L’instinct, cette valeur sûre
En tant que communicant·e interne, faire confiance en son instinct permet souvent de taper juste, au bon moment. Rien à voir avec l’instinct animal, quoique… flairer une piste et ne rien lâcher, s’accrocher à cette idée un peu folle mais dont on pressent le potentiel, oser la défendre malgré les réticences, la porter contre l’inertie d’une organisation, parfois.
Par Pauline Moussalli, responsable de la communication interne de la ville de Mulhouse et de Mulhouse Alsace Agglomération.
Avouons-le, c’est un instinct de nécessité. Pas assez de moyens humains ni financiers qui, s’ils ne font pas le bonheur, y participent comme chacun sait ; beaucoup de système D et de dépendance au bon vouloir des autres (« Peux-tu encore me prêter ton matériel/collègue/local/camion… ? »). Sans un minimum d’instinct, pour savoir à quelle porte frapper et à quel moment, nous sommes cuit·es ! Ou pire, réduit·es à dire la fameuse phrase : « Désolé·e, ce n’est pas possible. »
C’est un instinct besogné, cependant. Il découle d’un travail de fourmi mis en place au fil du temps, grâce à des balises déposées près des machines à café, pendant les pauses déjeuner, dans les couloirs, en attendant le début d’une réunion. Glaner inconsciemment des informations, noter des idées lâchées comme des blagues, sentir l’ambiance générale, et laisser son cerveau infuser en les gribouillant au fur et à mesure sur son bloc-notes, parce que sait-on jamais.
C’est un instinct fragile, aussi. Isolé·es, nous ne pouvons pas sentir grand-chose : même avec ses yeux à facettes, la mouche se cogne dans les vitres. Se faire ouvrir les portes des réunions de direction, voilà qui aide notre instinct à se déployer. Être identifié·e comme partenaire stratégique et digne de confiance permet de connaître les sujets du moment, les comparer avec ceux qu’on avait identifiés par ses propres canaux et voir si ça colle.
C’est un instinct passionné, avant tout. Nous pourrions nous contenter, comme dans le classique schéma de communication (coucou les théories de la com), de favoriser les messages de l’émetteur vers le récepteur et vice-versa, en y mettant forme et fond. Mais notre instinct nous pousse à dépasser notre fiche de poste, à proposer de l’inédit, de la joie même, pas pour améliorer la qualité des messages, mais pour leur ajouter ce supplément d’âme qui fait de la com interne ce métier tellement à part dans le paysage des communicant·es.
Aujourd’hui plus que jamais, fions-nous à notre instinct : nos collègues ont particulièrement besoin d’être embarqué·es dans des aventures positives et porteuses de sens.