Les plaisirs du confinement
Des complications, des soucis, des inquiétudes, des drames humains, aussi : tels sont les effets de la pandémie. Mais si ce bouleversement de nos vies personnelles, familiales et professionnelles avait aussi des conséquences positives ?
Par Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste, membre du Comité de pilotage de Cap’Com.
Un agenda blanc, vidé de tout rendez-vous, de toute réunion, de toute rencontre physique. Légère sensation de vertige devant cet abîme. Apparente vacuité. A fortiori lorsqu’on fonctionne, jusqu’à l’addiction, par les contacts, les contacts humains « en présentiel », comme on dit. Ils ont, nous le savons bien, une saveur, une densité, une richesse que mails, coups de téléphone, WhatsApp ou Skype n’engendrent que partiellement.
Alors, que faire ?
Se dire d’abord que ce n’est pas le retour à l’âge des cavernes. Nous ne sommes pas complètement coupés de nos proches, et de nos collègues, de nos amis et de nos clients. Nous ne sommes pas séparés du monde. L’échange de nouvelles maintient nos relations, la circulation des infos… et des infox alimente notre travail.
Bien sûr, il faut s’acclimater, tant bien que mal selon sa situation, peu ou prou selon ses capacités. Adapter sa vie personnelle, familiale et professionnelle, même si n’est pas télétravailleur qui veut. Cette salutaire gymnastique d’assouplissement aura, peut-être, d’utiles conséquences après la crise. Une autre manière de vivre pourra éventuellement se perpétuer, en tout cas nous pourrons reconsidérer notre organisation, nos méthodes et notre recherche d’une existence équilibrée.
Je pense aussi qu’il faut vivre… ou tenter de vivre le confinement à domicile comme une cellule de dégrisement. Moins de précipitation, moins d’agitation parfois vaine, moins d’accumulation de sollicitations, émises ou reçues. On change de rythme. On respire. Ça fait du bien, n’est-ce pas ? Il y a comme un goût de congés, imposés et sédentaires, un avant-goût de retraite prématurée…
Enfin, il faut en profiter ! Une idée a commencé à faire rapidement son chemin : se saisir de toutes les occasions qui nous sont données. Témoignage d’une amie : « Je me suis créé des obligations pour ne pas rester vautrée toute la journée sur mon canapé. Quinze minutes de gym, obligatoires car plus de marche, donc on rouille. Deux ou trois heures de mon travail d’avocate, une heure de cours de catalan, de nouvelles recettes de cuisine, des lectures trop longtemps laissées en attente. Je vais tenter aussi des travaux de couture, écouter de la belle musique et revoir les grands classiques du cinéma, cet après-midi Mort à Venise. C'est fou ce que les journées passent vite mais tellement différemment. »
De plus, le printemps arrive. Pendant quelque temps, nous ne pourrons pas nous ébattre en bande ou en grande famille sur les plages ou les pelouses. Mais ouvrons nos fenêtres au soleil ! Jouissons des plaisirs du confinement. Et voyons plus loin.
Projetez-vous au prochain Forum de Cap’Com lorsque la communication, locale et nationale, sur la crise sanitaire sera décortiquée et que nous en tirerons d’utiles conclusions. Pensez au moment, plus ou moins lointain, où vous direz fièrement à vos petits-enfants : « Cette guerre, je l’ai faite. »