Pages de com : « Une histoire des banlieues françaises » d’Erwan Ruty
Il y a ces livres qui disent ce que l’on sait déjà, implicitement. Qui résument de façon limpide ce que l’on pressent. On les lit avec une satisfaction devant l’évidence qu’il fallait bien que ce soit écrit comme cela. Erwan Ruty dit enfin la banlieue.
D’autres avaient pris ce chemin (Julie Sedel ou Béatrice Giblin) mais avec son Histoire des banlieues françaises, cet homme de presse alternative, connaisseur de l’âme des quartiers, nous en offre un condensé. Au fil des pages, on lit le manque de communication ou les dialogues avortés dans une approche sociologique et l’on comprend bien que la « banlieue française » reste un sujet de communication contrariée, pétri de clichés.
Sujet tabou, mais qui deviendra impérieux
Terrible constat que celui d’Erwan Ruty. Il énumère les rendez-vous ratés, les territoires et les populations sacrifiés, la ghettoïsation. On pourrait en parler longtemps, mais nous le savons tous, ce sujet ne passionne pas. Quelle erreur fondamentale ! Cette société fractionnée, atomisée, disloquée en strates, en archipels, impose peu à peu son tempo. Comment lire le dernier chapitre de cet essai ? Comme un constat d’échec ? Comme un avertissement, un appel ? On dit aujourd’hui dans les couloirs de la République qu’il est déjà trop tard. Sans doute pas pour Erwan Ruty, qui, dès les premières lignes de son ouvrage, montre un attachement qui le place dans le camp de ceux qui construisent et construiront une relation nouvelle. Si la banlieue est un laboratoire de la société de demain, alors plus le temps passe (la situation se délitant) et plus cette société sera différente de ce que nous connaissons. Il va falloir s’y préparer. Mais cela n’intéresse personne, n’est-ce pas ?
Une histoire des banlieues françaises
Erwan Ruty
Éditions François Bourin / Collection Docs et Essais /
Février 2020
14 x 20,5 cm – 424 pages
979-10-252-0474-0
22 €