Nouvelles intercommunalités : la communication dans les starting-block
La transformation du territoire intercommunal est sans précédent. 1 260 nouvelles communautés vont aujourd’hui devoir construire leur identité, ce qui ne va pas laisser indifférent ni leurs communes membres ni les autres collectivités. À l’approche des 4e Rencontres nationales de la communication intercommunale, portons un regard sur la communication des communautés et sur les priorités des communicants et des DG.
La France compte aujourd’hui 1260 intercommunalités. Deux communautés de communes ou d’agglomération sur trois recensées en 2016 ont connu une transformation de leur périmètre. Cette seconde vague de fusions et d’évolutions s’ajoute aux effets des premiers schémas intervenus en 2012 et 2014. Pas étonnant donc si la communication des territoires intercommunaux, des communautés comme des communes membres, est aujourd’hui à reconstruire. Les Rencontres nationales de la communication intercommunale des 13 et 14 février prochains à Nantes permettront de répondre concrètement à ces enjeux et de réfléchir aux stratégies de communication des intercommunalités. Mais, sans attendre, portons un regard sur ces nouveaux territoires dont la communication va prendre de l’ampleur ce qui ne va pas laisser indifférent ni les communes membres ni les autres collectivités qui vont voir arriver un nouvel intervenant bien décidé à se faire entendre.
Des services communication qui s’organisent
Aujourd’hui, les intercommunalités sont toutes en voie de structurer leur communication. Les agglomérations disposent pratiquement toutes d’un service et les communautés de communes s’organisent pour cela, deux tiers d’entre elles s’étant déjà dotées d’un responsable identifié. À noter que malgré de grandes déclarations, la mutualisation entre le service communication de l’intercommunalité et ceux des communes membres reste embryonnaire. Selon l’enquête conduite par Cap’Com avec l’Association des directeurs des communautés de France en octobre dernier, près de 50 % des DG des intercommunalités ne sont pas convaincus que la mutualisation de la communication entre ville et intercommunalité soit nécessaire. Seuls 1/5 sont tout a fait convaincus. Les équipes communication des intercommunalités sont donc relativement limitées souvent autour de trois à cinq personnes, hors métropole. Mais les compétences sont là, les outils disponibles… et les ambitions sont grandes.
Des stratégies de communication qui se construisent et qui sont jugées essentielles
L’enquête conduite auprès des DG des intercommunalités révèlent l’ampleur des attentes. Pour 85 % d’entre eux, les problématiques de communication sont importantes dans la conduite de leur communauté. 87 % estiment aussi que le rôle de la communication devrait être amené à se renforcer dans les prochaines années.
Des priorités de communication bien définies
Pour les DG, les priorités de la communication sont évidentes. En premier lieu, informer sur les réalisations, les projets et les choix de gestion du nouvel exécutif. Puis ensuite apporter des informations pratiques sur les services aux usagers. Enfin deux autres aspects ne sont pas compétemment oubliés, la promotion du territoire vers l'extérieur et la communication interne vers les agents.
nformer sur les réalisations, les projets et les choix de gestion et apporter des informations pratiques sur les services aux usagers, cela semble évident. Mais « l’élargissement de l’assise territoriale des intercommunalités permettra-il de mieux saisir les citoyens-habitants-usagers-producteurs-consommateurs dans leurs espaces quotidien ou saisonniers de référence ? », s’interroge Philippe Estèbe, auteur de L'égalité des territoires, une passion française (PUF - 2015), et qui sera l’un des grands intervenants des 4e Rencontres de la communication intercommunale. Cette interrogation sur la réalité des territoires intercommunaux pose la question de leur identité. En 2015, selon le Baromètre de la communication intercommunale réalisé avec Cap’Com et l’Adcf, deux tiers des communautés déclaraient que l’identité de leur territoire était l’un des sujets essentiels de leur communication.
La nécessaire légitimation de l’action de la communauté
La construction de cette identité butte fortement sur l’image particulièrement flou que les habitants ont de leur communauté. Les changements de périmètre, de nom, d’identité graphique et de compétences n’ont pas facilité les choses. Les communautés sont loin d’avoir une image unique et stabilisée. « Leur ancrage, auprès des habitants notamment, n’est pas assuré et ce en dépit de l’importance croissante qu’elles prennent dans la gestion locale quotidienne », reconnaissait l’Adcf.
Pour la communication, cette construction de l’identité passe par un impératif : la nécessaire légitimation de l’action de la communauté. L’intercommunalité a non seulement l’obligation de rendre compte des ses activités, d’informer les citoyens de ses choix, mais sa communication doit aussi savoir valoriser ses actions, ses réalisations qui constituent pour elle une forme de légitimation technique. L’offre de services est longtemps apparue comme la grande priorité de la communication des intercommunalités. Selon le Baromètre de la communication intercommunale, c’est la priorité citée par 71 % des communicants interrogés. Mais, fort justement, si les communicants s’accordent pour mettre la dimension utilitaire (informations pratiques) de cette communication au premier plan (83 %), ils lui attribuent surtout des vertus plus stratégiques : cette offre de services concourt grandement à construire l’identité de l’intercommunalité
Construire collectivement l’identité des communautés
Mais construire l’identité de l’échelon territorial le plus neuf commande vraisemblablement d’entrer dans des démarches collectives. C’est en ce sens que le réseau Cap’Com s’efforce de porter une réflexion collective et de faire naître des solutions partagées. Une étude comme celles auprès des DG des intercommunalités y contribue grandement.
Les Rencontres nationales de la communication intercommunale, organisées par Cap’Com avec l’Adcf, seront aussi un temps fort de cette construction collective. Journées de formation et de réseau, elles permettront de mesurer les impacts de la nouvelle organisation du territoire, de comprendre les missions et la place des intercommunalités. Mais elles visent surtout, au travers d’ateliers méthodologiques et pratico-pratiques, à outiller les communicants des intercommunalités pour savoir construire leur communication ou, pour les communicants des communes, savoir prendre en compte et travailler avec la communication de leur communauté.
Cette année, l’Adcf entend aussi accentuer ses efforts pour accroître la connaissance et la compréhension de l’intercommunalité tant au niveau national que local. À cet effet, l’association proposera notamment un accompagnement auprès des communautés qui ont prévu de s’inscrire dans une démarche renforcée d'information pédagogique et de communication auprès du grand public. Bien naturellement, la démarche envisagée n’a pas vocation à se substituer aux initiatives engagées localement par les élus et communicants. Elle vise surtout susciter un effet d’amplification national.
*Illustration principale : Start des Vorlaufs über 100m par Marco Verch (Flickr CC By 2.0) *