Nouvelle intercommunalité : communiquer sur la grande inconnue
Les communautés de France sont réunies cette semaine à Nantes. Leur 28e convention consacre un temps à la communication en partenariat avec Cap'Com. Au regard d’études réalisées cette année, observons la communication des nouvelles intercommunalités qui tend à se renforcer mais qui n’est pas sans défis pour les communes.
Ne nous y trompons pas. Les intercommunalités restent des grandes inconnues. Les dernières réformes institutionnelles, qui ont vu leur périmètre et souvent leur nom changer, en ont fait souvent des ovnis inconnus de leurs habitants. Le découpage de territoires XXL, le mode d’élection des élus communautaires, le flou des compétences transférées, n’ont pas rendu facile la compréhension de ce niveau de collectivités locales.
La représentation de l’intercommunalité devrait d’abord reposer sur la compréhension des politiques publiques qu’elle mène. Les réalisations, les équipements et plus encore les services intercommunaux qui touchent les habitants sont l’assise de toute communication. Mais cette représentation butte sur la faible compréhension de l’institution. Son fonctionnement, la place des élus, du conseil communautaire, l’incarnation portée par son président - souvent davantage connu comme maire de la commune principale -, la manière dont se construit le consensus communautaire, parfois loin des enjeux électoraux, rendent l’institution relativement transparente.
Le territoire intercommunal, son histoire, son patrimoine, ses atouts, restent aussi mal appréhendés par ses habitants. La communication rencontre des difficultés pour s’appuyer sur une représentation partagée du territoire qui devrait permet à l’intercommunalité de ne plus être perçue comme une entité abstraite et technique mais reconnue comme une réalité tangible et identifiée de tous ses habitants. La communication manque ainsi de marqueurs identitaires du territoire, marqueur géographique illustrant la dimension physique de l’espace, marqueurs historiques à la fois patrimoniaux et immatériels qui témoignent de la réalité sociale du territoire.
Une communication plus offensive, souhaitée par les DG des communautés
Les intercommunalité aujourd’hui font donc le choix d’une communication plus offensive. Pour preuve, la 28e Convention nationale de l'AdCF à Nantes, ce jeudi, consacre l’un de ses ateliers à la communication. Plus de 200 participants devraient s’y retrouver pour un temps de travail animé par Cap’Com.
Selon des directeurs généraux des communautés, interrogés par Cap’Com fin 2016, leur intercommunalité disposent trop souvent d’une notoriété insuffisante. 45 % la jugent trop faible, 51 % seulement moyenne, et moins de 5 % l’estiment suffisante. Ils sont 38% à évaluer que les habitants de leur territoire n'ont aucune idée du mode de gouvernance de leur communauté (présidence, composition de l'exécutif, relations avec les communes, relations financières, ...). Ceci explique que 60 % des DG des intercommunalités considèrent que faire connaître ou faire mieux comprendre l’interco est un enjeu prioritaire pour conduire les politiques publiques de leur communauté.
Des services de communication plus structurés
Pour mener cet effort d’information, les communautés se dotent progressivement de services de communication plus structurés. En cette période où les budgets communication baissent, 38 % des DG des intercommunalités reconnaissent que le budget communication de leur intercommunalité a augmenté au cours des trois dernières années. Même les effectifs progressent : 28 % avouent une augmentation alors que seulement 11 % indiquent une diminution des personnels. Et s’il ne tenait qu’à eux, ils verraient bien cette priorité s’affirmer concrètement car 40 % jugent insuffisants les budgets et les effectifs alloués à la communication. (Enquête Cap’Com - La fonction communication vue par les directeurs généraux des communautés – novembre 2016).
L’étude Presse territoriale, conduite par Cap’Com en mars 2017, révèle aussi que la plupart des communautés se sont dotées ces dernières années d’un magazine territorial couvrant leur nouveau territoire. Elles se sont aussi investies dans le numérique et les réseaux sociaux. Presque toutes les communautés disposent d’un site qui porte leur actualité et l’accès à leurs services et près de 80 % d’entre-elles utilisent aussi les réseaux sociaux.
La mutualisation de la communication ne convainc pas
On pourrait penser que pour mener cet effort de communication, la mutualisation des services s’imposerait. Mais, selon la même étude auprès des directeurs, 43 % des DG des communautés ne sont pas convaincus que la mutualisation de la communication entre la ville centre et intercommunalité soit nécessaire.
Un positionnement qui se traduit dans les faits. Selon l’étude Presse territoriale, dans 70 % des intercommunalités il n’y a aucune articulation entre le journal de la communauté et les journaux des communes membres, y compris de la commune centre. Au point qu’il n’est même pas question de relayer l’information des communes dans le journal de l’interco, une position partager par 60 % des communicants des intercommunalités. De même, pour 95 % d’entre eux, la ligne éditoriale de leur publication n’a pas à être définie en relation avec celle des publications des différentes communes du territoire.
La citoyenneté intercommunale est à combiner avec la citoyenneté municipale
Nicolas Portier, délégué général de l’AdCF
« Une citoyenneté intercommunale est à construire dans les bassins de vie, combinée avec la citoyenneté municipale », expliquait récemment Nicolas Portier, délégué général de l’AdCF et cela nécessite « une communication et une pédagogie plus affirmées des communautés et métropoles vers leurs citoyens ». Un défi pour les intercommunalités, pour leurs communicants, mais aussi un enjeu pour les territoires tant les communications des collectivités du « bloc local » sont interdépendantes.
28e convention nationale de l’AdCF – 5 et 6 octobre 2017 - Nantes
ATELIER COMMUNICATION INTERCOMMUNALITÉ : LE TEMPS DE LA PÉDAGOGIE
Institutions encore mal connues du grand public, les communautés et métropoles ont d’importants efforts à fournir pour expliquer ce qu’elles sont et ce qu’elles font. Cette nécessité a été renforcée par les multiples transformations des dernières années. Périmètres élargis, patronymes nouveaux, assemblées et exécutifs recomposés, compétences remodelées et renforcées, fiscalité diversifiée et reposant davantage sur les ménages... cette nouvelle donne justifie un programme spécifique de communication. À ce titre, nombre de communautés et métropoles s’efforcent d’innover pour gagner en lisibilité. L’atelier dressera un panorama de ces pratiques et permettra de recueillir le témoignage de communautés très engagées dans cet effort pédagogique.
Avec la participation d’Antoine Chéreau, président, communauté de communes Montaigu-Rocheservière, Joséphine Kollmannsberger, vice-présidente, communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, Pierre Le Bodo, président, Golfe du Morbihan-Vannes Agglomération et Bernard Deljarrie, délégué général du réseau de communication publique et territorial.