N° 600 - Pourquoi j'écris
Subitement, par moments, ou régulièrement, depuis longtemps ou plus récemment, certains de vos collègues communicants assouvissent leur envie de partager avec vous leur opinion, leur (pré)vision, leur humeur, bref leur point de vue. Pour ce numéro 600 de « Point commun », certains d'entre eux passent aux aveux et nous disent pourquoi et comment ils cèdent à ce petit plaisir professionnel, souvent largement partagé.
Mettre les pieds dans le plat
Marc Thébault, consultant en attractivité des territoires, ancien responsable de la mission attractivité de Caen-la-Mer.
Mon premier billet pour Cap'Com remonte à mars 2008. Sous le titre « Ave Caesar, morituri te salutant ! », ce billet s'adressait, à quelques jours du second tour des municipales, à celles et ceux qui redoutaient les futurs résultats des urnes.
Depuis j'ai continué, parfois très régulièrement, désormais plus épisodiquement. Mais c'est quand même un peu une addiction, ce fait d'écrire pour les collègues.
C'est, d'abord, répondre à l'envie de partager des idées. Et de les tester.
C'est aussi un goût assez prononcé, en tous les cas pour ma part, de mettre volontiers les pieds dans le plat, histoire de faire bouger les lignes et les réflexions, de provoquer le débat, même si ce n'était pas toujours en finesse. Que voulez-vous, il est évident que j'ai toujours attendu avec gourmandise ce genre de commentaire : « Non ? Il a osé ?!? »
Et puis, à l'évidence, c'est le meilleur moyen que j'ai trouvé pour rendre mes idées claires et intelligibles, pour me forcer à avoir un raisonnement construit, audible et partageable. Notamment quand on veut convaincre de ne surtout pas rester dans la pensée mainstream du moment.
Merci donc à Cap'Com pour cette confiance accordée depuis si longtemps et merci d'avoir toujours ouvert un espace de liberté de parole et de pensées.
Et, bien sûr, merci à vous, lectrices et lecteurs ! En espérant vous avoir, parfois, donné un peu d'inspiration.
Un partage, plus qu’une contribution
Mary Mackay, chargée de communication de Pays de Montbéliard Agglomération.
Je n’invente pas grand-chose, je me nourris de ce que je vois passer : l’actualité, les réseaux sociaux, les études, des problématiques que je rencontre au quotidien, des échanges avec les collègues, des questionnements plus personnels. Nous sommes nombreux à avoir des choses à dire, des réflexions à partager, certains osent, avec votre soutien et votre regard bienveillant, d’autres pas, et cet espace permet de prendre du recul sur nos ressentis et de prendre le temps de la réflexion, de creuser un peu les sujets. Même si c’est quand même très intimidant d’avoir son nom à côté de « grands noms » de la com publique ! C’est un partage, plus qu’une contribution.
Un petit caillou sur le chemin
Marc Cervennansky, membre du Comité de pilotage de Cap'Com, responsable du centre web et réseaux sociaux de Bordeaux Métropole.
Je n'ai pas suivi de formation de journaliste même si je rêvais d'en être un, gamin (au même niveau que pilote de ligne ou conducteur de métro). L'exercice de rédaction d'une chronique mensuelle est parfois long et fastidieux, et d'autres fois fluide et plaisant (comme en amour). C'est également une incitation à approfondir ma veille sur les enjeux de communication numérique publique et à trouver des angles susceptibles d'intéresser mes pairs. J'espère apporter modestement mon petit caillou au long chemin parfois tortueux et passionnant de la communication publique. Vive la 600e de Point commun !
Apporter sa pierre à l’édifice
Lucille Roué, responsable de la communication de la ville de La Tour-du-Pin.
Deux fois par mois, je prends plaisir à découvrir les billets réguliers de certains contributeurs, que j'aime à retrouver avec leur style sympathique ou incisif. Derrière ces textes, des femmes et des hommes que j’ai croisés au fil des rencontres du réseau, ce qui m’a amenée il y a deux ans à me poser LA question : en effet, pourquoi ne pas écrire moi aussi ? À l'époque, cette question en a entraîné d'autres au fil de mes doutes : qu'aurais-je à dire à mes homologues communicants publics aguerris ? Comment être originale dans un monde où beaucoup ont déjà un style bien à eux ? Aujourd'hui, plus de doute : au-delà du titre Point commun si bien choisi, c’est l’amour des mots qui réunit à l'écriture quelques contributeurs passionnés, et à la lecture, tous les communicants publics, du community manager d'une région à la dircom d'une petite ville. C’est aussi l’envie d'exprimer son opinion sur le métier, d’échanger sur de nouveaux courants ou de partager des initiatives concrètes et innovantes avec nos pairs… Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, quel que soit son employeur, sa place dans l’organigramme ou son ancienneté dans le métier. Et si le prochain, c'était vous ?
Pour vous et pour moi
Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste.
Pourquoi je collabore à Point commun ?
Pour rechercher, exploiter et transmettre des informations, d’abord.
Pour entretenir mon ego, ébloui que je suis par la perspective d’avoir – peut-être ! – 22 000 lectrices et lecteurs.
Pour satisfaire mon plaisir, presque mon addiction, pour l’écriture, au risque de la coquetterie.
Pour entretenir ma notoriété, avec les effets sur la consultation de mon compte LinkedIn et, hypothétiquement, sur mon chiffre d’affaires.
Pour formuler mon « point de vue », pousser des idées, défendre des convictions.
Pour m’amuser et baguenauder.
Pour m’éloigner des conventions et des poncifs de notre tribu… et m’y vautrer tout de go.
Pour dénicher et livrer perles, incongruités et faux-semblants du langage.
Pour faire, quelquefois, des pas de côté par le clin d’œil, l’ironie, la raillerie.
Pour montrer ce qui se passe dans l’univers voisin, le journalisme, mon métier-patrie.
Pour tenter d’être utile, en éclairant quelque peu le chemin, parfois obscur, parcouru par les communicants publics.
Pour, sans prétention, j’espère, réfléchir et donner à réfléchir.
Pour susciter les compliments de ma rédactrice en chef.
Laisser libre cours à mon inspiration
Pauline Moussalli, responsable de la communication interne de la ville de Mulhouse et de Mulhouse Alsace Agglomération.
Je participe de temps en temps à des ateliers d’écriture créative, pour mon plus grand plaisir. Ça me change des écrits professionnels, des articles et des flyers. Les billets de Point commun me font un peu le même effet. Pas de cadre, seulement le champ professionnel ; sujet libre et correspondant à mon inspiration du moment, fréquence personnalisable. De cette liberté naît l’envie, et le plaisir suit. Un début de sujet, une intuition ou une punchline écrite sur un bout de papier suffisent à me lancer : c’est tout sauf l’angoisse de la page blanche ! Je me lâche et les mots s’accumulent, j’organise mes pensées en même temps que je les tape, je creuse un sujet en travaillant mon style. Je peux même m’autoriser l’écriture inclusive… que demander de plus ? Évidemment, vient ensuite une pointe de stress : si ça se trouve, ce que j’écris n’intéressera personne… Je ne réfléchis pas trop et j’envoie vite le billet à Anne Revol en me disant que, si mon sujet fait écho au moins à une personne, ça me suffit !
Partager avec ses pairs
Christophe Devillers, membre du Comité de pilotage de Cap'Com, directeur adjoint de l'agence d'attractivité Mulhouse Sud Alsace.
Même si on est habitué à produire des messages pour des dizaines de milliers de citoyens, parler à 25 000 personnes en même temps avec sa propre signature, ça donne le tournis. Ça engage, ça oblige, ça responsabilise. Ça pousse à une sincérité totale puisque le texte demeurera, archivé, comme un miroir dans lequel on doit pouvoir se regarder longtemps. Mais c'est surtout exaltant de partager des idées avec ses pairs qui partagent aussi les mêmes préoccupations, les mêmes inquiétudes, les mêmes joies professionnelles. Il y a enfin le lien ténu qui s'établit avec une association trentenaire qui a construit peu à peu sa crédibilité sur sa capacité à saisir le terrain, à concentrer la sève, à s'adapter et qui, en lui offrant un service total, a contribué à véritablement structurer un métier en plein essor.
Sortir des lieux communs
Didier Rigaud-Dubaa, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne.
J'ai écrit certainement moins de 10 billets ou chroniques sur les x centaines d'infolettres, mais cela a toujours été avec plaisir pour modestement apporter ma contribution dans l'esprit coopératif de Cap'Com, partager un point de vue, une interrogation, une expérience… mais aussi pour sortir des lieux communs, prendre du recul sur nos pratiques… Je ne peux m'empêcher de penser aux pionnières et pionniers des débuts de la liste de diffusion et tout particulièrement à Bernard Béguin dont les messages m'ont aidé à grandir professionnellement.
J'apprécie tout particulièrement ressortir et citer d'anciens articles ou ouvrages spécialisés sur la communication publique, permettant de relativiser certaines tendances et termes à la mode et parfois de mieux comprendre les évolutions des usages, des médias, de la communication en général et de notre société.
Me rassurer et rassurer
Damien Pfister, membre du Comité de pilotage de Cap'Com, directeur de la communication à la mairie de Villeparisis.
Écrire pour partager, écrire pour expliquer, écrire pour s’exprimer, écrire pour laisser une trace, voilà mes quatre principales raisons d’écrire de temps en temps. Parce que ma vision sur mon rôle de communicant public est aussi de me rassurer et de rassurer mes pairs qui ne sont pas seul.e.s, même si j’ai l’envie d’écrire plus souvent et que je ne me donne pas plus de temps pour le faire.
L'ouvrir ou ne pas l'ouvrir
Vincent Lalire, membre du Comité de pilotage de Cap'Com, responsable de la communication interne du département de la Seine-Maritime.
N’est-il pas dans la nature du communicant public de prendre la parole, d’exprimer son avis, certains diront « d’ouvrir sa gueule » ? Imagine-t-on un communicant public muet ou perpétuellement stoïque devant le spectacle du monde ? Nos collectivités nous recrutent aussi pour cela : humer l’air du temps, sentir l’opinion, déceler les tendances. Si la technicité de nos métiers s’apprend, le sens politique, lui, ne s’enseigne pas. Il est pourtant essentiel et pas seulement à des fins électorales. Alors oui, profitons de cette tribune formidable que nous offre Cap’Com. Saisissons l’opportunité d’une newsletter lue par nos 25 000 homologues. Ouvrons notre gueule pour renforcer l’impact d’une parole publique qui peine parfois à se faire entendre ou qui perçoit difficilement la réalité d’une société en transformation. Parfois nous touchons juste. Parfois nous sommes à côté de la plaque. Qu’importe, le débat est essentiel. Bref, ne nous endormons pas sur nos deux oreilles et saisissons-nous de l’actualité. À ce propos, ma prochaine contribution sera consacrée au Liban où j’ai eu l’honneur de me rendre alors que l’effrayant attentat terroriste du Hamas contre Israël venait de se produire. Elle s’intitulera « La communication des collectivités libanaises, dernier rempart avant le chaos ». OK, je ne suis pas Pierre Haski et on me dira sûrement que j’aurais mieux fait de la fermer.
Photo principale : une partie des contributeurs réunie lors du Forum de la communication publique à Strasbourg en novembre 2022.
De gauche à droite : Christophe Devillers, directeur adjoint de l'agence d'attractivité Mulhouse Sud Alsace, Jean-Charles Lallouet, directeur adjoint de la communication de la ville et agglomération de Saint-Nazaire, Lucille Roué, responsable de la communication de la ville de La Tour-du-Pin, Damien Pfister, directeur de la communication à la mairie de Villeparisis, Anne-Caroline Poincaré, directrice de la communication de la ville de Guyancourt, Alain Doudiès, consultant en communication publique, ancien journaliste, Pauline Moussalli, responsable de la communication interne de la ville de Mulhouse et de Mulhouse Alsace Agglomération, Mary Mackay, chargée de communication de Pays de Montbéliard Agglomération, Didier Rigaud-Dubaa, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne, et Marc Cervennansky, responsable du centre web et réseaux sociaux de Bordeaux Métropole.