communication regroupe des formations diversifiées mais qui visent toutes à mieux connaître les règles et procédures pour limiter les risques. C’est vraisemblablement l’approche de la période électorale qui préoccupe les communicants publics au point de souhaiter participer à des formations juridiques. Le droit est un domaine prisé tant il s’immisce de plus en plus dans la gestion de la communication. Droit des appels d’offres et des marchés publics, droit à l’image, droit de la presse territoriale, sans oublier le droit lié au numérique, notamment avec le RGPD et la gestion des données. Cela se complexifie aussi du côté de la gestion budgétaire en cette période aux moyens restreints. Finances publiques et gestion des prestataires privés sont à l’ordre du jour.
Les incontournables : savoir écrire et gérer la com de crise et les relations presse
Le communicant public vient du journalisme et le métier de rédacteur reste central. Approfondir les techniques de la rédaction, du journalisme, écrire les discours, des articles, mais aussi rédiger pour le Web, ce sont des formations qui restent essentielles. Sans oublier de comprendre le rapport texte/image et plus largement de savoir réaliser une publication. La communication écrite est toujours d’actualité même si les supports évoluent.
Incontournable aussi est la communication de crise. Car les crises sont multiples, de la fake news à la catastrophe naturelle, du mouvement social aux crises internes.
Enfin les relations presse sont aussi un sujet permanent de formation. D’autant plus que le métier évolue sous l’effet d’un système médiatique bouleversé où l’influenceur prend le pas sur le localier de la presse régionale.
30 % des formations souhaitées par les communicants publics ne concernent pas directement la communication
Que demande le communicant public selon les 1 370 thématiques de formation révélées par cette enquête ? Le communicant souhaite apprendre à s’adapter aux changements, disposer de la capacité de faire vivre un réseau interne, social ou d’ambassadeurs, conduire des projets complexes qui nécessitent de savoir animer une équipe. En un mot, la demande est au management. Et cela doit permettre de relever l’un des défis : mettre en place une organisation qui articule le print et le web. D’où la nécessité de repenser l’organisation, les fonctions et les compétences de tous et d’accompagner le changement.
Cela requiert des qualités personnelles qui, fort heureusement, peuvent se développer. Le recours à des formes de coaching est en hausse. Autour de sa fonction, de son poste, et surtout sur l’organisation du service au sein de la collectivité, il est possible d’apprendre à gérer ses relations tant avec la hiérarchie qu’avec ses élus ou ses équipes, et donc savoir convaincre, animer, fédérer autour de la communication. Sans oublier d’acquérir des méthodes pour faire face à la surcharge de travail et gérer au mieux son temps.
La majorité des communicants publics suit au moins deux jours de formation par an
Fort heureusement, les communicants publics ont relativement bien accès à la formation. 84 % suivent au moins une journée de formation par an et 27 % en suivent plus de trois, ce qui devrait être la norme. Mais les freins à la formation existent. En premier lieu : le manque de temps au regard de la charge de travail. Près de deux communicants publics sur trois en font la raison principale de leur difficulté à partir en formation.
L’autre raison invoquée est la faiblesse des budgets formation. Car pour les communicants publics la cotisation obligatoire au CNFPT ne conduit pas si facilement aux apprentissages qu’ils souhaitent. À la recherche de formations spécifiques et de haut niveau, ils s’adressent aux organismes les plus aptes à répondre à cette exigence. Sans surprise, ils privilégient les formations Cap’Com de leur réseau professionnel, que les participants évaluent très positivement. 40 % des communicants publics ont participé au moins à une formation Cap’Com lors des trois dernières années. Mais d’autres organismes ont leur place, comme le CFPJ ou le Celsa.
Ce qui fait la force de ces organismes, c’est bien leur capacité à renouveler leur offre de formation. Un renouvellement des thèmes mais aussi un renouvellement des formats. Le succès du mooc « La com publique sur le Web et les réseaux sociaux », réalisé par Cap’Com, est là pour démontrer que les communicants sont ouverts à de nouvelles formes de formation. Plus de 500 d’entre eux ont suivi ce mooc qui comprenait aussi du présentiel.
Les communicants publics perçoivent parfaitement que l’évolution des outils s’accélère et que les missions confiées à la communication publique s’élargissent. La formation continue doit donc s’adapter. Et c’est la force d’un réseau professionnel que d’être ainsi totalement à l’écoute pour répondre au mieux à la demande.