L’Europe de la com au diapason à Venise
Le Club de Venise tenait la semaine dernière sa plénière, tout entière dédiée aux nouveaux défis de communication publique à l’échelle européenne. À cette occasion, un consensus est apparu entre les participants sur la nécessité de développer fortement les compétences des communicants et de mieux échanger en réseau sur les bonnes pratiques.
Le ton était donné en tribune dès le mot de bienvenue, ce jeudi 24 novembre. Fabrizio Spada, chef du bureau des relations institutionnelles du Parlement européen en Italie, déclarait : « Maintenant, nous devons faire face à une crise ultérieure, et les États imposent des restrictions. » Comme à Strasbourg, une semaine plus tôt, les gouvernances ont plébiscité le rôle des communicants publics dans un contexte de crises à répétition et de défiance citoyenne. L’ensemble des sujets de tension, depuis la crise ukrainienne jusqu’aux thématiques liées à la transition ont été décryptés par les communicants des gouvernements qui se réunissent au sein du Club de Venise. Une élue de cette ville (Paola Mar, adjointe au patrimoine) a même commencé les travaux en évoquant la communication sur les taxes et contraintes dites « vertes » : « Nous devons communiquer sur la contribution d’accès qui sera mise en place en juillet pour faire face à la pression touristique. Je pense que vous avez choisi de localiser votre organisation à Venise car Venise n’est pas une ville facile ! Nous relevons un véritable défi en termes de communication institutionnelle, car c’est une des villes les plus difficiles à communiquer. La com y est en évolution constante. Cela étant dit, en tant qu’historienne, je sais qu’il s’agit toujours de puiser aux sources véritables », ajoutait-elle en faisant référence aux fondements de l’attractivité territoriale, chère au cœur de Stefano Rolando, président du Club de Venise et grand spécialiste du sujet à l’université de Milan.
Una stretta di mano
À l’occasion de la réunion plénière du Club de Venise des 24 et 25 novembre 2022, Compubblica, l’association italienne de la communication publique et institutionnelle, et Cap’Com, le réseau français de la communication publique territoriale, ont convenu d’intensifier leurs relations pour favoriser les échanges entre communicants publics des deux côtés des Alpes, autour des bonnes pratiques, du développement des compétences et des enjeux futurs de la profession. Les deux organismes se tourneront vers les réseaux de communicants publics des autres pays européens dans la perspective de partager ces pratiques communes et de promouvoir des méthodes inclusives et citoyennes.
Beaucoup d’autres prises de paroles très intéressantes ont été notées par Cap’Com, membre associé de cet organisme. Comme celle d’Erik den Hoedt, directeur des opérations au ministère des Affaires générales des Pays-Bas, vice-président du Club de Venise : « J’étais spécifiquement communicant pour les élus, les politiques. Certains communicants travaillaient plutôt pour les entreprises. D’autres se présentaient en tant que spécialistes en com de crise. Mais aujourd’hui tout le monde fait de la com de crise. Car il y a plusieurs crises, voire un état de crise générale et permanente : sanitaire, économique, énergétique, politique. Peut-on encore parler de com de crise ou est-ce que c’est la nouvelle donne ? Que cela signifie-t-il vis-à-vis de nos moyens de communication ? Nous devons travailler ensemble : c’est ce que nous demandent nos concitoyens ! Et nous devons monter collectivement en compétences et en expertise. »
Un point de vue approuvé par l’assemblée et bien repris par Danila Chiaro, modératrice de la deuxième session de la conférence : « Il y a un consensus sur les attentes en matière de communication publique, et sur la nécessité de lancer une réflexion sur le renforcement des compétences et pour développer des outils de formation à notre échelle. » Un point de vue partagé par l'analyste en politiques publiques de l'OCDE présente, Karine Badr, et par les réseaux de communicants territoriaux.