Pages de com : « Des vents porteurs. Comment mobiliser (enfin) pour la planète » par Thierry Libaert
On se reconfine et il nous faut prendre un livre pour cette retraite forcée. Choisissez sans hésitation celui-là. Sous couvert d’un plaidoyer pour mieux défendre la cause environnementale, il traite magistralement de la communication et de ses échecs.
La méthode est simple, les librairies étant fermées, connectez-vous au site d’une librairie en ligne et faites-vous livrer cet ouvrage. Vous ne perdrez pas votre temps. Thierry Libaert, universitaire, conseiller, membre de nombreux cabinets et commissions, y revient sur les impuissances concernant les politiques environnementales et les raisons de cette incapacité renouvelée à influer sur la société. Il y a, dans ces lignes, de la lucidité désabusée, un regard précis qui nous touche parce qu’il décrypte, action par action, angle par angle, les causes d’une communication défaillante. Des échecs qui nous en rappelleront tant d’autres, les nôtres, et ce dans des domaines bien différents.
Il y a dans ces pages, après les premiers chapitres qui rappellent les enjeux, une étonnante opiniâtreté de l’auteur à démonter les différentes stratégies, à chasser les idées reçues, à briser les rêves. On s’attend à découvrir rapidement la ou les solutions du professeur. Mais celui-ci joue avec le lecteur et déconstruit encore les pistes que nous suivons aujourd’hui. En nous gratifiant au passage de quelques rappels sur les fondamentaux de notre discipline. Que valent les tentatives de communication sur les changements de comportement ? Même les techniques les plus récentes (nudge) en prennent pour leur grade. C’est jouissif, je vous l’assure. Ça fait du mal, mais c’est bon.
Il y a de la covid dedans (p. 156), soyez rassuré, et cela justifiera que vous y consacriez quelques heures de votre temps de communicant en crise pour prendre un peu de hauteur. On se sent tout petit, d’autant que la malice de Thierry Libaert le pousse à nous rappeler à quel point « la communication [est] la seule fonction sur laquelle tout le monde se sent en droit de s’exprimer ».
On a le sentiment d'être dépassé quand il revient sur le décalage entre les opinions et les comportements, les contre-effets de la médiatisation, les causes de l'aveuglement de l'individu, la perversion des soutiens… Rien ne lui échappe parce qu’il connaît, sur la durée, son sujet. Parce qu’il est proche des milieux scientifiques ou politiques. Parce qu’il fonde son discours sur des dizaines d’études.
Mais où sont ces vents porteurs ? Je vous laisse les découvrir. Thierry Libaert n’est pas désespéré !
Des vents porteurs. Comment mobiliser (enfin) pour la planète
Thierry Libaert
Éditions Le Pommier
16 septembre 2020
216 pages