Les jeunes du Lamentin créent l’événement en jouant contre le harcèlement dans les collèges
C’est la succession de deux événements dramatiques – deux jeunes adolescents ont mis fin à leurs jours à cause de harcèlement subi dans leurs établissements scolaires de la Martinique et sur Internet – qui a conduit le conseil de jeunes de la Ville du Lamentin à se saisir de cette question. Les membres de la commission prévention du conseil communal de la jeunesse lamentinoise ont alors décidé de sensibiliser les plus jeunes contre ce fléau.
« Ce projet m’a permis de prendre conscience que le harcèlement est beaucoup trop pris à la légère et que de nombreuses personnes en souffrent sans pour autant en parler », raconte Jessica Éloi, membre du conseil de jeunes de la Ville du Lamentin. « Certaines personnes harcèlent en pensant que c’est un jeu ou des plaisanteries sans avoir la moindre idée de ce que peut ressentir l’autre. Je pense qu’il devrait y avoir au moins une fois par an une action de sensibilisation dans les écoles contre le harcèlement afin que, dès le plus jeune âge, les jeunes fassent attention à leurs actes. » Les jeunes du conseil de jeunes de la Ville du Lamentin ont imaginé et écrit deux saynètes : une sur le harcèlement physique et l’autre sur le harcèlement moral. Ils ont présenté leur projet à la caisse des écoles et le résultat fut immédiat. La Ville leur a proposé un metteur en scène professionnel pour la mise en œuvre de l’action et le rectorat a mis à leur disposition un spécialiste du harcèlement.
Durant trois semaines, metteur en scène et comédiens ont donné vie à ces saynètes. Puis vint la représentation. Joué devant plusieurs groupes, chaque spectacle est un moment d’échange avec les enfants co-animé par un binôme du conseil de jeunes et le spécialiste sur la question du harcèlement.
Intégrer la dimension communication de l’événement
Action pédagogique mais aussi belle action de communication. Car les jeunes ont dès le départ intégré la dimension communication de l’événement. Pour chaque média – presse écrite, télévision, radio –, un binôme de jeunes avait la responsabilité de valoriser le projet et le conseil de jeunes. Et un trio était chargé de mettre en ligne l’action via un Facebook live sur la page du conseil de jeunes. Résultat, les médias de l’île ont largement suivi l’événement et ont diffusé articles et reportages autant pour valoriser l’initiative que pour prévenir le harcèlement.
Deux cents enfants ont vu les pièces de théâtre et ont pu échanger avec un professionnel et les jeunes sur les comportements déviants ainsi que sur la conduite à tenir devant ce phénomène. Et soixante-dix parents ont participé aux cercles de parole organisés en fin d’après-midi et animés par un professionnel de la prévention du harcèlement.
Des ambassadeurs contre le harcèlement
Enfin, l’action a été pérennisée. La thématique a été retenue pour les temps périscolaires de l’année scolaire. Et les membres du conseil de jeunes formés à la prévention du harcèlement sont devenus des « ambassadeurs » dans leurs établissements scolaires respectifs.
Cette initiative, qui a reçu le prix Anacej 2019 dans la catégorie des villes moyennes, confirme que la méthode employée, à savoir l’apprentissage par les pairs, rencontre un vif succès tant l’adhésion des enfants acteurs et spectateurs a été grande au Lamentin.
Le prix Anacej des jeunes citoyens vise à valoriser les initiatives d’enfants et de jeunes menées dans le cadre de dispositifs de participation partout en France. Créés en 2011, ces prix ont généré cette année encore une forte mobilisation et plus de 80 collectivités se sont portées candidates. Le jury, composé de représentants des partenaires, dont Cap’Com, a attribué 11 prix.