Mayotte, notre force
Personne n’a les mots. Mayotte, le 101e et plus jeune département français, vit des heures dramatiques au lendemain du passage du cyclone Chido qui laisse l’île dévastée et la population désemparée. Les services publics joueront, à n’en pas douter, un rôle majeur dans la reconstruction de l’île aux parfums. Privés de leur outil de travail, les communicants locaux sont déjà à pied d’œuvre pour assurer la diffusion de l’information.
Par Bruno Cohen-Bacrie, ancien dircom du département de Mayotte.
Crédits photo : Anrchidine Bacar, Samy Charmont.
En décembre 2022, la campagne de communication pour Sanaa, le Festival international des arts de Mamoudzou, était lauréate du Grand Prix Cap’Com dans la catégorie « communication culturelle et événementielle ». Comme un pied de nez bien mérité à ses voisines ultramarines. Comme une reconnaissance bienvenue de la profession des potentialités de ce « caillou de l’océan Indien ». Mayotte, c’est en effet aussi un écosystème de communication parfois sans équivalent : quatre quotidiens numériques, deux chaînes de télévision (le rôle de Mayotte la 1re dans la diffusion quasi continue de l’information durant le cyclone a été unanimement salué), des collectivités locales qui communiquent de plus en plus : conseil départemental, mairies, mais aussi intercommunalités, offices de tourisme, institutions (l’État, les opérateurs tels que l’Agence régionale de santé, EDM, l’Assurance Maladie…). Autant d’acteurs dont le rôle sera essentiel pour aller toucher les publics les plus éloignés de l’information.
Pour avoir eu le privilège d’exercer à Mayotte, je sais combien cet enjeu sera crucial et combien aussi il faut pouvoir relayer et valoriser tout ce que ce territoire recèle de talents et de potentialités. Cette crise majeure, pour laquelle la résilience des Mahorais constitue un véritable atout, doit permettre aussi de parler de Mayotte autrement.
Les collectivités territoriales solidaires
La mobilisation citoyenne est forte, devant ce qui sera sans doute la plus grande catastrophe naturelle du siècle en France. Les territoires organisent cette solidarité et répondent présents au travers d'une multitude d'initiatives locales
L’association des communes et collectivités d’Outre-mer a lancé un appel aux dons permettant d’apporter son soutien directement aux communes mahoraises, dont Mamoudzou.
À Talence, petite ville du Bordelais, une minute de silence a été observée en hommage aux victimes ors de la dernière séance du conseil municipal. Une subvention exceptionnelle de 5 000 euros a été votée par la ville de Talence au bénéfice de la Fondation de France. Ce geste s’inscrit dans une dynamique nationale orchestrée par l’Association des maires de France. La ville encourage également ses habitants et partenaires à participer aux initiatives humanitaires en faveur de Mayotte.
D’autres appels aux dons ont été diffusés par l’Etat et sont accessibles sur https://www.associations.gouv.fr/urgence-mayotte.html.
Message d'une de nos collègues de Mayotte
Quelques jours après le Forum Cap'Com de Lille, Camille Bildstein, chargée de communication à la Communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), adresse un message à l'attention des communicants sur l'appli de l'événement :
« Ici Camille Bildstein, on s'est peut-être croisés lors du Forum – si oui, j'étais probablement celle planquée dans son écharpe, perdue entre les températures de Mayotte et de Lille. Vous rejoindre m'a permis de ne pas subir le cyclone. Ce qui n'est pas le cas de mes amis, voisins, collègues de la com com de Petite-Terre et même ceux à qui je faisais coucou dans la rue sans réussir à me souvenir de leur prénom il y a dix jours.
Aujourd'hui, ils sont coupés de tout. Peu d'infos remontent du terrain avec les antennes HS. Je diffuse ce que j'ai, qui est vérifié, sur la page Facebook de la CCPT. Si vous pouvez les partager dans vos sphères personnelles ou professionnelles, ce serait d'une aide immense. Il y a de fortes chances que certains d'entre vous travaillent au sein de structures déjà mobilisées : un grand merci pour tout ce que vous faites déjà. »
