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Pages de com : « France 2040 : explorer les scénarios possibles » par Dylan Buffinton

Publié le : 5 septembre 2024 à 07:18
Dernière mise à jour : 5 septembre 2024 à 12:23
Par Yves Charmont

Nous sommes partis en congés épuisés par un match démocratique, dramatique et sans fin. Pour la rentrée, il fallait prendre du recul. Même si, honnêtement, cette étude n’est pas hyper rassurante… Mais elle ménage nos méninges et explore au moins deux scénarios : un plutôt cool et l’autre… moins.

Nous n’avions sans doute pas besoin d’une piqûre de rappel de cette ampleur, mais il faut bien voir les choses en face : nos métiers mutent, notre société mute, et il nous faudra bien nous adapter sous peine d’être mutés. La Fondation Jean-Jaurès a donc publié cette étude de Dylan Buffinton, prospectiviste et consultant en stratégie au sein de The Salmon Consulting, et l’a accompagnée d’illustrations générées par l’IA, histoire de nous mettre dans le bain !

L’IA, justement, il en est question, de façon large, dans le chapitre intitulé « Une technologie “invisible”, qui pourrait prendre l’humain de court ». Mais pour mieux la coupler avec la prochaine évolution notable, celle de la robotique. L’auteur y revient sur l’illectronisme, les inégalités, surtout en ce qui s’apparente à la « littératie » et les difficultés grandissantes de certains à faire usage des outils et concepts qui leur sont destinés. Il y a chez lui un souci constant de voir de façon holistique les neuf thématiques choisies, d’y introduire un facteur humain, de les replacer dans une vision sociale et sociétale. Ici, on ne sacrifie pas la prospective à une technophilie sans conscience. C’est ce qui donne tout l’intérêt à cet ouvrage accessible et gratuit.

Pour conjurer le malthusianisme

Sans le citer, cette étude, comme beaucoup de textes sur les transitions socio-environnementales, décrit une situation comme l’aurait fait Thomas Malthus, un grand économiste britannique qui théorisait la finitude des ressources, au début de l’ère industrielle, en ces termes : « La population progresse plus vite que les subsistances [ce qui provoque un] déséquilibre croissant. » En matière de déséquilibre, Dylan Buffinton en décrit beaucoup, parlant par exemple d’un monde du travail qui accentuera le fossé entre ceux qui s’y adapteront et ceux, de plus en plus nombreux, qui resteront sur le quai. Il parle également de fossé générationnel, d’augmentation des inégalités, de santé à deux vitesses… bref, le tableau n’est pas rose. Mais il faut, avec lui, en faire le tour. En matière de matières premières, l’auteur dit, lui aussi, leur limitation et les terres dites rares risquent de bien porter leur nom un jour à venir. Bref, Malthus, encore et toujours.

Mais Dylan Buffinton ne nous livre pas un simple inventaire. Il fait s’opposer, neuf fois de suite, deux scénarios, baptisés alpha et oméga. Le premier mise sur l’intelligence collective et les capacités d’une société française qui soigne le bien commun. Le second est une dérive qui accentue deux biais mortifères de nos sociétés : l’avidité et l’individualisme. Et il faut reconnaître que le scénario oméga est assez crédible alors que le scénario alpha fait appel à une bonne dose d’optimisme. Mais il existe tout un alphabet entre ces deux lettres grecques, de quoi trouver des nuances et de l’espoir.

Et nous en sommes tous acteurs, rappelle Dylan Buffinton, qui nous engage avec ces mots de conclusion, que l’on ne peut que valider : « C’est aussi le rôle de chaque organisation et de chaque citoyen de se poser ces questions et de contribuer à son échelle à cette entreprise collective. Cela implique de repenser nos modèles de gouvernance à tous les niveaux, du local au global. »

Étude « France 2040 : explorer les scénarios possibles »
Dylan Buffinton
Éditions Fondation Jean-Jaurès
Août 2024
60 pages

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