Les relations presse : c’est aussi savoir vulgariser
Quoi de mieux qu’un hôpital universitaire pour aborder l’une des facettes des relations presse : la vulgarisation ? Nous avons rencontré Chloé Wiss et Marie Nicollier, deux responsables média du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), situé en Suisse, pour leur demander comment elles soignent le dialogue entre médecins et journalistes.
Point commun : Quelles sont les particularités des relations de presse d’un hôpital public ?
Chloé Wiss : Un hôpital public ne fait pas de publicité, d’où l’importance de gérer au mieux les relations presse afin de faire passer au grand public des messages concernant la santé et les actualités scientifiques.
Notre enjeu est de pouvoir faire que ces deux mondes se comprennent.
Marie Nicollier : Parmi nos tâches les plus courantes, nous devons répondre aux sollicitations des journalistes qui traitent des sujets en lien avec la santé et cherchent des réponses accessibles, rapidement. Ils cherchent essentiellement des spécialistes pour répondre à des questions précises sur des pathologies, des épidémies, de nouvelles techniques et dispositifs de prise en soins… Des questions plus globales de santé publique, également. Les médecins, de leur côté, ont un agenda bien occupé par les activités cliniques et des préoccupations qui ne correspondent pas forcément à celles des journalistes. L’enjeu de notre travail est de faciliter l’accès à l’information et faire en sorte que ces deux mondes se comprennent. Pas seulement en transmettant des éléments bruts, mais aussi en aidant les professionnels à vulgariser et en travaillant sur les niveaux de langage. Les médecins sont des scientifiques. Leur discours peut parfois être hermétique ou trop détaillé. Notre rôle est celui de conseillères en relation, de facilitatrices, afin que les collaborateurs comprennent les besoins et impératifs des médias, et vice versa. Il nous arrive aussi d’être pro-actives et de communiquer sur des sujets que le CHUV souhaite mettre en avant.
Souvent, les journalistes viennent vers nous avec des questions précises sur certaines pathologies.
Chloé Wiss : Le CHUV, comme hôpital universitaire, est très actif dans la recherche. Il est important pour nous de faire rayonner l’hôpital sur cet aspect à l’international. Mais les relations presse que nous mettons en œuvre sont aussi des relations de proximité puisque notre hôpital est situé au cœur de la ville (Lausanne) et est un pôle de santé local.
Point commun : Dans le cadre de votre travail de compublique, le contexte suisse est-il différent ?
Chloé Wiss : La Suisse est un pays fédéraliste et quadrilingue. Pour nous, c’est un défi d’exister dans le pays tout entier et pas seulement dans la partie francophone où le CHUV est implanté et reconnu.
Marie Nicollier : Ce territoire est petit. Nous avons donc la chance de bien connaître les journalistes qui sont susceptibles de s’intéresser aux questions de santé. Mais nous devons être pointues pour proposer le bon sujet au bon média et au bon moment.
Point commun : Connaissez-vous le même phénomène de défiance générale ?
Chloé Wiss : De manière générale en Suisse, les citoyennes et citoyens ont plutôt une bonne confiance dans les institutions grâce au système de démocratie directe qui permet, par exemple, de voter plusieurs fois par année.
Marie Nicollier : De ce point de vue, il faut dire que le CHUV agit autant que faire se peut pour entretenir les liens de confiance. Les institutions publiques ont un devoir de transparence et notre hôpital accueille souvent les médias. Nous ouvrons nos portes quand c’est possible, ce qui fait que nous avons des retours presse nombreux. Il y a évidemment aussi des articles qui peuvent être critiques et c’est normal.
Point commun : Les communicants publics ont-ils un réseau en Suisse ?
Chloé Wiss : Il existe notamment la Société romande de relations publiques (SRRP, la branche francophone de l’Association suisse de relations publiques – ASRP). C’est une association de référence en Suisse romande pour le domaine des relations publiques et de la communication institutionnelle. Plusieurs événements et rencontres sont organisés tout au long de l’année sur inscription.
Le CHU de Lausanne
À noter que le CHUV est un centre hospitalier d’envergure européenne. Il est l’un des cinq hôpitaux universitaires suisses, avec Genève, Berne, Bâle et Zurich. Pour la sixième année consécutive, le CHUV figure dans le top 15 du classement Newsweek des meilleurs hôpitaux au monde. En 2024, il se hisse à la 13e position. Environ 13 000 collaborateurs et collaboratrices travaillent au CHUV.