Pages de com : « Ne laissez pas Google gérer nos villes ! » par Jacques Priol
Un livre de circonstance, né pendant l’année 2019, différé du fait de la covid, sorti finalement hors commerce en juin 2020, avec le soutien de partenaires engagés. Un livre nécessaire donc. Une leçon, une réflexion et une source d’inspiration pour tous ceux qui voient la digitalisation des données coloniser leur espace public.
Petit historique : le projet de cet ouvrage est né lorsque la ville de Toronto et Google ont passé un accord pour la gestion de l’espace public. Au même moment, Angers, Dijon ou Rennes s’inscrivaient dans une démarche smart cities. Jacques Priol, ancien dircab de la région Pays-de-la-Loire, consultant sollicité par le projet canadien, s’intéresse de près au projet, à ses évolutions et à son échec relatif (Google se désengage le 7 mai 2020). L’ouvrage est critique sur l’exploitation commerciale des données personnelles, mais pas seulement. Il sait reconnaître les contributions de Sidewalk Labs (Google) et pointe les faiblesses des systèmes, au-delà des sujets de départ. Il cite également, et c’est une vision assez exhaustive, les expérimentations en matière de smart cities en France : Dijon (p. 83 et 218), Nantes (p. 185), Paris et Toulouse (p. 192), et également Bordeaux, Rennes ou la région Centre-Val-de-Loire (p. 205). Pour Marc Farré, dircom de Dijon, première ville de France à passer un marché global pour ces services numériques en 2019 : « L'expérience canadienne nous a interrogés sur ce que l’on fait de nos données (gestion pure comme l’éclairage public ou la GRU, exploitation des données sur les déplacements des téléphones, les endroits fréquentés, les habitudes d’usage…). Cela donne des indications sur les aménagements à faire. »
Ces questions touchent effectivement très largement la fonction communication, par le biais de la relation usagers, mais aussi, on l’aura compris, dans la relation de confiance entre le citoyen et sa collectivité. « Le danger, c’est, comme à Toronto, de donner tout cela à un partenaire totalement privé, en roue libre. » On pense aussi à Waze (groupe Google), qui envoie des publicités en fonction de nos déplacements.
Comme le souligne le dernier chapitre de cet ouvrage, il existe en France une réflexion éthique assez avancée sur ces sujets. Ce que confirme Marc Farré : « Dans le cadre de notre groupement de smart cities, il y a une réflexion sur l’utilisation de ces données et la nécessaire prudence dans ce qu’on peut envisager de faire demain en respectant la vie privée. À la métropole de Dijon, notre première action aura été la création d’un comité éthique indépendant, présidé par un professeur de droit. » Le livre de Jacques Priol est un éclairage expert et nécessaire sur ce qui, sans aucun doute, sera un enjeu très important dans les politiques publiques à venir.
Ne laissez pas Google gérer nos villes !
Jacques Priol
Éditions de l’Aube
Juin 2020
233 pages