Pages de com : « Fake news : que fait l’Europe ? » par Klimentini Diakomanoli

Cette édition en français du livre de Klimentini Diakomanoli est une action concrète, commune, nécessaire. Elle répond à ce besoin que nous ressentons, à toutes les échelles démocratiques, de nous armer face aux vagues spontanées ou orchestrées de désinformation et de mésinformation qui peuvent balayer le fragile édifice (construit par le dialogue, la reconnaissance mutuelle, la pédagogie des enjeux et la défense de l’intérêt général) que composent le dialogue citoyen et la communication publique.
Ce combat permanent prend des proportions démesurées avec le numérique et l’intelligence artificielle. Il nous force à agir, à avancer, pas après pas, dans les collectivités locales comme au niveau européen. Ce sont ces mots que l'autrice avait prononcés lors d’un séminaire des communicants des gouvernements européens (mars 2023 à Londres). À cette occasion, dans une session intitulée « Détecter et contrer les pratiques de désinformation et de mésinformation en période de turbulences sociétales », l’autrice évoquait ce livre, alors publié aux éditions de l’Université de Macédoine. La clarté de son propos, la précision de son intervention et le point de vue citoyen qu’elle adoptait étaient d’une grande force.

Une édition portée par Cap'Com

C’est ainsi qu’est né le projet de traduire et d’éditer cet ouvrage, pour qu’il soit accessible aux francophones. Cap’Com, avec le soutien bienveillant de Klimentini Diakomanoli, a donc porté le travail remarquable de Serge Belletti, traducteur, et trouvé en Nicolas Pélissier, directeur de la collection « Communication et civilisation » chez L’Harmattan, un éditeur à l’écoute. Le résultat de ce travail vient d'être publié.
Il est construit comme une enquête au cœur du système d’intoxication informationnelle. Pour l’autrice, c’est la fin de l’innocence : il n’y a pas de hasards, ou si peu, mais des intentions nuisibles et une volonté de déstabiliser l’édifice démocratique où qu’il se trouve. Et l’Europe est en tête de liste : l’Union européenne, les États, mais aussi les régions, territoires, métropoles, collectivités de toutes tailles, car il n’y a pas de frontière ni de limite de taille pour l’instrumentalisation des réseaux sociaux. « Et les populistes, eux, naviguent très bien sur cet océan de futilités et de fake news qui s’apparente davantage à un marécage géant », comme nous le rappelait récemment Zvonimir Frka-Petešić, directeur de cabinet du Premier ministre de Croatie. Tout est lié et notre société, guidée par une hyperréactivité et une hyperémotivité, est sensible aux feux de paille des fake news, qui font basculer en quelques heures l’opinion publique.

Il nous faut nous saisir à bras-le-corps de ce sujet. Sans attendre. Car chaque institution publique peut subir le feu croisé d’une cyberattaque, d’une diffusion massive d’informations trafiquées et d’une récupération par des médias complotistes et hostiles. Klimentini Diakomanoli nous fournit ici la matière pour lutter contre ces nouvelles menaces, en nous en révélant les rouages, en listant l’arsenal législatif qui y répond, en montrant la voie pour être plus efficaces collectivement. Elle revient sur le cadre qui régit les rapports avec les grandes plateformes, elle présente les avancées successives en matière de réglementation et elle donne des perspectives.